La France doit se prononcer, vendredi, sur la prochaine PAC, la Politique agricole commune.
Et des éleveurs m’alertent, autant de la Confédération paysanne que de la Fédération nationale bovine : la France veut couper drastiquement l’enveloppe des aides couplées au cheptel bovin viande. Des aides qui ont représenté pas moins de… 100% du revenu des agriculteurs en 2020. Avec, pour conséquence évidente, la quasi-condamnation, la presque disparition, des 80 000 éleveurs du secteur en France, qui déjà, en moyenne, ne perçoivent qu’à peine 700 euros par mois.
Un cap pour les éleveurs
« Qu’attend-on de nous ?, demandait déjà Bruno Dufayet, le président de la FNB, devant les députés. Vous voulez la compétition, le modèle néo-zélandais ? On le fera. Une agriculture familiale de proximité, qui intègre le bien-être animal ? On le fera. Vous voulez tout à la fois ? C’est aux Français et à vous, les politiques, de fixer un cap. »
L’élevage que l’on veut, Emilie Jeannin, éleveuse en Franche-Comté, semblait ainsi la décrire : « Les éleveurs, on est pas mal à veiller sur nos animaux, je crois, sur leur santé, sur leur alimentation, sur leurs besoins naturels… On fait bien attention durant cinq ans, et sur les dernières heures, nos bêtes vont se tenir debout ?, être manipulées brusquement ?, transportées sur des centaines de kilomètres ?, mélangées à d’autres troupeaux ?, avec le stress ?, Et nous, on ne peut pas les accompagner. Ca rime à quoi ?
Quand j’ai vu la solution mobile en Suède, quand je suis rentrée de là-bas, j’ai dit : ‘En fait, si on ne peut pas le faire en France, j’arrête d’être éleveuse.’ Parce que je ne supporte plus de les emmener dans des abattoirs très loin où, en plus, je ne peux pas voir ce qui s’y passe… »
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Les éleveurs dans le grand déménagement du monde
Voilà le progrès que l’on souhaite, pour les bêtes, pour leur bien-être, pour la planète. Voilà le modèle que réclamaient les 150 Citoyens de la Convention Climat : favoriser l’élevage herbager et durable, dont celui des bovins de race à viande est un exemple. Plutôt que les importations du bout du monde, du Canada, du Mexique, du Brésil.
Alors, monsieur le ministre : la France compte-t-elle condamner ces éleveurs ? S’éloigner d’un modèle d’élevage durable en persistant dans son orientation pour la prochaine PAC ?