“Je n’obéirai plus”

Nous n’allons plus attendre. Nous n’allons plus attendre votre permission pour vivre, pour rire, pour danser, pour chanter, même masqués. Je n'obéirai plus. Depuis lundi, vous proclamez : "Dedans avec les miens, dehors en citoyens !" Comptez sur nous. Ce printemps, nous serons dehors en citoyens !
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“On ne sait pas de quel côté va retomber la pièce.” C’est un conseiller de l’Elysée qui s’exprimait ainsi jeudi dans Le Parisien. Qu’allait choisir le chef de l’Etat ? Un confinement dur, un confinement doux ? Jusqu’à la dernière minute, nous dit-on, jusqu’à la dernière seconde, le Président a hésité.

“Quel serait cette fois, je cite toujours, le pari d’Emmanuel Macron ? Pour l’instant, c’est du 50-50, confiait son entourage.” Et donc, cette phrase : “On ne sait pas de quel côté va retomber la pièce.” Mais la pièce, c’est nous, c’est la France. C’est 67 millions de citoyens, de citoyens libres, avec liberté même comme premier mot de notre devise.

Nos vies à pile ou face

Va-t-on rejouer au foot ou pas ? Pile ou face. Ça dépend de la pièce, de l’humeur du Président, de son sentiment. Est-ce que le fleuriste vendra ses fleurs ? Pile ou face. Les cours à l’université, dans les lycées ? Pile ou face. Boire une bière en terrasse ? Pile ou face. Depuis plus d’une année nous sommes entre les mains du souverain, suspendus à ses lèvres, sans prise sur notre destin, ni ici dans cette Assemblée, ni ailleurs. Et l’expression qui revient que j’entends chez les gens, c’est “on attend de voir à quelle sauce on va être mangé”.

Et finalement, après un confinement un déconfinement un reconfinement un redéconfinement un couvre-feu à 19h, un couvre-feu à 18h, nous voilà avec un confinement territorial partiellement déconfiné et un couvre-feu à 19h avec attestation de sortie. Mais finalement sans. Mais finalement si. C’est du colmatage, du rafistolage, sans aucune stratégie, sans aucun calendrier.

Vous ne rouvrez pas les bars et les restaurants, vous ne rouvrez pas les musées, les cinés, vous ne rouvrez pas les gymnases et les salles de sport, mais surtout, surtout, vous ne rouvrez pas l’espoir. Vous ne rouvrez pas l’horizon.

“C’est le moment de se planquer derrière les blouses blanches”

Ce matin, Ali m’a dit : “On a l’impression qu’il tâtonne avec une canne blanche. Il faudrait leur acheter un chien d’aveugle.” Dans Le Parisien, toujours, un conseiller gouvernemental, nous dit-on, décrypte. “Il fallait donner des gages aux soignants exténués.”

Évidemment, c’est le moment de visiter un hôpital. C’est le moment de se planquer derrière les blouses blanches. Le couvre-feu, c’est pour eux que vous le faites. Si on leur nom, le rerererereconfinement. Soudain, il faut les écouter. Soudain, il faut montrer les urgences débordées. Le reste du temps, en revanche, vous êtes sourdingues. Les oreilles bien bouchées.

Des lits ?

Des quoi ? Des lits ? Comment ça des lits ? le Premier ministre ose même et c’est à ça qu’on le reconnaît, il ose même un : “Les soignants ne demandent pas d’augmenter le nombre de lits à l’hôpital.” Eh bien, si, ils le demandent et même ils s’étonnent, je les cite : “Nous sommes le seul pays au monde à fermer des lits en pleine pandémie.” Allons, allons, leur réplique-t-on, à quoi serviraient des lits sans soignants ? Sans personnel ?

Mais justement !, ils vous hurlent les réanimateurs, on en réclame. “On réclamait 60 internes de plus dans notre spécialité, 60 pour tout le pays. C’est pas énorme. On les aurait orientés en septembre. Aujourd’hui, ils seraient à nos côtés dans les services. On serait moins asphyxiés.” Mais combien en avez-vous accordé ? Combien ? Vous le savez. Zéro.

Le zéro vaccin

Et sur les vaccins, c’est pire, presque. Combien de doses seront produites en France en mars ? Zéro. Combien en avril ? Zéro. Combien en mai ? Zéro. Combien de tout le printemps, de tout l’été ? Zéro. Zéro souveraineté. Nous devons attendre les doses, les doses qui ne viennent pas, que Pfizer ou Moderna veulent bien nous livrer et sans même réclamer pour les Français la levée des brevets à l’OMC.

Alors, comme la digue ne tient plus, comme la digue devient une passoire, que faire ? Fermer le robinet, le robinet des libertés. Voilà votre variable d’ajustement et toujours, toujours au nom des soignants. Mais ça ne prend plus.

“Soigner les malades, pas juger les vivants”

Laura, médecin en service Covid nous écrit : “Je ne veux plus servir de caution, ne nous habituons pas à vivre comme ça. Notre rôle est de soigner les malades, pas de juger les vivants. Notre rôle est de sauver des vies, pas de dicter la vie.”

Florian, urgentiste lui aussi : “Nous ne voulons pas que les plages soient interdites. Nous voulons des soignants. Nous ne voulons pas d’une dictature sanitaire. Nous voulons retrouver une protection sociale démocratique.”

Fady, réanimateur : “Le corps social n’a jamais demandé de telles privations de liberté. Le gouvernement utilise la saturation des hôpitaux pour justifier des mesures liberticides et infondées.”

“Au nom des soignants, je n’obéirai plus”

Comme Laura, comme Florian, comme Fady, comme ces soignants, votre discours, je ne l’accepte plus. Comme des millions de Français qui se faufilent dans les rues, qui se retrouvent en cachette, je n’obéirai plus. Je ne reconnais plus votre autorité.

Au nom de la vie vous devenez mortifère. Vous portez la tristesse et la dépression. Nous n’allons plus attendre. Nous n’allons plus attendre votre permission. Nous n’allons plus attendre pour vivre et pour rire, pour danser, pour chanter. Même masqués, oui, masqués.

En un alexandrin avec césure à l’hémicycle, vous psalmodiez depuis lundi : “Dedans avec les miens, dehors en citoyen.” Comptez sur nous. On vous le promet, ce printemps nous serons dehors en citoyens.

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