« Rififi à la FI » : mes combats sont ailleurs

Ma bataille, notre bataille à gauche, ça doit rester pour les Français, leurs salaires, leurs enfants. Pour leurs retraites, surtout, maintenant, avec une contre-réforme qui réclame un front syndical et une gauche unie. Voilà où je mets mon énergie.
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C’était attendu. Ce lundi matin, en pleine réunion d’équipe, le téléphone de Mélanie, ma collab chargée de la presse (et de ma vie : elle gère mon agenda aussi, ça lui vaudra des points de « pénibilité » pour sa retraite…), sonne sans interruption : France Inter, Huffington Post, Le Figaro, La Croix, etc. « Ils t’appellent sur la France insoumise, bien sûr. Du magazine américain Jacobins à France 3 Picardie…» Mon opinion qui résonne d’Eaucourt-sur-Somme à New-York ! « No, i’m not in the coordination of the spaces but in the political council ! Yes, with Manuel Bompard but without Clémentine Autain. Of course, I disagree ! »

Ca me faisait marrer.
J’avais tout dit, hier, déjà, interrogé sur LCI, avec assez d’humour pour qu’on passe à autre chose : « Je m’attendais à être seul sur le banc de touche, mais voilà qu’il est bien rempli : Alexis Corbière, Clémentine Autain, Eric Coquerel ! » La presse n’avait retenu que ça, malgré mes trucs pas trop cons sur le marché de l’électricité.

Les affaires internes aux partis, pardon : aux « mouvements », ça ne me passionne pas trop. Mais pour décharger Mélanie, pour lui épargner le harcèlement, je vous livre ma réaction :

« Pour moi, vraiment, peu importe, peu importe si l’entre-soi est préféré à l’ouverture, peu importe si j’ai une réunion en moins à l’agenda : je n’ai pas pour ambition d’accéder à tel ou tel comité. Mais je m’interroge : à quoi va ressembler notre « 6e République » ? Surtout : comment reconquérir la France des bourgs, des Gilets jaunes, des ronds-points, alors que tous les membres de la direction sont élus d’Île-de-France ou des grandes métropoles ? J’aurais aimé davantage de diversité.

Mais je n’en fais pas une affaire, loin de là. Aucun dépit, nulle amertume. Affaire close.

Mes combats sont ailleurs. J’étais jeudi dernier à l’usine Eurostamp, qui a vu ses factures d’électricité multipliées par dix, vendredi avec les pompiers et les gendarmes à Flixecourt, samedi matin avec un livreur du Courrier qui se fait virer en fin d’année, ce lundi avec les employés du textile, demain avec les ouvriers de Carelide… Voilà pour qui on se bat. Ma bataille, notre bataille à gauche, avec les insoumis, les écolos, les communistes, les socialistes, ça doit rester pour les Français, pour leurs salaires, pour leurs enfants. Pour qu’ils puissent vivre de leur travail, payer leurs factures. Pour leurs retraites, surtout, maintenant, avec une contre-réforme qui arrive, qui réclame un front syndical et une gauche unie pour défendre les caristes, les auxiliaires de vie, les ouvriers. Voilà où je mets mon énergie : pour le pays. »

***

Puisque vous êtes venus ici attirés par le miel des ragots, vous ne repartirez pas sans une dose de costaude, de vraie politique.

« Avant, chez Zara, chaque employée avait son métier. Maintenant, c’est ‘polyvalence’ : il faut courir de la caisse aux cabines d’essayage, faire du merch’, du merchandising, entre les ‘zones froides’ et les ‘zones chaudes’, de l’approvisionnement, les livraisons… Les nouvelles technologies devaient aider à améliorer l’emploi : elles suppriment des emplois, et elles intensifisent les emplois qui restent. »

Ce témoignage, d’Elodier Ferrier, recueilli cette après-midi à l’Assemblée, illustre cette incroyable statistique : en 1984, 13,2% des employés des commerces et services subissaient trois contraintes physiques (porter des charges, se baisser, etc.). C’est désormais 46,9%. Un bond de 33 points ! Dans une France de la start-up nation où, supposément, le travail serait allégé par le numérique, la robotique, etc. Et il en est de même, en pire, pour les ouvriers : +42 points (de 21,2% à 63,4%). Et en général pour les salariés : de 12% à 34%. C’est une donnée essentielle, évidemment, pour le débat sur les retraites : si le travail n’était que luxe, calme et volupté, on pourrait s’y adonner jusqu’à l’Ehpad. Mais non : il s’est alourdi, endurci…

Je pourrais continuer avec la relocalisation, pour l’instant bidon : 97% des vêtements sont fabriqués hors de France ! On ne serait même pas en string ! La moitié des usines de masques qui ont fermé, les autres presque à l’arrêt !

Mais tout cela, à coup sûr, comme au temps de Versailles, intéresse bien moins que la cour des « grands » : Mélenchon, Autain, Ruffin, etc. Je ne veux pas me laisser prendre à ce miroir : que jamais l’on n’oublie pourquoi, pour qui nous sommes ici.

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