Thierry Breton, Bruno Le Maire, Dominique de Villepin, Elisabeth Borne, Alexis Kohler, Emmanuel Macron… Qu’ont en commun tous ces noms ? Ils ont organisé, ensemble, par leur incompétence, ou par leur malveillance, le pillage des autoroutes de France.
Ils ont transformé les automobilistes en vaches à lait de la Sanef, de Eiffage, de Vinci. Ils ont fait perdre à l’Etat, à l’Etat français, 15 milliards d’euros. 15 milliards.
Qu’on imagine le salarié, la cadre, la caissière, qui fait perdre à sa boîte €, 1 € ou 100€ euros, ou parfois même juste un bifteck, même un stylo à papier, cet employé-là est convoqué devant sa direction, a droit à un conseil de discipline, risque le licenciement pour faute.
Breton, Le Maire, Villepin, Borne, Kohler, Macron quand furent-ils sanctionnés pour ce pillage géant ? Jamais. Quand furent-ils poussés devant une arène, un tribunal pour se justifier, s’expliquer ? Jamais. Quand a-t-on prélevé sur leur compte en banque des millions pour réparer leurs fautes ? Jamais.
Au contraire, au contraire, le plus formidable, le plus extraordinaire, c’est que depuis, ils ont obtenu une promotion. Les uns sont devenus ministres ou commissaires européens, ou secrétaire général de l’Elysée ou carrément Président. Ils ont dilapidé l’argent public. Ils y ont mal veillé. Et pourtant. Et pourtant, on leur a laissé le carnet de chèques.
Les autoroutes privatisées par la droite
Il faut revenir rapidement sur l’histoire de ce désastre. C’est de Bercy, du ministère de l’Economie qu’est partie cette idée sublime, comme ironise Jean-Pierre Raffarin : privatiser les autoroutes.
Mais des hommes, des hommes politiques d’alors ont résisté d’abord, et je veux les citer, sans sectarisme, pour éviter le tous pourris. Gilles de Robien, ancien maire d’Amiens à l’époque ministre des Transports, raconte :
« Chaque ministre des Finances me reçoit avec à ses côtés, toujours le même conseiller partisan de la privatisation des autoroutes. On m’explique qu’il faut vendre les autoroutes parce que ça fera baisser la dette de l’Etat. Mais j’avais fait réaliser une étude. Elle concluait que les autoroutes étaient une manne financière pour l’Etat. C’est comme ça que j’ai pu résister à Bercy. Le premier ministre Jean-Pierre Raffarin a tranché en ma faveur. »
Mais Raffarin parti de Matignon, Bercy vient prendre sa revanche. Et les autoroutes sont soldées en 2006 à Vinci et compagnie pour 10 milliards d’euros, sous le prix . 10 milliards d’euros au moins. Et les dividendes pleuvent sur les actionnaires.
C’est la première gabegie venue de la droite, dénoncée par des rapports. Contrairement à votre déni, monsieur le Ministre, des rapports de la Cour des comptes, des rapports du Sénat, des rapports de l’Assemblée sur, je cite, « la rentabilité exceptionnelle des autoroutes assimilables, je cite toujours à une rente. »
La surcouche de la gauche et de Macron
Que va faire la gauche alors à son retour au ministère ? Eh bien, elle va y ajouter une deuxième couche.
Et Elisabeth Borne, qui a travaillé chez Eiffage, qui fut directrice des concessions de Eiffage, qui a conservé des amitiés chez Eiffage et Elisabeth Borne, va être chargée de renégocier avec la société d’autoroutes, dont Eiffage. On imagine que le dialogue ne fut pas trop tendu.
En compagnie d’Alexis Kohler, ils proposent un protocole d’accord qui va se révéler à nouveau un désastre pour l’État. Je veux ici, une fois encore, ne pas jeter tous les dirigeants dans le même sac.
Alain Vidalies, alors ministre des Transports, refuse de signer. Emmanuel Macron, lui, signe cet accord. Il en est tellement fier qu’il va tout faire durant quatre ans pour le maintenir secret. Et il faudra une bataille judiciaire, un avis du Conseil d’Etat pour que le contenu soit révélé.
Que prévoit ce protocole d’accord ? Un allongement de la durée des concessions de dix ans, des tarifs de péages en hausse et même, pour l’Etat, une interdiction de relever les taxes sur ces entreprises. Soit un cadeau estimé cette fois à 5 milliards d’euros. Dix plus cinq égalent quinze.
Un formidable gavage des riches
Le bilan, c’est un gavage gigantesque, formidable des sociétés autoroutières, de leurs actionnaires. Le bilan, ce sont des milliards, des dizaines de milliards qui manquent pour une transition des transports, pour le fret ferroviaire, pour les lignes du quotidien. Le bilan, ce sont des péages qui, pour tout un chacun, pour le français moyen, augmentent plus vite que l’inflation.
Deux pourcents prévus au mois de février. Et Monsieur le Ministre, allez-vous valider ou non cette hausse prévue ? Alors, que peut on faire ? Rien, rien. On nous répond avec ce contrat l’État se lie les mains. Et d’ailleurs, vous me dites que vous refusez la nationalisation des sociétés d’autoroutes.
Mais Monsieur le Ministre, vous n’avez proposé aucune solution et je le vois trop derrière vos airs navrés, « on ne peut rien faire » derrière vos faux regrets, je la perçois trop encore votre complicité. On ne peut rien faire. Si, si, nous pouvons encore. Nous pouvons toujours. Nous pouvons rompre ce contrat, nous pouvons le négocier, mais vous ne voulez pas.
Et même pire depuis que vous êtes au pouvoir, ce scandale des autoroutes n’a pas servi de leçon. Vous avez poursuivi la grande braderie, vous avez livré aux financiers nos trésors nationaux, la Française des Jeux, les aéroports, Engie, et même vous permettez désormais que des routes nationales soient privatisées. Vous en ouvrez la possibilité. Une à une vous offrez à vos amis les poule aux œufs d’or.
En vous finançant, les riches, les actionnaires n’ont pas fait un don, ils ont fait un investissement et j’espère que les Françaises et les Français ne confieront plus le pouvoir à des hommes qui font le choix de l’argent plutôt que des gens.