Vous mettez en sommeil la démocratie !

Vous choisissez aujourd'hui de faire un chèque en blanc au Président sur les deux choses essentielles aux Français : la santé et la liberté. Pépères, tranquilles, désinvoltes, vous mettez la démocratie en sommeil, l'Etat de droit entre parenthèse.

Vous choisissez aujourd’hui de faire un chèque en blanc au Président, vous mettez en sommeil la démocratie. Vous lui remettez les pleins pouvoirs sur les deux choses essentielles aux Français : sur la santé et sur les libertés. Et en plus vous faites ça tranquille, pépères, manière un peu désinvolte un samedi après-midi en regardant les tablettes. Comme une formalité sans vote solennelle.

Sans le Premier ministre, sans le ministre de la Justice, sans le ministre du Travail, sans le ministre de la Santé. Avec un rapporteur, avec une ministère déléguée chargée de l’Autonomie mais qui on dirait ne cherchent même pas à convaincre. Qui ne répondent pas sur la mise entre parenthèse de l’État de droit.

Car on est bien là-dessus : on est sur la mise entre parenthèse de l’État de droit. On n’est pas là ce soir sur le fond des mesures. On n’est pas sur le couvre-feu, on n’est pas sur le confinement, on n’est pas sur la fermeture des bars, on n’est pas sur la fermeture des restaurants, ça n’est pas ça qui est discuté. C’est est-ce qu’on doit continuer à mettre entre parenthèse notre État de droit.

On vous alerte ici, à gauche, chez les Communistes, les Socialistes, les Insoumis. On vous alerte en face, à droite, avec les Républicains. Les Indépendants de l’UDI vous alertent. Liberté et Territoires vous alertent. On vous alerte dehors quand le Président de la Commission nationale des droits de l’Homme vous dit : « En temps de paix la République n’a jamais connue une telle restriction des libertés. » Quand le président du Conseil scientifique lui-même et cinq de ses collègues réclament une accroche moins verticale, moins technocratique, plus ouverte, plus inclusive.

En signant ce chèque, ce chèque en blanc, vous ne rendez pas service au gouvernement. Vous ne rendez pas service au président de la République qui, quelque part, se trouve encouragé à poursuivre dans la solitude du pouvoir, dans la surdité, dans le non-dialogue avec l’Assemblée et plus largement dans le non-dialogue avec la société.

Qu’est-ce qu’il risque de se produire ? Vous avez géré la crise des gilets jaunes par des mesures policières. Vous gérez la crise du Covid par des mesures policières. Ce qu’il risque de se produire c’est une rupture, une cassure dans le pays. Et je le dis sur un thème comme celui de la santé je ne le souhaite pas. Je souhaiterais qu’il y ait une homogénéité du corps social grosso modo dans l’acceptation des mesures.

La manière dont vous mettez ça en œuvre, ça ne le rend pas possible. Ca n’est pas possible de décider seul de dévoiler puisque j’entendais ça à propos du Premier ministre qui doit dévoiler des mesures comme on fait un tomber un linge devant une statue d’un seul instant, brutalement, soudainement, des choses qu’on ignorait l’instant d’avant. Ca ne peut pas marcher dans la durée comme ça.

« Le mot non, disait Malraux, fermement opposé à la force possède une puissance mystérieuse qui provient du fond des siècles. Toutes les plus hautes figures spirituelles ont dit non à César. L’esclave dit toujours oui. » Ce soir, oui, je dis non. Nous disons non. Nous disons non au fait de mettre entre parenthèse dans la durée notre démocratie. La mettre en sommeil. D’autant que c’est nuisible à la santé elle-même.

Quand bien même, combien nous serions plus forts, plus intelligents, si vous procédiez à une émulation collective de la société.

Si vous vous appuyiez sur toutes les ressources qui peuvent exister, de chercheurs, d’auteurs, de politiques, d’universitaires, si vous mettiez la société en branle pour savoir quelles mesures il faut prendre, comment on fait pour rouvrir de nouveaux lits, comment on fait pour produire des masques, comment on fait pour avoir des infirmières, ces centaines de milliers d’infirmières qui au cours des dernières années ont abandonné l’hôpital, formées pendant trois ans, et l’abandonnant souvent au bout de six ans, des centaines de milliers d’infirmiers et d’infirmières qui auraient été disponibles si vous aviez lancé un appel pour venir dans les hôpitaux, pour être prêt cet automne.

Mais en fonctionnant seul là-haut, vous ratez ça. Vous ratez de vous appuyer sur toute l’énergie du pays.

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