Pour un nouveau contrat entre l’art et le peuple

Le festival d'Avignon se termine, nous y sommes passés, trop rapidement. Au-delà de "défendre le service public de la Culture", quelle offensive mener ? Esquisse d'un contrat renouvelé entre l'art et le peuple, pour une démocratie dans la culture.
La Distance, Tiago Rodrigues, 2025 © Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon.

« On ne fait pas de politique-histoire sans cette passion, c’est-à-dire sans cette connexion sentimentale entre intellectuels et peuple-nation. » Gramsci.

Le festival d’Avignon se termine. J’y suis passé, trop rapidement, sous la houlette de Sophie Taillé-Pollian, et nous avons multiplié les rencontres avec les acteurs du « spectacle vivant » : le directeur du festival Tiago Rodrigues, les responsables du « off », l’association pour le « jeune public », le syndicat national des arts vivants, celui des musiques actuelles, un théâtre pour sourds en langues des signes (et en difficultés), la maire d’Avignon Cécile Helle, la CGT-spectacle… Et nous avons quand même vu quelques pièces.

L’impératif qui revient, c’est : « Il faut défendre le service public de la Culture ».

Ce mot d’ordre, je voudrais l’interroger, pour non plus seulement défendre, mais passer à l’offensive, pour nouer un nouveau contrat entre l’art et le peuple. Mais qui suppose de poser franchement d’autres questions : À quoi sert ce service public ? À quoi veut-on qu’il serve ? Et quel public doit-il servir ?

Quelles attaques ?

D’abord dire quelles sont les attaques aujourd’hui subies par la Culture, bien réelles, de deux ordres, mais qui en vérité se recoupent :

1/ Les attaques idéologiques, notamment par des groupuscules d’extrême droite, qui menacent, de mort souvent, les artistes ou les élus, voire les curés. Quand un spectacle se déroule dans une église, même désacralisée. Quand l’œuvre a trait à la religion, ou au genre, à la sexualité… ou à la royauté. Ainsi, à Nantes, demeure l’une des dernières statues non-déboulonnées de Louis XVI : un artiste colombien, par un jeu de miroirs, l’a fait disparaître. Voilà qui a suffi à lui valoir des injures, des menaces.

2/ Les attaques budgétaires : ce sont, très directement, les crédits amputés du ministère, -100 millions. Ce sont surtout les milliards qui sont ôtés aux collectivités : ce sont elles qui financent aux deux tiers la Culture. Ce sont elles qui, derrière, serrent le robinet. Jusqu’à -72% dans les Pays-de-la-Loire (qui taille à peu près autant dans le sport).  Avec quelles conséquences ? C’est la diffusion qui trinque : les « lieux » consacrent le gros de leurs crédits à payer leurs salariés, leur chauffage, etc., et c’est la part consacrée aux spectacles qui se réduit. Une « création » ne tourne plus, ne fait presque plus de dates, est beaucoup moins montrée qu’auparavant… et est demandée aux artistes de se relancer dans une nouvelle « création ».

« Les deux attaques se recoupent », j’écrivais : c’est la présidente des Pays-de-la-Loire, Christelle Morançais, qui l’illustre le mieux. Ses coupes dans la Culture, elle ne les fait pas en catimini, avec honte : au contraire, c’est pour elle une fierté, un symbole politique, un scalp qu’elle arrache. Et cela doit nous alerter : son pari, c’est que taper dans ces crédits la rendra populaire, tant la Culture serait perçue comme « élitiste ». Elle n’est pas d’extrême droite, pas officiellement en tout cas, c’est une proche à la fois d’Edouard Philippe et de Bruno Retailleau, au pays de Philippe de Villiers. Dont le Puy-du-Fou est lui financé par la Région, et qui propose de fait une autre culture : avec un récit national (et contre-révolutionnaire) et un véritable succès populaire.

Sortir des « moyens » pour les « fins »

Face à cette offensive, donc : « Il faut défendre le service public de la Culture ».

Mais « défendre », c’est déjà reculer, c’est garder une citadelle qui sera un jour prise. Ce sont des professionnels de la Culture qui parlent de leurs soucis, de crédits, d’intermittence, de théâtre public et privé, mais cette plongée dans la mécanique, dans le moteur, fait oublier le chemin. Les « moyens » sont évoqués, mais disparaissent alors les « fins » poursuivies : quel rôle à jouer dans la société ? Voilà qui n’est plus interrogé, à peine évoqué. Là où la Culture doit construire du commun, du lien, ce langage la coupe, au contraire, des gens ordinaires, en fait un îlot isolé. Alors, il faut, à l’inverse, au moins dans le projet, nous-mêmes passer à l’offensive, mais qui suppose, c’est ma conviction, un nouveau contrat entre les artistes et le peuple. Entre la Culture et le pays.

Il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain, et d’ailleurs, même pas de jeter l’eau du bain.

Quand Thiago Rodrigues, portugais, nous déclare que « en France, c’est la meilleure expérience du genre en matière de culture », qu’ « il n’y a pas un autre pays au monde avec un meilleur système », nous en éprouvons de la fierté, et même de l’émotion. Oui, le lien entre la culture et notre Nation est puissant, exigeant. Et c’est pour cette raison, justement, que ce lien ne doit pas seulement être maintenu, conservé passivement, mais renforcé activement. Ou alors, il se défera. Il se défait.

Malraux, Lang… le troisième étage de la fusée

Pour résumer très vite.

Malraux, sous et avec De Gaulle, a porté une idée forte, notamment avec ses Maisons : « la démocratisation de la Culture », que les œuvres de l’Humanité, et des Français en particulier, soient mises à la disposition de tout le pays, pas que de Paris, des diplômés comme des ouvriers. Avec, bien sûr, des limites, la verticalité, l’éducation populaire maltraitée, mais un échec fécond.

Lang, sous et avec Mitterrand, a porté une autre idée, complémentaire, un deuxième étage de la fusée : « la démocratisation des pratiques culturelles ». Avec, bien sûr, des limites, mais un échec là encore fécond : la Fête de la Musique, le prix unique du livre, jusqu’à défendre et porter devant l’OMC une « exception culturelle ».

À coup sûr, une part de l’identité française se trouve là. Et il ne s’agit pas de détruire, mais de retrouver cet élan, d’ajouter un troisième étage. Que nous appelons « la démocratie dans la culture ».

Car depuis ce temps, notre sentiment, c’est que le monde de la Culture tourne à vide, sans cap qui lui soit fixé. C’est de la responsabilité, d’abord, des politiques, des gouvernements, qui l’ont gérée comme un acquis, sans ambition, sans la mettre au cœur d’un projet. Elle a fait, grosso modo, l’objet d’un consensus, dont seuls les budgets étaient ébréchés. Avec des débats, des conflits, sur les moyens, mais assez peu sur les fins – qui n’étaient pas clairement définies.

Pendant ce temps, tandis qu’en haut on s’accordait, le peuple se détachait de cette culture. Pas seulement par ses fréquentations : certes, il lui préfère une culture de marché (les émissions télévisées, les tournées des chanteurs dans les Zénith, les séries sur Netflix, etc.), mais les théâtres, les concerts, demeurent pleins. Et il n’est pas nouveau, non plus, que la culture populaire se distingue de la culture officielle. Plus neuf, en revanche : cette culture officielle, même sans la fréquenter assidûment, n’était plus porteuse d’une idée, d’une fierté. Quand elle n’est pas dénoncée, quand les artistes n’apparaissent pas comme des privilégiés.

Relier la Culture au peuple, au pays, essayer, s’y efforcer, est un impératif. À la fois pour la Culture : la relation entre un individu-artiste et un peuple-Nation porte une tension, une contradiction nourricière. Mais aussi pour le pays, qui réclame d’être « animé », qu’on réveille les âmes.

Les « services » de la Culture 

Quelle nécessité aurait la Culture aujourd’hui dans la société ? À quoi bon une nouvelle avancée, l’ancrer encore plus en profondeur dans le pays ?

1/ Nous traversons un temps de dépression. De dépression privée, avec des taux records d’anxiété, de maladie mentale, dans la jeunesse mais pas seulement. Un malaise, un mal-être s’est installé. Qui est bien sûr lié à une dépression publique : la grande angoisse climatique qui pèse sur l’avenir comme un soleil noir, mais aussi le déclin de la France, un sentiment d’impuissance, jusqu’aux affres budgétaires. Durant sa Grande Dépression, que dit Roosevelt ? « Un pays ne se relève pas seulement par des grands travaux, mais aussi par son âme. » Et que fit-il ? Il envoya musiciens, peintres, auteurs, comédiens, à travers les Etats-Unis, pour offrir des moments de joie, la joie du beau, la joie du vrai, mais aussi de fierté : nous, Américains, produisons de grandes œuvres. Et même son programme de parcs naturels participait, à la fois, de la beauté et de la fierté. Eh bien, notre pays aussi, il faut le relever par son âme, avec les artistes, musiciens, peintres, auteurs, comédiens.

2/ Les liens plutôt que les biens : c’est un mot d’ordre de la société écologique que nous devons bâtir. Les liens, de l’enfance à la vieillesse, avec l’assistante maternelle, la puéricultrice, l’animatrice, l’éducatrice, l’auxiliaire de vie, les soignantes, les enseignantes, des métiers (le plus souvent féminins) que nous plaçons avec Debout! au cœur du projet. Et la culture, bien sûr, avec des hommes et des femmes qui se retrouvent autour d’une œuvre, pour la découvrir ensemble, mais aussi (j’y reviendrai) pour y participer ensemble, nourrit ces liens. Surtout, la culture doit amener une autre culture : du sensible, de l’esthétique, des mots, afin de développer l’empathie, le respect d’autrui…

3/ La barbarie porte aujourd’hui le visage de Musk, Zuckerberg et compagnie, « les nouveaux prédateurs » chers à De Empoli, une néo-bourgeoisie qui rompt avec sa tradition : c’en est fini de la littérature même comme vernis, l’argent et les écrans ont tous les droits. Javier Milei et ses collègues rêvent – et ils le disent – d’en revenir à avant la Révolution française, avant les Lumières, avant même la Renaissance, au Moyen-Âge. Dès lors, ne pas laisser les esprits aux seigneurs du numérique, à la mono-forme de Netflix, au tout marché mondialisé, c’est une bataille à mener. Et même, dans ce temps d’effacement, jouer Sophocle et Corneille, Eschyle et Racine, que ce flambeau ne s’éteigne pas, qu’il soit transmis, relève d’un acte de résistance (il est vrai sans danger).

4/ Quel est notre principal adversaire, qui pèse comme une chape de plomb sur les consciences ? La Finance, bien sûr. Mais au-delà, l’indifférence, la résignation, le découragement, l’abattement. Une fatalité qui tient en une phrase : « C’est comme ça », tautologie, cercle vicieux, fermé, serpent du « ça » qui se mord la queue. Ce cercle se rouvre par du : « hier, ce n’était pas comme », « ailleurs, ce n’est pas comme ça », ou tel auteur, tel créateur, ne pense pas comme ça. L’imaginaire se rouvre par l’histoire et par des histoires. Voilà, dans notre époque, un rôle de l’art.

5/ Et même, pour le statut du pays, pour notre diplomatie, ce qui importe au patriote que je suis : la place de la France. La culture compte. De Sartre, en mai 68, De Gaulle disait : « On ne met pas Voltaire en prison », parce qu’il savait, au fond, que Sartre et Voltaire participent aussi de la grandeur de la nation, de son aura, qu’ils sont les compléments, dans l’ordre de la pensée, des dirigeants et des ambassadeurs officiels. Qu’émergent des chanteurs, des sculpteurs, des poètes, des dramaturges, reconnus chez nous d’abord, puis à l’international, contribue évidemment à un rayonnement.

Voilà des « services publics » que rend, que doit rendre, la Culture au pays et à ses habitants, pour le présent et pour l’avenir. 

« Faire avec »

L’expression est revenue dans toutes les conversations, à Avignon, chez les acteurs de la culture : metteurs en scène, syndicalistes, fédérations de théâtres, etc. : « faire avec ». « Faire avec les écoliers », « faire avec les habitants », « faire avec les personnes âgées », etc.

À la fois, oui, l’expression est revenue, mais toujours à la fin de l’échange, sur le fil, presque comme un appendice : « Et au fait, on fait aussi des interventions avec des personnes âgées dans les Ehpads, on prend en note leurs récits de vie, on les restitue devant leur famille… » C’est énoncé, mais comme un à côté, périphérique, marginalisé.

Et dans les échanges avec les Dracs, nous dit-on, c’est la petite case à la fin des questionnaires sur les « AEC », les « Actions Éducatives et Culturelles ». La « Création » demeure l’alpha et l’oméga, parfois jusqu’à l’absurdité : 

Je serais favorable à renverser cette hiérarchie : que le « faire avec », que les actions soient placées en centralité, le lien avec le territoire, avec les gens, avec les écoles du coin, que là-dessus on y mette des moyens, que tout artiste payé sur deniers publics rende ce service au public, avec l’appui de médiateurs, d’intermédiaires, de metteurs en relation.

C’est déjà le cas, bien souvent. C’est une pratique courante, en effet.

Sauf que ce n’est pas porté comme une priorité. Ce n’est pas montré comme un impératif politique. Ce n’est pas revendiqué comme une orientation nationale. Or, le dire, en plus de le faire un peu, c’est le faire mieux, c’est le faire avec une conscience de l’enjeu, c’est le faire avec l’envie pas seulement d’être un colibri, de faire son possible dans son coin, à son échelle, mais de participer à une grande tâche nationale : que chaque bourg, chaque canton, chaque quartier ait son artiste, sa troupe, avec qui une relation se noue, avec qui une œuvre se crée.

Le peuple mécène

Quelle fierté ressentie quand un artiste s’installe parmi les gens, leur consacre du temps, crée avec eux ou à partir d’eux ! Durant les Gilets jaunes, par exemple, non seulement ils ont eux-mêmes pratiqué un art naïf (un Arc de Triomphe en palette, une Liberté guidant le peuple en palette…) mais quel honneur ils ont éprouvé quand un artiste, Swed Oner, a peint le portrait de Marcel. À travers cette figure, c’est eux tous qui se sont sentis respectés, magnifiés.

De manière plus organisée, plus institutionnelle, c’est le dispositif des « Nouveaux commanditaires » promus, depuis des décennies maintenant, par la Fondation de France. Le mécène, dans la tradition, c’est le roi, l’aristocrate, l’évêque, puis le bourgeois et maintenant l’État. Le principe, dès lors, c’est que des citoyens, à titre individuel ou collectif, deviennent les commanditaires (avec un médiateur). Des agriculteurs, des commerçants, des astrophysiciens, des infirmières, des demandeurs d’emplois… ont ainsi commandé un oratorio pour vivre avec nos morts en commun, aménager la place d’une ville, concevoir un monument de la Justice, instaurer une nouvelle forme de logement social…

Mais, s’interrogent Latarjet et Marguerin, « Jamais l’État ne s’est associé à la mise en œuvre de ce modèle original pour y donner sa pleine extension. Qu’attend-on pour transformer ce modèle exemplaire mais d’application marginale en un dispositif de politique culturelle revendiqué tant par les pouvoirs publics nationaux que décentralisés ? »

Cette relation renouvelée entre artiste et peuple apporterait, je crois, du bonheur, de la joie des deux côtés. Une fierté, un respect, une utilité, une solitude brisée.

Les enfants d’abord

Ce sont, bien sûr, les jeunes qui doivent être les premiers visés. D’abord parce que leur goût, leurs jugements se forment, et qu’ils doivent être nourris d’expériences, de pratiques. Ensuite, parce que c’est le meilleur moyen de mener à l’art, à une pièce, à un concert, les parents voire les grands-parents, comme spectateurs, comme accompagnants.

L’enseignement de la musique, du dessin, au collège notamment doit être renouvelé, avec une Éducation nationale qui ouvre plus grandes ses portes au vent du dehors, aux créateurs, avec des budgets également pour assister à des spectacles – quand aujourd’hui, parfois, des établissement n’ont pas l’argent pour payer le car qui mène au musée…

Le « périscolaire » (terme que je déteste, comme si ce temps où l’enfant joue, dessine, colle, était « périphérique »), ces heures doivent être investies par des artistes, en lien avec les animatrices (quel beau mot, là, en revanche : des réveilleuses d’âme).

Que, par ces contacts, même intermittents, se produisent des déclics.

Partir du bas, du terrain

Il faut une volonté qui indique une direction, qui ouvre un chemin. Pour autant, il ne s’agit pas d’arriver avec un grand plan, tout ficelé, qui serait plaqué à l’identique partout dans le pays, avec un État qui saurait tout et ferait tout. Les deux tiers du budget consacrés à la Culture proviennent des collectivités. Surtout, c’est d’en bas, des associations, des habitants, des entrepreneurs, des coopératives, des élus que viendront, que viennent déjà, les envies, c’est de là que les graines sont plantées. Le rôle du haut, en revanche, de l’État, c’est que ces semences soient arrosées, qu’elles germent, qu’elles s’épanouissent, qu’elles soient encouragées – et non comme aujourd’hui découragées. Que soit rappelée la priorité, « faire avec », mais avec une attention aux volontés d’en bas.

Je l’écris ici car, souvent, les acteurs locaux, les maires et leurs adjoints, les présidents d’asso, se sentent sinon méprisés, au moins mis de côté.

Démocratiser les lieux

Il fut un temps, pas si lointain, où la Maison de la Culture d’Amiens était une association, avant de devenir un établissement public.

Aussi, pour « la démocratie dans la culture », le biais le plus évident serait que des agoras se déroulent dans les institutions culturelles, que des élections y aient lieu, que soient bousculés les modes de gestion, etc. Pourquoi pas, à l’avenir. Cependant : alors que les Français ordinaires n’y mettent guère les pieds, nous doutons qu’ils et elles se sentent soudain légitimes, pas seulement à prendre leur place dans une salle mais à un Conseil d’administration. Ni même qu’ils y voient le moindre intérêt. Dès lors, les AG, sous couvert de populaire, risquent de se cantonner aux habitués de la parole publique. Il est des théâtres, m’a-t-on dit, où tout le personnel, la femme de ménage y compris, donne son avis sur les choix, les priorités de la saison. C’est une bonne piste : mais il faut déjà que l’entretien n’y soit pas sous-traité ! (Or, même à l’Opéra, même dans les institutions qui croulent sous les millions, l’entretien y est sous-traité, et ses agents de fait maltraités, mais je repars sur un autre dada).

Dans notre manifeste « Debout! », nous le posions : « Nous sommes démocrates, pour de bon. Le peuple, c’est comme l’arbitre au foot, c’est l’arbitre de la Nation : même quand il a tort, il a raison. Et quand il a tort, il faut en comprendre les raisons. C’est d’autant plus nécessaire quand « peuple de gauche » est quasiment devenu un oxymore. »

Nous ajoutions aussi : « Le peuple qui tranche, qui décide, ce n’est pas le consommateur avec son chariot. Ce n’est pas même le travailleur dans son atelier ou son bureau. C’est le citoyen, qui est au-dessus d’eux, qui s’élève pour mêler, dans ses réflexions, dans ses convictions, son intérêt particulier, son intérêt de classe, à l’intérêt général, à l’intérêt national.

Ce n’est pas un peuple statique, sondagier. C’est un peuple en dynamique, éclairé. Éclairé par la science, par la recherche, éclairé par de l’information, éclairé par les arguments et les contre-arguments, c’est un peuple qui débat. »

Il est évident que la Culture doit être un lieu pour ça. Cela suppose un lien renouvelé, réinventé, entre l’artiste et son peuple, qui ne soit pas un lien de sujétion, qui respecte la création, mais un lien puissant, vivifiant pour chacun. Qui parte, bien sûr, de l’existant, des milliers d’expériences déjà menées.

François Ruffin

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