Oudéa-Castéra : la France d’en haut déclare la « guerre scolaire »

La déclaration d’Amélie Oudéa-Castera est choquante. C'est un condensé, un condensé de pourquoi les Français jugent la politique répugnante.

Par sa communication. Les fils sont tellement gros : « je vais vous dire », « je ne vais pas esquiver votre question », « on va aller sur le champ du personnel, allons-y ». On voit la fiche bristol avec les trois tirets à ne pas oublier, le communicant en costard avec ses conseils creux, les répétitions devant la glace pour feindre la profondeur. Et, mécaniquement, le vide de la pensée, la médiocrité, en témoigne cette chute, digne des meilleurs sketchs de Franck Lepage : « Il est important de rappeler que l’Ecole est celle de la République, que la République travaille avec tout le monde dès lors qu’on est au rendez-vous de cette exigence et de ces valeurs. » Misère du vide.

Par sa légèreté. « Un paquet d’heures pas remplacées », « on en a eu marre ». Oui, la ministre a raison, les heures de cours non remplacées inquiètent, ulcèrent, fatiguent, démoralisent des millions de famille. Je suis bien placé pour le savoir. Mais justement ! Ce problème, puisqu’il est profond, doit être pris à bras le corps ! Et vous avez une ministre fraîchement nommée qui s’en indigne sur le registre du témoignage privé à côté de… son prédécesseur à l’Education nationale et ex-ministre des comptes publics, dans une « majorité » au pouvoir depuis au moins 6 ans. Se sont-ils battus pour le remplacement des profs ? Pour des embauches massives, autrement qu’en job dating ? Pour relever, vraiment, le budget de l’Education ? Pour que le doublement des classes en CP ne masque pas les suppressions de postes dans les collèges et lycées ? Non. La même équipe, la même, a fait sa communication de rentrée sur l’abaya et l’uniforme. Tartufferie.

Par sa déconnexion. « On habitait rue Stanislas. Les scolariser à Stanislas était un choix de proximité. » Ce n’est pas un choix de proximité mais de privilégiés. On ne parle pas d’aller à sa boulangerie de quartier mais d’un des principaux lieux de reproduction sociale de la bourgeoisie parisienne. Les Français ignorent probablement tout de cette école mais ont un flair de classe : quand il y a « Stanislas » dans le nom de sa rue et l’école de ses enfants, il y a de grandes chances pour qu’on émarge à feu l’ISF.

Par la révolte des élites qu’elle incarne. « On a fait un choix ». Un énième marqueur du « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Quatre ministres : Amélie Oudéa-Castera, Gabriel Attal, Pap Ndiaye, Jean-Michel Blanquer, chacun incarne, à sa manière, par sa trajectoire personnelle ou les choix scolaires pour leurs enfants, une petite caste, « de gauche comme de droite », qui a le pouvoir d’échapper à la condition commune de la majorité des Français. Pour venir, ensuite, leur donner des leçons.

Par son mépris. « Nous nous assurons que nos enfants sont bien formés, avec de l’exigence, qu’ils sont heureux, épanouis, qu’ils ont des amis, qu’ils se sentent en sécurité, en confiance. » Comment ne pas entendre le message derrière ? Tellement il transpire, il suinte, il dégouline : l’école publique, c’est de la merde. Elle ne garantit pas cette confiance. Et la solution, ce n’est pas de l’améliorer, mais de la fuir. Ses professeurs, ses personnels, ses élèves ne sont pas à notre niveau, pas dignes de nous. La violence de la claque mise par leur propre ministre. Pour les proviseurs, les CPE, les assistants d’éducation qui œuvrent, contre vents et marées, pour un climat scolaire apaisé. Pour les enseignants. Pour les élèves. Et pour leurs parents aussi.

Il ne s’agit pas, faux débat, ritournelle éculée, de « stigmatiser les familles » qui, comme mes parents d’ailleurs, ont opté quelques années pour le privé. Mais personnellement, politiquement, pour nos enfants, nous voulons l’excellence pour tous, partout, du 6e arrondissement de Paris à Flixecourt en passant par Grigny.

C’est une « guerre scolaire », jusqu’alors larvée, que mène la France d’en haut. Hier, ils l’ont déclarée.

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