C’est le programme caché de Macron

La retraite à 64 ans. 200 milliards par an d'aides publiques pour les firmes. Vous ne voyez pas le lien ? Vraiment ? Laissez-moi vous lire le "programme caché de Macron"...

Hier après-midi, Madame la Première ministre, Elisabeth Borne, est apparue derrière son pupitre et comme une juge elle a prononcé sa sentence. Ce sera deux ans. Deux ans ferme. Deux ans de plus. Deux ans de plus pour les auxiliaires de vie. Deux ans de plus pour les agents d’entretien. Deux ans de plus pour les caristes. Deux ans de plus pour toutes celles, pour tous ceux, à qui le président Macron promettait – je le cite – « Il faudra se rappeler que notre pays tout entier repose aujourd’hui sur ces femmes et ces hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. »

Mais qu’a-t-il fait pour elles, pour eux ?
Rien.
Qu’a-t-il fait pour le salaire des manutentionnaires ? Des ouvriers de l’agro-alimentaire ?
Rien.
Au contraire : c’est leur pouvoir de vivre, à eux d’abord, que l’inflation vient éroder.

Et maintenant, la double peine. Ce sera jusqu’à 64 ans. Alors que dans tous ces métiers, avant la soixantaine, on s’est déjà fait opérer des épaules ou des genoux, alors qu’on a déjà les poignets usés, le dos brisé. Et pour d’autres, pour les soignants, pour les enseignants, le cerveau épuisé. 64 ans.

Retraite à 64 ans et aides aux firmes

Je suis hors sujet, vous me dites ? On doit parler des aides aux entreprises, aujourd’hui ? Ca n’a aucun lien ? Aucun rapport ? Mais justement. Justement. C’est vous, c’est votre gouvernement, c’est le président qui faites le lien.

Qu’on lise ce que j’appelle « le programme caché de Macron », c’est-à-dire « le programme de stabilité », que vous avez adressé à la Commission européenne, en juillet dernier. Ce n’est pas un régal de littérature, mais bon, citons-le.

Dès les premières lignes, dès le deuxième paragraphe, vous promettez à Bruxelles – je cite – la « baisse des impôts de production dès 2023. » « Baisse des impôts de production, baisse des impôts de production », l’expression revient comme une obsession, à 15 reprises.

Page 56, vous vous faites plus explicite : « Afin de renforcer la compétitivité des entreprises, le Gouvernement continuera d’alléger la fiscalité des entreprises. Le Gouvernement proposera une suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) dès la loi de finances pour 2023. »

C’est fait.
C’est déjà voté.
Ou plutôt, cette mesure, une bagatelle à 8 milliards d’euros, nous ne l’avons pas votée : ça faisait partie du paquet des 49.3.

Mais comment, du coup, comment serait financée cette « baisse des impôts de production » ? Je cite, toujours : « cela repose principalement sur des réformes structurelles, la réforme des retraites notamment. » Voilà.

Voilà, c’est écrit noir sur blanc : on va prendre sur les retraites des gens, des soignants, des enseignants – pour donner aux entreprises.

Des vases communicants, qui n’ont rien de nouveaux. Qui s’inscrivent même dans une continuité. Le programme de stabilité, d’ailleurs, retrace les cadeaux précédent – je cite encore : « L’année 2021 a été marquée par la réduction des impôts de production (-9 Md€) et la nouvelle baisse du taux de l’impôt sur les sociétés (-3,7 Md€). »

Tout pour les firmes, rien pour les PME

Pour les « entreprises », donc. Mais quelles entreprises ? Parce que « entreprises », c’est comme quand on dit poisson : dedans, il y a les requins et il y a les sardines.

Alors, là, ces 13 milliards de cadeaux fiscaux ? A qui ont-ils profité ? Aux TPE ? Aux PME ? Très peu. Ca représentait, pour les boulangers, pour les bouchers, moins de 1% de leur valeur ajoutée, 940 € en moyenne. Mais 1,5% pour les plus grosses, et plus de 9 millions d’euros.

On arrose ainsi « les entreprises » avec des dizaines de milliards, des centaines de milliards. A tel point qu’un ancien cadre du Medef écrit ceci : « L’Etat est devenu un puissant dealer de subventions, un narcotique auquel les entreprises françaises aiment se shooter… »

C’est 30% du budget de l’Etat qui est consacré à ces aides publiques. Entre 6 et 8% du PIB. 3 fois le budget de l’Education. 20 fois celui de la Justice. Même hors Covid, hors guerre en Ukraine, ces subs explosent. Et l’Etat ne cible pas. L’Etat ne conditionne pas. Parmi ces entreprises, ce sont les « requins » qui ramassent la mise.

Ces chiffres, ces mesures, ces sigles, CICE, CIR, CII, CVAE, les Françaises et les Français ne les connaissent pas, la plupart. Mais l’injustice, ils la ressentent. L’indécence, ils l’éprouvent.

Comment ? Avant-hier, les firmes du Cac 40 ont délivré à leurs actionnaires 80 milliards d’euros… Les deux iront, non pas aux 10% des familles les plus riches, non pas aux 1%, mais aux 0,1%… Et c’est à elles, à ces firmes que l’Etat distribue près de 200 milliards d’euros… Et il faudrait que l’assistante maternelle, que le couvreur, que l’employé travaille deux années de plus ! Pour un déficit dix fois, cent fois inférieur !

Vous organisez le gavage des uns sur le rationnement des autres. C’est pour cette raison que j’appelle, que nous appelons les Français, comme disait Jaurès, à se réveiller contre les cupidités serviles.

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