Le blues des surblouses

Durant le confinement, j’ai relayé vos difficultés, interpellé les autorités. Et parfois, aussi, l’État ne répondant pas, on s’est organisés d’en bas. Comme pour les surblouses de l’hôpital d’Abbeville.

C’est Michel Kfoury, chef des urgences à l’hôpital d’Abbeville, qui m’a écrit un SMS : « Nous n’en avons plus que pour trois jours de sur-blouses… Je demande ton aide pour convaincre le proviseur du lycée d’ouvrir son atelier couture et pour trouver des couturières ». Contacté, ledit proviseur était convaincu d’avance. Et sur les réseaux, les volontaires pour la confection ont répondu à la pelle, autant à Abbeville qu’à Amiens. Voilà pour la débrouille. Mais il fallait trouver une solution durable. On s’est alors improvisés « responsable achat », recevant des devis d’un peu partout, de Toulouse à Belfort, de la Pologne au Maroc, pour la confection de sur‑blouses. Et on a trouvé le produit qu’il fallait, avec un bon rapport qualité/ prix, et des délais pas trop éloignés…

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Mais quelle tristesse ! Pauvre France ! On en est là ! Je veux dire : dans notre Picardie, haut lieu du textile, qui au Moyen-Âge a bâti sa fortune et ses cathédrales dessus, plus aucune usine pour fabriquer ces choses de base, des masques ou des sur-blouses. L’apogée du textile, pourtant, n’était pas si lointaine : les années 1970. Et d’un coup, la chute. La dégringolade, les fermetures en cascade. Les délocalisations à l’Est, en Tunisie, en Asie et ailleurs, encouragées par les accords de libre-échange, facilitées par la mondialisation. À cause du laisser‑faire des dirigeants, on en est là : à ne plus avoir d’industrie ici. Cette crise du Covid a renforcé chez moi une conviction : il nous faut une relocalisation, qui ne se fera pas toute seule. Mais avec des mesures de protection : quotas d’importations, taxe (carbone) aux frontières, etc.

Les exclues du masque

« On n’a pas de masques, pas de gel hydro-alcoolique, on n’a rien. Même les gants, on ne les obtient qu’au compte-gouttes. Alors qu’on va de maison en maison, chez des personnes âgées, fragiles… ». C’est Annie, une auxiliaire de vie sociale du Vimeu, qui m’a alerté la première, au début du confinement. Ont suivi les sages-femmes et les kinés, les pompes funèbres et les ambulanciers… Nous avons fait remonter, et protesté, auprès de la Préfecture : ces professions devaient être traitées comme des quasi‑soignants. Et non en cinquième roue du Covid.

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Des tests, des tests, des tests !

« À l’Ehpad de Crécy, me raconte sa directrice, dès février des cas de Covid se sont révélés, dont un décès. Mais seulement trois tests ont été pratiqués, tous les trois positifs. Aucun sur les soignants, malgré de très fortes suspicions. C’est seulement la semaine prochaine, deux mois plus tard, que je vais pouvoir tester le personnel. »

C’était notre grande bataille, durant le confinement : « Des tests, des tests, des tests ! », comme le réclamait l’OMS. Alors que le gouvernement attendait des semaines avant de lancer les laboratoires vétérinaires dans la bagarre…

Confinement : de l’humanité !

« Ce matin encore, relate une soignante à l’Ehpad de Domart-en-Ponthieu, Denis a parlé de se jeter par la fenêtre. Il veut aller faire du vélo, boire un coup au troquet du coin, comme il faisait avant. Là, il a l’impression d’être en prison. Nos personnes âgées sont aussi privées de leurs familles. Beaucoup ont développé des troubles, certains confondent le jour et la nuit, d’autres ne mangent plus ». Cette période a bien sûr engendré beaucoup de souffrance, chez les enfants également. Nous sommes régulièrement intervenus auprès des autorités, pour rendre le confinement plus humain, moins rigide. Notamment, sur les fermetures des parcs et des jardins : des décisions qui nous paraissaient absurdes.

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