Landry préférait les passes

"Ecoute, si tu peux planter des buts, tu n'hésites pas, tu les mets." Mais Landry préférait les passes. Joueur de foot quasi-pro, animateur au centre périscolaire Saint-Pierre à Amiens, il est parti brutalement, mercredi, à 34 ans. Il va nous manquer.

« Ecoute, Landry, si tu peux planter des buts, tu n’hésites pas, tu les mets… »

C’est le conseil, presque l’ordre, que je lui avais donné, ce printemps, à la mi-temps du match Picardie debout ! contre Eaucourt.

C’est que, sur le terrain, Landry se baladait, jouait huit divisions au-dessus de nous, mais n’en montrait rien, jamais une remarque, jamais un reproche à l’endroit de ses maladroits coéquipiers. Au contraire, il driblait à peine, un crochet, toujours le nez levé pour donner son ballon au plus vite, au plus juste. Jusque devant le but, il cherchait encore la passe dans la surface de réparation. Cette manière d’être, sur un terrain, en disait long sur lui, sur sa générosité. Mercredi, il est parti, brutalement, à 34 ans.

C’est Lynda, directrice du centre périscolaire Saint-Pierre qui me l’avait présenté. Elle l’avait recruté comme animateur, un footballeur, quasi-pro, passé par Guingamp, Valenciennes et puis l’Amiens SC. Le soir, du coup, durant des années, il s’est occupé de mon fils, basket foot hand, puis de ma fille, et je les récupérais avec un Landry entouré de marmots, des grappes de gosses à ses jambes. Ca nous donnait l’occasion de discussions, plus sur les clubs que sur les partis ! Dans la joie, toujours.

Et c’est dans la joie qu’il a lancé, avec ses copains de l’équipe 80, « la Coupe d’Afrique des Nations ». Deux étés d’affilé, au quartier Nord, avec des vrais arbitres, les hymnes, les maillots, les supporters, les joueurs qui se prenaient au sérieux. Un peu trop, parfois, avec des embrouilles à la clé. Il m’avait invité pour la finale, à la remise des coupes, en député officiel, avec haie d’honneur pour les vainqueurs, et un beau bordel assuré. C’était un joli projet, qui méritait d’être accompagné, soutenu. Qui le mériterait toujours, en son hommage pourquoi pas.

Il y a quinze jours, encore, on devait jouer ensemble contre le FC Amiens. On l’a attendu, en vain. Ca arrivait souvent, si on est francs, même quand on lui rappelait la veille, ou dans la journée, sa présence, son absence, c’était de l’aléatoire. Mais de l’aléatoire qui changeait le cours du jeu : pas seulement parce qu’il jouait bien, mais parce qu’il faisait jouer bien. Parce qu’il orientait le collectif dans la bonne direction.

Absent, donc, contre le FC Amiens, et on s’est pris un score de rugby (combien ? 9 – 3 ? ou pire ?) Présent contre Eaucourt, et il a planté – de mémoire – deux buts en seconde mi-temps.

Landry va nous manquer.
A plein de gens.
A plein d’enfants.
Et bien sûr, avant tout, à sa maman.

Toutes mes condoléances à sa famille, à ses amis, à ses collègues. Tous mes vœux de courage dans cette épreuve.

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