« La fac m’a carrément dit de faire un crédit ! »

« Travailler, c'était indispensable. La fac m'a menacé de me faire redoubler si j'étais trop absent, et ils m'ont dit de faire un crédit ! » Elle est bien traitée, notre jeunesse, non ?

« En juin, mon colocataire m’a dit qu’il quitterait l’appartement fin août. On payait chacun 320 euros par mois, ça allait encore. Mais impossible de payer pour deux. Donc j’ai fait une demande de chambre universitaire au Crous. »

Jérémie est étudiant en deuxième année de médecine à Amiens. Son été, il l’a passé à chercher comment se loger à la rentrée.

« Le Crous ne m’a rien proposé. Alors, j’ai recommencé en juillet, en élargissant les secteurs. Aucune proposition non plus. En août, pareil. Finalement j’ai trouvé dans le privé, avec un loyer de 440 euros, hors électricité… J’ai une bourse d’échelon 6 d’environ 550 euros par mois. Donc toute ma bourse va partir dans le loyer. »

Mais bon Jérémie, il est jeune, il a qu’à bosser ! Pas vrai ?

« L’an dernier j’ai travaillé pendant mes études, dans le commerce, les vêtements. Déjà, c’est beaucoup de pression. Ça ne se passait pas bien avec mon employeur. Et au niveau de l’administration, c’était très compliqué. Ils m’ont menacé de me faire redoubler si j’étais trop souvent absent. Quand j’essayais d’expliquer que c’était indispensable pour moi, la responsable m’a carrément dit de faire un crédit ! »

Vite, un conseiller bancaire pour chaque étudiant ! Ça sera peut-être plus facile d’obtenir un rendez-vous qu’avec une assistante sociale…

« Pour avoir de l’aide et des conseils, j’ai tenté de prendre rendez-vous avec une assistante sociale du Crous. C’est quasiment impossible. Ce n’est écrit nulle part, mais on le comprend à un moment : il faut se connecter le vendredi à 16 h sur le site internet, mais on est trop nombreux. En cinq minutes, tous les créneaux sont pris. Même en renouvelant la demande toutes les trente secondes, pour moi, ça n’a pas marché. Ça fait trois mois que j’essaye, sans succès… »

Elle est bien traitée, notre jeunesse, non ?

Quand on parle « pouvoir d’achat », le nœud, c’est le logement. C’est le logement qui avale le tiers, la moitié, des petits budgets. C’est le logement qui trace un fossé entre les jeunes qui sont hébergés par leurs parents, ou à qui le loyer est payé, et les autres, qui doivent se débrouiller. C’est le logement qui fait un immense flux financier entre des jeunes modestes, ou pauvres, et des rentiers de l’immobilier, âgés.

Il faut construire des logements. Mais pas pour n’importe quoi, pas pour n’importe qui, pas pour des résidences secondaires ou du AirBnb, pas en laissant faire le marché. Il faut construire des logements qui répondent à des besoins : la part des jeunes dans les HLM a été divisée par deux, passant de 26% dans les années 80 à 13% aujourd’hui. Et seuls 8% des étudiants sont hébergés dans des résidences universitaires.

Voilà ce que nous devrions donc bâtir en priorité : des résidences universitaires et des foyers de jeunes travailleurs.

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