« J’ai refusé cent gamins à la rentrée »

Après notre proposition de loi sur les bénévoles des clubs, nous profitons de notre tour de France pour rencontrer celles et ceux qui tiennent le sport debout. Aujourd’hui à Saint-Etienne.

« Une fête du sport » : le président Macron proposait cela, après les Jeux olympiques. Pourquoi pas ? Mais cela reposerait sur quelles forces ? Sur des bénévoles déjà au bout du rouleau ? Sur un tissu associatif qui risque de se déchirer ? Sur un budget du ministère des sports en baisse de 10% ?

Après notre proposition de loi sur les bénévoles des clubs, nous profitons de notre tour de France pour rencontrer celles et ceux qui tiennent le sport debout. Aujourd’hui à Saint-Etienne.

Citations et propositions.

Refus des enfants

« Avec l’effet JO, en badminton, en natation, on refuse du monde. »

« Au foot, j’ai refusé cent gamins. C’est dur de dire ‘non’ à des enfants. Ce sont toujours des drames, en début d’année. On les sélectionne sur l’ancienneté, sur le niveau. Ca, c’est par manque d’éducateurs. Et aussi, parce qu’on se partage un terrain avec un autre club, un terrain pour cinq cents licenciés. »

Le boulet administratif

« Nous avons mille trois cents licenciés, mais aucun directeur de gestion. La charge administrative repose sur trois jeunots, de 76 ans, 72 ans, et moi qui en suis le benjamin, 69 ans. J’y suis presque tous les jours, de 7 h à 21 h. »

« Le travail administratif est de plus en plus dur. Quand je suis arrivée, en 1997, on envoyait des courriers au Département, à la Région, pour des subventions. On croisait le maire, on lui disait un mot. Maintenant, ce sont des dossiers en lignes infernaux, ‘compte asso’… Ca multiplie les heures de travail. Tous les ans, il faut renvoyer le PV de ceci, le Rib de cela. »

Les non-subventions

« On ne nous aide plus pour du fonctionnement, ce sont toujours des appels à projet. On doit aussi diversifier nos financements, rechercher des sponsors, des entreprises… mais ça ne va pas aussi vite que la baisse des subventions. »

« J’ai passé deux journées sur l’ordinateur, parce qu’on nous demande un plan sur cinq ans. Et puis finalement, on apprend qu’on n’a droit à rien, que nous ne sommes pas éligibles, qu’il n’y aura plus pour nous d’aide à l’emploi. »

« Les contrats aidés, c’est fini. Avant, on avait des CUI, mais à la fin de chaque saison, alors que des liens s’étaient créés, il fallait recommencer, prendre un nouveau. »

Le manque d’éducateurs :

« A la gym, on manque d’éducateurs sportifs. Avec cet obstacle, quand un bénévole veut bien se former, il doit payer sa formation. »

Au plus concret 

« On est une vingtaine de bénévoles à l’équipe d’entretien de ce site, des gymnases, des stades, des vestiaires. On se retrouve tous les vendredis pour l’élagage, la peinture, je viens de faire par exemple la réparation d’un panneau de basket. »

Handisport

« Le handisport, c’est très bien. Mais il ne faut pas que ce soit de la com, que les choses soient faites à moitié. Là, les infrastructures ne sont pas adaptées, les éducateurs ne sont pas préparés. J’avais un gamin autiste dans l’équipe, mais pour l’encadrant, ce n’était pas possible, il n’avait pas le temps, il ne pouvait plus s’occuper des autres. »

Propositions émises

Que, pour les bénévoles, les formations d’éducateurs ne soient pas à payer, qu’elles soient prises en charge.

Que les subventions ne soient plus des « appels à projet », mais pour le fonctionnement, et sur du pluriannuel.

Qu’il y ait un vrai statut de bénévole associatif, avec des heures de délégation pour les dirigeants (président, secrétaire, trésorier)

Que les années d’engagement associatif donnent droit à des trimestres pour la retraite.

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