Inondations dans l’Audomarois : la double peine

M. François Ruffin interroge Mme la Ministre de la Transition écologique sur les inondations qui ont frappé l’Audomarois en novembre 2023 et en janvier 2024 : à quand une solidarité entre territoires sinistrés et territoires épargnés ?

Je viens de me rendre dans le Pas-de-Calais, à la rencontre des habitants et des élus de l’Audomarois, pour tirer le bilan, avec un an de recul, des inondations qui les ont frappés.

Et ils sont victimes d’une double peine.

À Blendecques, 900 maisons ont été inondées. Jusqu’à 1 m 40 d’eau dans les salons. Le mobilier qui flotte, les murs qui s’abîment. Plus d’électricité. Des familles ballottées pendant des semaines, hébergées chez des proches, dans des mobil-homes. Et après le déluge, la galère : tout nettoyer, tout retaper, affronter les papiers, l’expert, l’assurance… et vivre avec la peur que ça recommence, l’hiver d’après. 

Et la deuxième lame : pour la commune, c’est le coût de l’assurance qui est triplée. Avec une franchise multipliée par cinq. 500 000 euros, c’est presque 10 % du budget annuel municipal. Eux ont des ponts à reconstruire, à hauteur de trois millions d’euros. 

Donc : ils subissent les inondations et derrière ils doivent payer.

Comme si c’était logique. Comme si cela allait de soi.

Nous le contestons.

Les inondations chez eux ont, semble-t-il, préservé d’autres communes, d’autres territoires, des villes, plus peuplées. L’Audomarois encaisse… pour protéger Dunkerque. C’est ce qu’a affirmé le directeur de l’Institution intercommunale des Wateringues, qui gère l’évacuation des eaux du delta de l’Aa : « Le partiteur n’envoie pas plus d’eau dans le Dunkerquois que ce qui peut être pompé sinon on noie le Dunkerquois. Il ne faut pas dénoyer l’Audomarois pour noyer Dunkerque ». En cas de crue, les vannes s’ouvrent ou se ferment selon les capacités de pompage. Et si ça déborde à Dunkerque, on préfère noyer l’amont. L’Audomarois devient zone tampon.

Ainsi, Madame la Ministre, le minimum serait que le coût des reconstructions, des assurances, soit partagé à une échelle bien plus vaste, ne repose pas que sur les seules communes touchées. Ces épisodes étant, malheureusement, amenés à se reproduire, à se multiplier, l’Etat ne doit-il pas mettre en place une solidarité à une autre échelle, départementale ? régionale ? impliquant aussi les grandes métropoles épargnées ? pour répartir équitablement le fardeau ?

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