« Voilà l’urgence de Darmanin, Retailleau and co. : le voile, à nouveau. A l’université. Dans le sport. Chez les mamans à l’école. Ils se prétendent les protecteurs de la laïcité? Ce sont en fait eux qui la bafouent. La loi de 1905, ils la désavouent.«
Voilà l’urgence de Darmanin, Retailleau and co. : le voile, à nouveau.
Depuis deux semaines, c’est un festival : le voile des mamans accompagnatrices scolaires à interdire, le voile à l’université à interdire et enfin, bien sûr, le voile dans le sport à interdire.
L’occasion était trop belle, le Rassemblement national.
Jordan Bardella a renchéri : « le port du voile devrait être interdit dans les bâtiments publics » et même
« dans la rue à terme ».
Sébastien Chenu, député RN du Nord, a pris encore moins de pincette : « nous voulons le faire disparaître de notre société ».
La fièvre sur le voile est de retour.
Puisqu’on y est, rappelons cette évidence : la loi de 1905, la laïcité en France, ce n’est pas l’interdiction de la religion. C’est au contraire la liberté de la religion, la liberté de croire et la liberté de ne pas croire, la liberté de conscience, sans imposer à l’autre sa croyance, ou sa non-croyance.
Ce sont les membres du RN, et leurs supplétifs au gouvernement, qui portent atteinte à la laïcité.
Car la loi de 1905 impose la séparation des Eglises et de l’Etat, impose la neutralité religieuse aux agents du service public.
Car la loi de 2004 interdit les signes religieux à l’Ecole. Mais pas à toute la société.
Pas aux mamans qui accompagnent les sorties scolaires, le conseil d’Etat l’a d’ailleurs tranché.
Pas aux étudiants à l’université.
A l’inverse de l’école, du collège ou du lycée, nous avons affaire à des adultes, de jeunes adultes certes, mais des adultes quand même. A qui la société reconnaît le droit de vote, la responsabilité pénale, la responsabilité parentale, etc. La loi de 2004, que nous chérissons et défendons, ne s’y applique donc pas.
Pas aux licenciés des clubs de sport. Les fédérations sportives peuvent édicter des règlements vestimentaires : la natation et ses maillots, le judo et ses kimonos, le foot et ses protèges tibias-chaussettes hautes etc.
Et sur le plan politique, humain : on doute que les islamistes les plus rigoristes se réjouissent que des femmes transpirent entre copines en tapant la balle ou en mettant des paniers.
Quant aux mamans qui s’engagent à l’école, quelles sont leurs préoccupations ? Que les enfants traversent la rue en sécurité. Qu’on ait assez pour partager avec la petite Inès qui a oublié son goûter.
Dans « maman voilée », des névrosés oublient qu’il y a « maman ». Comme par magie, le foulard transformerait ses inquiétudes humaines, maternelles, en une obsession unique : comment endoctriner des enfants dans la religion ? Alors que, pour un parent, c’est un acte « républicain » de prêter main forte à ses enseignants, de concourir aux activités de l’Ecole. C’est, en tout cas, foulard ou non, un acte plus conforme à la « vertu républicaine », que de couvrir des violences sexuelles sur des enfants pendant trente ans.
Mais changeons de terrain. Prenons Darmanin au sérieux : il faut lutter contre le communautarisme, contre les pressions religieuses. Car nous ne sommes pas naïfs, elles existent, oui. Par où, par quoi faudrait-il commencer ?
« Les associations sportives sont très faiblement touchées et moins que d’autres types de structures, par le communautarisme. En définitive, les données collectées ne permettent pas de soutenir un rôle spécifique de la pratique sportive en soi ou de l’association sportive dans la radicalisation. »
Qui écrit ça ? Le ministère de l’Intérieur lui-même, son Institut des Hautes études.
Alors, pourquoi le gouvernement, le Sénat, s’attaquent-ils à ça ? Parce que ça se voit.
Parce que ça fait de la mousse et de la com.
Et non pour défendre la laïcité.
Car pour défendre la laïcité, pour réprimer la pression religieuse, dans les quartiers, dans les beaux quartiers aussi, dans les associations, la loi de 1905 est bien faite : avec son article 31, elle permet au procureur de saisir le juge. Qui peut prononcer des peines sévères d’amendes ou de prison.
Comment se fait-il alors que le Garde des sceaux ne la fasse pas appliquer ? Dans l’esprit des fondateurs, d’Aristide Briand et de Georges Clémenceau, le protecteur de la laïcité, c’était le Garde des Sceaux.
Mais M. Darmanin ne fait rien. Il ne donne aucune instruction aux magistrats. Il n’y a aucune politique pénale de la loi de 1905.
M. Darmanin préfère faire une loi, pour camoufler qu’il n’applique pas la loi.
Il fait de la com, plutôt que de travailler.