J’ai vu…

Les mines d'or à Salsigne, les vautours de l'immobilier à Perpignan, Francéole sacrifié à Buzon, les classes fermées à Ailly, Luxfer détruit à Clermont, le "Surf parc" à Nantes, j'ai vu. Le doute n'est plus permis : qu'on les laisse faire, et ils iront jusqu'au bout.
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J’ai vu…

Ce mois-ci j’ai fait un tour de France. 
Comme c’est vous qui me l’avez payé mon tour de France – mes revenus je les dois au peuple, je vous les dois – donc je vais vous dire ce que j’ai vu.

J’ai vu les mines d’or de Salsigne, les terres, les forêts, les rivières polluées au cyanure à jamais.

J’ai vu les maisons de Carcassonne, cinq mois après.
Et les assurances qui n’ont pas bougé malgré les engagements du Président.
Et les habitants, Céline, Ophélie, dans l’incertitude et des doubles loyers.

J’ai vu le quartier gitan de Perpignan qui se réveille, qui ne se laisse plus grignoter par les vautours de l’immobilier.

J’ai vu j’ai lu Eric Vuillard et sa Guerre des pauvres, Alice Zeniter et son Art de perdre, François Bégaudeau et son En guerre.
Trois écrivains qui, avec leur arme, la plume, le verbe, ont choisi leur camp, pas forcément celui des gagnants.

J’ai vu près de Nantes le futur « Surf parc », des prés, de belles pâtures au milieu des terres, où un vain investisseur projette d’y implanter la mer, avec des vagues artificielles. 
Et une heure de ce méga-moteur consommera autant d’électricité que quatre foyers durant une année.

J’ai vu ici les collèges d’Ailly-sur-Somme, d’Amiens Nord, de Villers-Bocage être « morts », se réveiller, et j’en était fier.

J’ai vu encore fermer près de Clermont-Ferrand l’usine Luxfer, qui fabrique pour nos hôpitaux pour nos pompiers les bouteilles à oxygène. 9% de rentabilité : pas assez ont estimé les actionnaires anglais. 
En traversant les ateliers j’ai trouvé la tristesse, et la fierté des ouvriers, fiers de leur savoir-faire, fiers de leurs machines, fiers de leur collectif, que l’argent va faire éclater.

J’ai vu près de Buzon l’usine Francéole. Des mâts d’éolienne, des mâts en acier, des mâts géants qui quittent le site en convoi exceptionnels. C’est le seul fabriquant de mâts en acier pour les éoliennes françaises sur un marché florissant, et qui risque pourtant de fermer pour cause de concurrents espagnols, portugais et chinois. 
Francéole comme symbole d’un crétinisme européen, d’une nullité de nos élites, d’un abandon de l’industrie, d’une écologie en peau de lapin.

J’ai vu aussi, j’ai vu surtout, l’Arc-de-triomphe, la Liberté guidant le peuple, la tour Eiffel sur le rond-point du Canet-les-Maures. Il y ont terminé la pyramide du Louvre, ce week-end.
J’ai vu aussi en image un autre Arc-de-triomphe à Villeneuve-sur-Lot.
Ce mouvement est habité par un désir de beauté, qui se concrétise à travers ces monuments.
Je n’y suis pas, alors je ne verrai pas la police, à Villeneuve-sur-Lotte comme au Canet-les-Maures, passer le bulldozer sur ces œuvres, comme elle passe le bulldozer sur toutes les cabanes des pauvres.

Alors est-ce que c’est mon boulot ? Est-ce que c’est mon boulot d’aller voir comme ça ce qui se passe ailleurs ? Je pense que oui.
Je pense qu’il faut respirer pour espérer.
Voilà ce qui se passe aujourd’hui en France. Voilà ce que les gens vivent. Ce qui est ressenti dans le pays.

Alors maintenant, que faire, concrètement, ce printemps ? 
Je vais vous dire, la réponse, elle nous est donnée par l’Élysée. L’Élysée nous dit ce que nous devons faire ce printemps. 
C’est dans Le Parisien, le journal de mon ami Bernard Arnault, qu’unproche du Président se confie avec angoisse : « Je ne vois pas comment on sort de ça. Avec les beaux jours, les Gilets jaunes vont revenir et installer les barbecues sur les ronds-points. » Voilà ce qu’il nous reste à faire. Voilà le chemin vers lequel je vous encourage à aller.

Parce que le combat qui est engagé n’est pas un combat de rigolos.
Je disais ça, il y a quelque temps, mais je vous le relis aujourd’hui : c’est un combat entre la démocratie et l’oligarchie. Et j’écrivais :

« On le sait désormais, ils iront jusqu’au bout.
Ils raseront les forêts, ils videront les mers des thons, des baleines, des sardines, ils pressureront les roches, ils feront fondre les pôles, ils noirciront l’Alaska, ils réchaufferont l’atmosphère jusqu’à l’ébullition. 
Ils nous vendront un air coté en bourse, ils affameront des continents, ils sauveront les banques avec nos retraites, ils solderont les routes, les villes, les jardins publics au plus offrant, ils spéculeront sur nos maisons, notre santé, notre éducation.
Ils mettront à force de stress la moitié des travailleurs sous antidépresseurs et l’autre moitié au chômage. 
Ils lèveront des impôts sur nos égouts, nos chaussettes, notre haleine, plutôt que de sucrer leurs bénéfices. 
Le doute n’est plus permis : qu’on les laisse faire et tout ça, ils le feront. 
Voilà leur programme pour ne rien changer, ou si peu, pour préserver leurs privilèges, leurs dividendes, leurs jets privés, leurs aller-retours en classe affaire, pour se bâtir des ghettos sociaux, sécuritaires, climatiques, où les plus riches de nos enfants, les plus serviles, les plus laquais, seront admis en leur compagnie.
Le doute n’est plus permis : qu’on les laisse faire, et ils iront jusqu’au bout. »

Il faut leur ôter le volant des mains. 
Ils ne font plus partie du corps social, et pourtant ils nous dirigent. 
Il faut leur ôter le volant des mains. Il n’y a aucun doute qu’ils sont en train de foncer droit dans le mur écologique, droit dans le mur social.
Il faut leur ôter le volant des mains, et il faut appuyer sur le frein.

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