C’est le début d’un long chemin avec vous.

Ce soir, à Montreuil,

Nous partons à cinq cents, et par un prompt renfort,

Nous nous verrons des millions en arrivant au port !

Chers camarades, chers amis, bienvenue en thérapie !

Oui, bienvenue en thérapie, parce que, dans cette salle de la Marbrerie, j’aurais bien aligné des divans.

On aurait fait un meeting non pas « Picardie debout ! » mais « Paris couché ! » Tellement la gauche, aujourd’hui, on a l’impression que c’est une maladie.

La dernière fois que je suis venu à Montreuil, c’était en juin dernier, pendant les législatives.

Il y avait, avec nous, des centaines de parapluies, une mer de parapluies, mais des parapluies combatifs, des parapluies déterminés, des parapluies prêts à coller, à afficher, à tracter, à porte-à-porter.

Il en reste quoi, aujourd’hui, de cette énergie ?

Aujourd’hui, tu demandes juste à un copain « Comment ça va ? », il te fait la liste de tout ce qui ne va pas : la guerre en Ukraine et à Gaza, l’IA et le climat, et le climat social, l’école et l’hôpital, Trump et Poutine, Le Pen et Bardella, le fascisme, le racisme, et par-dessus tout, nos partis désunis, les kyrielles de chapelles.

La semaine dernière, je demandais à un collègue député « Comment ça va ? », juste par politesse, le gars ne répond même plus, les mots lui manquent : c’est une mimique amère, un souffle découragé, les bras, les épaules qui tombent, tellement il est accablé, comme s’il portait toutes les misères de la Terre.

Et pourtant, c’est l’heure du match, du grand match.

Vous les avez vus, vous les avez entendus, en face ?

Javier Milei qui sort sa tronçonneuse, et qui annonce clairement le combat :

La justice sociale est pour lui – je le cite – une « idée sinistre, injuste et aberrante ».

L’Occident doit dominer le monde.

Les mâles doivent dominer les femmes.

Les riches doivent dominer les pauvres.

Il s’agit d’en revenir, il le dit, il l’écrit, à avant la Révolution française, à avant les Lumières, à avant la Renaissance.

Au Moyen-Âge, dont ils sont fans, lui et ses copains aux Etats-Unis.

Parce qu’il y a Trump, bien sûr, comme souci. A peine investi, c’est Elon Musk qui fait le salut nazi.

Que signifie ce salut nazi, devant les caméras du monde entier ? Que l’oligarchie se croit tout permis.

Ils se prennent pour des surhommes. Des surhommes qui ont acquis une toute puissance économique, une toute puissance médiatique, une toute puissance numérique et qui, là, directement, détiennent la toute puissance politique.

Mais c’est une leçon de la tragédie grecque : l’hubris, la démesure, la toute-puissance, conduisent à la chute.

Surtout, je vais vous dire à la fois mon inquiétude, et mon soulagement.

Quand j’ai vu Bernard Arnault, mon ami Bernard Arnault, assister en direct à ce salut nazi, qu’il a traduit – je le cite – en un « vent de liberté », un « vent d’optimisme », quand je l’ai vu revenir des Etats-Unis, je me suis dit : c’est reparti comme en grand 83, comme du temps de Thatcher et Reagan, un grand vent libéral va souffler sur l’Europe, sur la France, on en prend pour vingt ans.

Eh bien non, je ne le crois plus.

Qu’avons-nous fait, la semaine d’après, à l’Assemblée ? Avec mes collègues Eva Sas et Clémentine Autain comme cheffes de file, nous avons voté, avec une majorité de députés, la taxe Zucman. 2% d’impôt sur les patrimoines, deux petits pourcents.

Oh, je sais. Je sais que ça va s’enliser au Sénat, je sais que ça n’en reviendra pas.

Mais c’est la marque, quand même, que le match est en cours.

Qu’il n’est pas plié.

Que nous sommes là pour le mener.

Que se passe-t-il à cette heure, à l’Assemblée ?

Ma collègue Marie-Charlotte Garin fait introduire, dans la loi, la notion de consentement, le consentement dans la définition du viol.

Grâce à toutes les assos unies, tous les syndicats unis, tous les partis unis, nous avions déjà fait

entrer le droit à l’IVG dans la Constitution. Eh bien, voilà le moment du consentement.

C’est comme une riposte, discrète, à Mileï, à Musk, à Trump : nous poursuivons notre chemin féministe, humaniste.

Et nous ne sommes pas seuls sur ce chemin.

Quand nous réclamons que soient taxés les super-profits, les méga-dividendes, ce sont 80%, 90% des Français qui le réclament avec nous.

Ce sont des millions de Gilets jaunes qui l’ont réclamé sur les ronds-points,

« Que les petits paient petit et que les gros paient gros ».

Ce sont des riches aussi, des entrepreneurs qui ont réussi, des start-uppeurs comme Marc Batty, que nous recevions à l’Assemblée, et qui avec 115 millionnaires le réclamaient dans une tribune des Echos : « Taxez-nous ! Taxez- nous sur nos héritages ! » Parce que, non, tous les millionnaires ne sont pas des Bernard Arnault, tous ne nagent pas comme des requins dans les eaux froides du calcul égoïste.

Si on m’avait dit qu’un jour je ferais applaudir un millionnaire en meeting…

Antonio Gramsci recommandait – je le cite – d’allier le pessimisme de la lucidité à l’optimisme de la volonté. Bon, pour le pessimisme de la lucidité, vous êtes déjà assez entraînés. Donc, je vous propose ce soir de muscler l’optimisme de la volonté.

Parce qu’il y en a, oui, des bonnes nouvelles…

Pourquoi fixer notre rencontre un 1er avril ?

On s’est moqués. Certains ont ricané.

Est-ce que j’avais à annoncer une farce ?

Non, mais le 1er avril, c’est le lendemain du 31 mars.

Et que s’est-il passé hier ? Que s’est-il passé ?

Parce que oui, on l’avait prévu, programmé le coup de tonnerre d’hier :

Marine Le Pen et vingt-trois de ses complices ont été condamnés.

Elle est condamnée à – je cite – « quatre ans d’emprisonnement dont deux ans ferme, aménageable avec un bracelet électronique, à 100 000 euros d’amende, et à cinq ans d’inéligibilité, avec application immédiate. »

Pourquoi ? Pas par désaccord administratif !

Parce que Marine Le Pen a distribué les emplois fictifs comme des pains au chocolat. Elle en a fait des cadeaux de Noël à sa petite famille au pied du sapin.

Dans la famille Le Pen, je demande la sœur ? Un emploi fictif.

La belle-sœur ? Un emploi fictif.

Le compagnon ? Un emploi fictif.

Le garde du corps ? Un emploi fictif.

Le chauffeur ? Un emploi fictif.

Le majordome de son père ? Un emploi fictif.

5 000 € pour un mi-temps fictif. Et plus de 10 000 € pour les temps pleins fictifs.

Y a de quoi l’aimer, quand même, à la fin, le parlement Européen !

Il y a dix ans, déjà, le Rassemblement National et ses amis étaient condamnés pour

« abus de biens sociaux », « recel », « escroquerie », « blanchiment » et ça revenait à

l’époque, j’avais produit une carte du monde, avec dessus leurs mouvements de fonds : ça passait par les banques russes et émirati, ça, c’est connu, mais aussi par Hong-Kong, ça repartait vers les Îles nouveau vers Singapour en Asie, ça me faisait des flèches dans tous les sens.

Eux jonglaient entre les continents et les sociétés-écrans. Pour des adversaires de la mondialisation, c’était surprenant ! Vous vous souvenez des affiches du père ? « Mains propres et tête haute. » Eh bien, ils ont les mains sales, maintenant. Ils ont les mains sales et la tête basse.

Nous devons leur faire baisser la tête.

Sur tous les plateaux télés, ce jugement, amis députés, camarades débatteurs, je vous propose de toujours avoir ce jugement sous le coude : « Emploi fictif », « fonds détournés », « 4,4 millions » pour – je cite toujours – assurer « un confort de vie aux dirigeants du parti ».

Regardez Bardella, et pourtant c’était sur le plateau d’Hanouna : quand un chroniqueur lui a sorti que lui aussi avait bénéficié d’un emploi fictif, qu’il avait trafiqué son agenda, l’avait antidaté, pour échapper à la Justice, le président du RN bafouillait, se taisait, rougissait, honteux.

Franchement, Marine Le Pen, je l’aurais préférée condamnée, mais éligible.

Je l’aurais préférée vaincue par les urnes plutôt par les juges. Mais, mais, mais…

On va se faire un petit quizz, les réponses sont faciles.

Y a des DVD de « Au boulot ! » à gagner.

Qui a dit ? « Chaque délit ou crime doit entrainer une peine. Chaque peine doit être sûre et exécutée. »

Qui ? Qui l’a dit ?

MARINE LE PEN !

Qui a dit ? « Les Français en ont marre qu’il y ait des affaires, ils en ont marre des élus qui détournent de l’argent ! »

MARINE LE PEN !

Qui a dit ? « Il faudrait rendre inéligible ceux qui ont été condamnés pour favoritisme, pour détournement de fond, pour emploi fictif. »

MARINE LE PEN !

Qui a dit ? « Quand allons-nous mettre en place l’inéligibilité à vie, à vie pour les élus condamnés durant leur mandat » ?

MARINE LE PEN !

Qui a dit ? « Ne pas avoir de condamnation à son casier judiciaire est pour moi une règle numéro 1 quand on souhaite être élu ? »

MARINE LE PEN !

Raté : Jordan Bardella !

Je termine par la culture générale, attention, question pour un champion : quel est la morale du Rat et de l’Huître, la fable de La Fontaine ?

« Tel est pris qui croyait prendre. »

Voilà, Marine Le Pen, c’est le rat de la fable : Telle est prise qui croyait prendre.

Le pire pour elle, je trouve, ce sont ses amis. Aussi le jugement rendu, le Kremlin a volé à son secours. Poutine a déploré – je cite – une « violation des normes démocratiques ». Elon Musk a dénoncé un « abus du système judiciaire ». Viktor Orban a écrit « Je suis Marine ! » Orban qui change de genre, on aura tout vu. Elle aura fait avancer les droits des trans en Hongrie, alors que là-bas les LGBT sont plutôt persécutés.

Bref, que des amis de la France et de la démocratie ! Ca donne envie.

Et surtout sa défense, vous l’avez entendue ? Madame serait intouchable ! Ah bon ? Pourquoi ? Par quelle faveur ? La loi est dure mais c’est la loi. Et j’ai vu, comme reporter, dans un supermarché, j’ai vu des caristes virés pour un crayon à papier. J’ai vu une mère de famille passer au tribunal pour des tranches de jambon… Là, c’est quand même des millions. Alors, ma pitié sera limitée.

En Picardie, dès aujourd’hui, Martine et Francis, Flo Fifi et compagnie se sont défoulés. Il ont collé.

Sur les affiches du Rassemblement National, nous avons collé « Détournement de fonds », « Voleur de millions », « Corruption ». Et nous avons collé, à côté : « Depuis huit ans, votre député se paie au Smic. Il reverse 3 000 € par mois aux associations. »

On va me dire : « C’est pas avec ça qu’on va convaincre leurs électeurs. » Peut-être, je ne sais pas.

Mais il y a une question d’attitude, aussi : dans des coins, on ne voit plus qu’eux. On n’entend plus qu’eux. Le terrain semble à eux. La gauche est laminée, elle se tait. Et quand elle bouge, pas vrai René, c’est la voiture qui est taguée, ce sont les pneus qui se font crever. Voilà notre bagarre sur le front,sur le front de la Somme. Alors là, enfin, on avance et ils reculent ! Enfin, on redresse la tête, et ils baissent les yeux.

A travers tout le pays, durant les prochaines semaines, et même durant les deux années qui viennent, que chacun tienne son panneau. Sur toutes leurs affiches, partout : « Détournement de fonds », « Voleur de millions », « Corruption ».

Affichez-le en corse, « Manssa di ladroni ! », affichez-le en breton, « Lériem millionnou ! », affichez-le en basque, « Milioye lapourtzaïlé ! » (Ca va, Peio ?)

Bon, bref, affichez-le en chinois, affichez-le en arabe, affichez-le en sanscrit, mais affichez-le !

Moi aussi j’ai fauté

Je ferme la parenthèse, j’en reviens à la corruption.

J’ai entendu des amis de Marine Le Pen dire, et ils ont bien raison : « Y a pas que nous comme pourris, regardez Sarkozy. »

C’est vrai, et c’est un souci.

Quel symbole, quand même, quel symbole quand un ancien président de la République porte le bracelet électronique. Et ce n’est pas fini : sept ans de requis contre lui, en ce moment, sept ans de prison pour – je cite le procureur – pour un « pacte de corruption ». Et pas avec n’importe qui : avec la Lybie de Kadhafi. Contre Emmanuel Macron, deux informations judiciaires sont ouvertes, pour ses deux campagnes présidentielles. A ses côtés, Alexis Kohler, grand maître de l’Elysée, est mis en examen pour « prise illégale d’intérêts ».

D’après l’ONG « Transparency International », depuis 2017, « 26 ministres sont impliqués dans des affaires politico-financières ».

26 !

C’est vrai, je ne devrais pas la ramener parce que moi aussi, j’ai fauté. Ouais, le déontologue de l’Assemblée m’a pris les doigts… dans la machine à café ! Pour mon équipe, j’avais acheté du fabriqué français, Made in France, en Mayenne, bien écolo, une machine à grains, sans capsule. Je pensais qu’on me filerait la médaille d’honneur du bon consommateur. Et non, je me suis fait redresser.

Voilà mon crime, ma faute de probité : j’ai détourné vos impôts, de 94 euros. Rassurez-vous : j’ai tout remboursé ! Je suis lavé de mes péchés.

Enfin bref, 26 ministres ! 26 ! Vous vous souvenez ? Macron nous promettait une

« République exemplaire »… Des ministres poursuivis, il en a tellement, maintenant, il les garde au gouvernement…

Bon. A ce tarif-là, quand c’est aussi industriel, quand les mises en examen se font à la chaîne, ce n’est plus une coïncidence. Ce n’est plus une malchance. Ce n’est plus une déviance. C’est un système.

C’est un système. D’ailleurs, la preuve, vous avez vu comment ils se serrent les coudes, Bayrou Wauquiez et les autres ? Vous avez vu comment ils défendent Marine Le Pen depuis hier ?

Comment ils sont « troublés » ?

Pour verrouiller le système, ils ont nommé qui à la tête du Conseil constitutionnel ? C’est-à-dire au sommet de la loi ? Richard Ferrand ! Richard Ferrand, le visage vivant de la combine. Dans la famille Ferrand, je demande la femme, je demande la fille, je demande le fils, tout le monde en a croqué un petit bout.

Le père, lui, n’a échappé à la Justice que par la prescription : son dossier n’a jamais été jugé sur le fond. Voilà donc, désormais, le gardien de notre Constitution ! Et avec la complicité du Rassemblement National, avec leur abstention.

Sans surprise, la France dégringole dans les classements sur la corruption.

Alors, comme disait Sarkozy : « Vous en avez assez de cette bande de racaillles ? On va vous en débarrasser ! »

Ca donne envie de passer un grand coup de balai, non ? Tiens, c’est sans doute Jean-Luc qui l’a oublié , on pourrait le reprendre…

Vous savez, dans ses douze travaux, à un moment, pour nettoyer les Ecuries d’Augias, Hercule détourne une rivière. Eh bien, l’on rêve d’un nouvel Hercule, détournant le lit de la Seine vers les tours de la Défense, vers les ministères, vers les hôtels particuliers, vers les beaux quartiers, pour nettoyer ces écuries de la République.

Nous devons être ces nouveaux Hercules. Nous devons porter une grande loi.

Une grande loi de séparation de l’argent et de l’Etat !

Parce que, la corruption, ce n’est pas pour moi un enjeu moral, ou même pénal. Je laisse ça aux magistrats. La corruption, c’est une affaire politique. La corruption, c’est une corrosion de la Nation, c’est l’Argent qui s’infiltre partout, qui s’infiltre dans la vie politique, oui, dans la vie civique, mais disons-le, dans nos vies tout court, jusque dans notre intimité. C’est comme si la société était attaquée par un acide.

Avec la corruption, la France tombe par bouts.

Alstom, par exemple, est tombé, Alstom est tombé dans l’escarcelle de General electric.

Et pourquoi ? Parce que ça rapportait. Parce que ça rapportait gros. Ca rapportait gros à Martin Bouygues, plus d’un milliard d’euros. Ca rapportait gros aux banques d’affaires. Ca rapportait gros au candidat Macron, avec des gros chèques pour sa campagne.

Ils ont fait pareil avec le cimentier Lafarge, avec le pétrolier Technip, avec les avions militaires Latécoère…

1500. Ce sont 1500 entreprises, 1 500, en dix ans, plus de 1 500 entreprises françaises avalées par les Etats-Unis. Jusqu’au Doliprane, jusqu’aux médicaments de Sanofi, cédé aux Américains aussi. Tout ça, avec l’accord, avec la complicité de notre président. Le même qui, aujourd’hui, nous parle de souveraineté !

Mais avant lui, avant eux, dans la famille industrie, je demande Usinor, bradé à l’Indien Mittal.

Je demande Alcatel, revendu à Nokia.

Je demande Thomson, cédé pour 1 F symbolique.

Je demande Péchiney, offert au canadien Alcan.

Et sans compter les dizaines, les centaines d’usines délocalisées vers l’est, la Pologne, la Roumanie, ou plus loin, la Chine, l’Asie.

Ca dure depuis quarante ans, ce sont des millions d’emplois détruits, et que font nos dirigeants ? Rien.

Pas d’action, pas de réaction. Je fais une digression.

Nos dirigeants vendent le pays à la découpe

La Picardie, c’est la terre de la grande jacquerie. En 1358, les châteaux brûlent, c’est la guerre des pauvres, la guerre des paysans. Comment ça a démarré ? Deux ans plus tôt, en 1356, l’armée française se prend une branlée à Poitiers face aux Anglais. Les simples soldats, les roturiers, voient leurs seigneurs décamper devant l’ennemi. Alors, ils se disent

« c’est ça, notre élite ? Ce sont eux, qui sont supposés nous protéger ? »

Eh bien, c’est pareil aujourd’hui.

Quel est le rôle de nos dirigeants politiques, de nos dirigeants économiques ? Leur rôle, c’est de nous protéger, c’est de protéger les Français. Mais on voit quoi, depuis quarante ans ? Nos dirigeants vendent le pays à la découpe. Ils livrent la France à la finance. La grande colère, la grande colère populaire, vient de là : de ne pas être protégés.

Et maintenant, ça se voit.

Le Covid a servi de révélateur : nous étions à poil, même plus fichus de fabriquer des masques ou des surblouses. Il a fallu que ma mère et des couturières s’en chargent sur leurs machines à coudre. Il a fallu que les hôpitaux achètent de la toile de jardin chez Gamm’Vert. Il a fallu que les soignants revêtent des sacs-poubelles !

Et rebelote là, durant la guerre en Ukraine, nous découvrons quoi ? Que nous manquons de poudre, de munitions, d’obus, les produits de base pour les affaires militaires.

Cette élite, ces dirigeants, ne nous protègent plus.

Ils ne nous protègent plus sur les médicaments, avec des ruptures en série dans les pharmacies.

Ils ne nous protègent plus sur les factures d’électricité, parce qu’ils l’ont liée au marché.

Dans protéger, il y a « toit », tectum en latin. Eh bien, même sur ça, même sur le toit, ils ne nous protègent plus. Le logement, aujourd’hui, c’est le parcours du combattant. C’est un défilé permanent à ma permanence. Ce sont des jeunes, des jeunes couples, des mamans célibataires qui galèrent. Le pouvoir d’achat, ce sont les loyers, les charges, qui avalent le tiers, la moitié du salaire. Et pourquoi ? Parce que pour l’immobilier comme pour le reste, nos dirigeants laissent faire. Ils laissent faire le marché. Ils laissent l’argent décider.

C’est une faillite. Une faillite de nos élites.

Une faillite qu’on peut décliner.

Une faillite morale.

Une faillite industrielle.

Une faillite budgétaire.

Une faillite politique.

Et même, et même, une faillite géopolitique.

Qui aurait pu prédire ?

« Le monde a basculé », ils nous disent, et tous les médias avec eux, « le monde a basculé » le vendredi 28 février dernier.

Le jour où Volodimir Zélensky s’est fait humilier à la Maison blanche.

D’un coup, c’était la panique. L’Ukraine était lâchée. L’Europe abandonnée. Dans l’urgence, nos grands dirigeants ont enchaîné les sommets, à Londres, à Bruxelles, à Paris, re-à Londres. Ils ont sorti le carnet de chèques, magique le carnet de chèques, avec des centaines de milliards à la clé. Ils ont promis des usines, de canons, d’avions, de munitions, avec un ton martial à la télé.

Mais franchement : comment pouvaient-ils être surpris ?

Donald Trump l’avait dit et promis, lors de tous ses meetings : la guerre en Ukraine, il la règlerait en 24 h.

Il connaissait Vladimir Poutine, ce bon gars, et ensemble ils arrangeraient tout ça. Durant toute sa campagne, il l’avait répété : il ferait la paix en accéléré. Le retrait était annoncé.

Il n’y avait pas besoin des services de renseignements, d’espionnage, de décodeur.

C’était dans tous les journaux.

C’était sur toutes les chaînes américaines.

Mais alors quoi ?

Nos dirigeants sont sourds, aveugles ? Ils ne savent pas lire l’anglais ? Pire, même : Donald Trump est élu. Mais le démocrate Joe Biden est encore Président durant deux mois. On pouvait en profiter, essayer quelque chose pour l’Ukraine, pour l’Union européenne. Mais non. Quelle initiative ils ont prise ?

Aucune. Rien. Absolument rien. Personne n’a bougé.

On dit la politique de l’autruche, mais vous savez que l’autruche, si elle met sa tête dans le sable, c’est pour entendre au loin, par les vibrations du sol. C’est pour mieux réagir, pour mieux fuir. Eux, non. Eux, c’est plutôt le lapin pris dans les phares de la voiture : ils n’ont pas bougé.

Jusqu’au 28 février dernier, donc. Là, d’un coup, c’est le choc, la stupeur, la panique, et les voilà qui s’agitent, les voilà qui agitent la menace, existentielle la menace.

Ca suffit pour moi à leur discrédit. Pour quoi on les paie, pour quoi on les élit ?

Pour savoir. Pour prévoir. Pour nous protéger.

Comment expliquer leur apathie ? Leur inertie ?

Non, ils ne sont pas sourds, pas aveugles. Ce ne sont pas des crétins. Ils ont même tous les bons diplômes, de toutes les grandes écoles, mais ces gens supérieurs avec leurs études supérieures, qui nous battraient à Trivial Poursuite, nos dirigeants n’ont pas vu, pas entendu, ce que voyait l’Américain moyen, ce qu’entendait le Français à peine informé.

« Qui aurait pu prédire… »

Vous vous souvenez : c’était Macron sur le réchauffement climatique.

C’est le même mécanisme, le même déni. « Qui aurait pu prédire ? »

Bah, Monsieur Macron, tous les scientifiques le prédisent depuis un demi- siècle. Tous les citoyens le sentent, le savent, le voient.

« Qui aurait pu prédire ? »

En une génération, la mienne, la vôtre, Monsieur Macron, en une génération, dans notre pays, les oiseaux, les insectes, les mammifères, la vie dans les airs, sur terre, sous terre aussi (j’aime beaucoup les lombrics), la vie a été divisée par deux. Et ça, tous les agriculteurs, tous les apiculteurs, tous les chasseurs, tous les pêcheurs, tous les promeneurs le sentent, le savent, le voient.

Tous, sauf vous, le chef de l’Etat. Comment vous expliquez ça ?

Comment vous expliquez ce mystère ?

C’est qu’il y a une autre faillite de nos élites, plus centrale peut-être : c’est la faillite de leur pensée.

Nos dirigeants ne sont plus adaptés à notre temps. Ils ne correspondent plus à notre monde.

Leur idéologie… parce que ce sont des idéologues, nous sommes, nous, les réalistes, nous sommes, nous, les pragmatiques… Leur idéologie leur met comme un voile devant leurs yeux, qui les aveugle.

Ils raisonnent encore en bureaucrates de la concurrence, en épiciers du marché. Ca les rend inaptes, inadaptés au monde présent, impuissant dans le choc des puissances.

Nuls. Ils sont nuls. Archi-nuls. Ils font pitié.

La renaissance de l’industrie du bidet

Je ne sais pas si vous avez lu ce document, c’est l’Union Européenne, la liste des droits de douane pondue par Von der Leyen pour riposter aux USA. Ça fait une centaine de pages, il y a des milliers de produits qui sont concernés, des produits stratégiques j’imagine. Attention, vous êtes pas prêts : les bidets !

Oui, les bidets, on va taxer l’importation de bidets. Les bûches de Noël, les hosties, les chewing-gum, les dentifrices, les combinaisons de ski, les serpillères, les pantoufles, les tondeuses à gazon et peut-être mon préféré, le renne, la viande de renne.

Voilà comment on va riposter aux Américains. Mais est-ce qu’on a pour projet d’avoir la renaissance d’une industrie du bidet en France ? Non.

Alors pourquoi on fait ça ? Pourquoi elle fait ça Ursula ? Parce qu’elle veut – je la cite – « un protectionnisme de rétorsion ». Alors qu’il nous faut un protectionnisme de construction.

Il nous faut un Etat stratège.

Il nous faut une Europe stratège.

Si on veut maintenir une industrie sidérurgique, si on veut sauver Arcelor, c’est là-dessus qu’il faut protéger. Par des taxes aux frontières. Par des barrières douanières. Par des quotas d’importation.

La Commission devrait se demander : « quels sont les 50, 100, 150 produits sur lesquels on veut retrouver notre autonomie ? » Est-ce que ce sont les aliments ? Les vêtements ? Les médicaments ? Mais non, pour Macron, pour Von der Leyen pour l’Union européenne, rien n’a changé : le libre -échange, c’est le bien.

Les protections, c’est le mal.

Ils refusent les protections.

Ils ne veulent pas nous protéger.

Voilà notre mot clé, notre mot sacré : protéger !

La souveraineté, ils en parlent. Ils en ont plein la bouche. Souveraineté industrielle. Souveraineté de l’énergie. Souveraineté alimentaire. Souveraineté numérique.

Tant mieux s’ils en parlent, parce qu’avant, la souveraineté, souveraineté nationale, souveraineté populaire, c’était être ramené au souverainisme, c’était sale, c’était vilain.

Alors, la souveraineté, tant mieux s’ils en parlent.

Mais ils ne sauront pas la faire. La politique industrielle.

Tant mieux s’ils en parlent, parce qu’avant, l’industrie, ça puait, ça polluait, c’était le passé, dépassé, et limite il fallait s’en débarrasser, et d’ailleurs, ils s’en sont débarrassés.

Alors, la politique industrielle, tant mieux s’ils en parlent.

Mais ils ne sauront pas la faire.

La planification écologique.

Tant mieux s’ils en parlent, parce qu’avant, la planification, c’était le Gosplan, l’Union soviétique.

Alors, la planification écologique, tant mieux s’ils en parlent.

Mais ils ne sauront pas la faire.

Ils ne sauront pas le faire, parce qu’il leur faudrait rompre avec le marché, rompre avec la concurrence, rompre avec le libre-échange, rompre avec leurs dogmes.

Et ça, ils ne peuvent pas.

Alors, voilà notre rôle, voilà notre mission : c’est à nous de le faire.

C’est nous qui allons protéger nos paysans.

C’est nous qui allons protéger nos ouvriers.

C’est nous qui allons protéger nos industries.

C’est nous qui allons protéger la planète, protéger le vivant.

Protéger.

Protéger les Français, les protéger socialement, les protéger écologiquement, les protéger militairement.

Oui, protéger contre les armées étrangères, protéger nos frontières, mais protéger, aussi, contre les puissances du dedans, contre l’argent, l’argent qui veut tout décider, tout imposer.

Voilà notre mot clé, voilà notre mot sacré : protéger !

Notre contrôle d’identité de la France :

Ce sont eux, donc, qui nous ressortent le débat, recuit, resucée de Sarkozy, sur l’identité nationale.

Je vais en parler, de l’identité nationale. Ca ne m’effraie pas, au contraire, c’est une joie.

Mais quand même.

Ils osent tout, et c’est à ça qu’on les reconnaît.

Ce sont les mêmes, les mêmes dirigeants qui, depuis quarante ans, se sont efforcés, justement, de l’affaiblir, cette identité, de la gommer, de l’atténuer, de l’effacer, parce qu’il faut « s’adapter », c’est leur mot d’ordre, « s’adapter à la concurrence », « s’adapter à la compétition ».

Ce sont les mêmes, les mêmes dirigeants qui, depuis quarante ans, ont désarmé l’Etat, ont vidé la Nation, ont transféré ses pouvoirs, sa monnaie, ses frontières.

Ce sont les mêmes, les mêmes dirigeants, qui ont ligoté « la souveraineté nationale », avec au-dessus d’elle, la Commission européenne, la Banque centrale, le Fonds monétaire international, l’Organisation mondiale du Commerce, jamais élus, eux, sans scrutin, sans bulletin, avec derrière une démocratie rétrécie.

Ce sont les mêmes, les mêmes dirigeants qui ont tout fait pour avoir une contrée conforme, une nation chloroforme, une France lisse, jusque dans ses paysages, pays sans paysan.

Ce sont les mêmes dirigeants qui l’ont voulu, que la France se coule dans la mondialisation, qu’elle se noie dans son tourbillon, qu’elle taise ses rebellions…

Finie, l’exception française !

Ce sont les mêmes qui relancent ce débat sur l’identité nationale.

Alors, pourquoi ? Parce que, comme ils sont vides de projet, ils ne peuvent se définir que par le rejet. Le rejet de l’étranger. Ce rejet qui serait, au fond, par la négative, l’ultime manière de nous affirmer.

Avec ce noble dessein de nos dirigeants, trier, séparer « les vrais Français » des « pas vraiment Français », des « Français de couleur », des « Français par hasard », des « Français de papier », sans même parler des « pas du tout Français, et qui ne le seront jamais » !

Au grand soleil d’été qui courbe la Provence

Des genêts de Bretagne aux bruyères d’Ardèche

Quelque chose dans l’air a cette transparence

Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche

Ma France

Notre France, c’est celle de Jean Ferrat, ces rimes qui forment, pour nous, comme un second hymne.

L’ « identité » de la France, la voilà, en huit couplets, avec « cet air de liberté au-delà des frontières », avec « le vieil Hugo tonnant de son exil », avec « des lèvres d’Eluard s’envolant les colombes », avec ses

« artistes prophètes » proclamant « qu’il est temps que le malheur succombe »

Voilà notre France. Quand les petits Bayrou, les petits Retailleau, les petits Bardella, veulent réduire la France, cette grande idée, en un contrôle policier, avec relevé d’empreintes et tests ADN. Quand ils en parlent, non comme d’une chose vivante, présente, mais en entomologistes, comme d’un insecte à disséquer, presque au passé.

Notre France, oui, c’est la France des cathédrales. C’est Notre-Dame célébrée par Hugo, où tous les artisans ont fait un gros boulot.

Notre France, c’est Jeanne d’Arc, la timide, la guerrière, qui entre à Orléans.

C’est le sacre de Reims, c’est le bûcher de Rouen.

Notre France, ce sont les trente mille clochers, au cœur des trente mille villages, et jusque dans l’affiche de François Mitterrand.

Notre France, c’est, surtout, évidemment, la Révolution, ce brasier d’où ont surgi la gauche, la droite, la démocratie, la Liberté, l’Egalité, la Fraternité. Ce brasier, ce brasier qui n’est pas éteint, c’est notre acte de naissance à nous,

Français républicains.

On connaît la boutade de Deng Xiao Ping : interrogé sur le bilan de la Révolution française, il a répondu :

« il est trop tôt pour le dire ».

Mais c’est vrai : car ce souffle se poursuit. C’est à 1789 que, d’instinct, se rallient les Gilets jaunes, eux se définissent comme des nouveaux « sans-culottes », en butte au « roi Macron » et à sa « Brigitte Marie-Antoinette », et dans leurs « cahiers de doléances », ils réclament des « Etats Généraux ».

C’est un feu sacré n’est pas fini, et qui ne doit pas finir !

Notre France, c’est Léon Blum et le Front populaire, une France encerclée par l’Allemagne de Hitler, par l’Italie de Mussolini, prise en étau, entourée de tous côtés. Notre France fait pourtant le choix de la joie, au son de l’accordéon les usines occupées, les vacances à la mer pour les congés payés.

« Connaître sa honte et soutenir sa gloire. »

Notre France, son histoire, elle la regarde en face, jusque dans ses pages sombres.

Nous n’avons pas oublié. Nous n’avons pas oublié la propagande anti-juive, les étoiles jaunes, la rafle du Vel’d’hiv. Nous n’avons pas oublié Pétain, Papon, Bousquet. Notre France le dit avec clarté : plus jamais.

Notre France le dit aussi : la guerre d’Algérie est finie. Oui, la guerre d’Algérie est finie, et on ne la prolonge pas avec de la diplomatie de plateaux télé, on ne la reprend pas, ni d’un côté, ni de l’autre, de la Méditerranée.

Notre France, notre France qui a détruit la Bastille, le dit pourtant : qu’il ait tort ou raison, la place d’un écrivain, d’un Boualem Sansal, n’est pas en prison. On ne fait pas taire Voltaire.

Mais on ne fait pas taire non plus, ici, ni Guillaume Meurice ni Jean-Michel Aphatie.

Vous savez, quand, avec ses Oradour-sur-Glane en Algérie, quand Jean-Michel Aphatie a suscité la polémique, ça m’a rappelé le cinéaste René Vautier, le petit Breton à la caméra rouge – qui m’avait accueilli dans sa maison de Cancale.

C’est le premier à avoir tourné sur la guerre d’Algérie, Avoir vingt ans dans les Aurès, et son film avait fait scandale. Mais avant ça, il s’était rendu en Afrique, dans l’Afrique encore française, encore coloniale.

Il y avait filmé la joie des enfants, les durs travaux, mais aussi les carnages en cours. Et je veux lire son texte, plein d’une saine colère :

« Ici, le chef du village Sikoli Ouattara a été enfumé et abattu d’une balle dans la nuque. D’une balle française. Ici, une enfant de sept mois a été tuée, une balle française lui a fait sauter le crâne. Ici, du sang sur le mur, une femme enceinte est venue mourir, deux balles françaises dans le ventre. Sous cette terre d’Afrique, quatre cadavres, trois hommes, une femme, assassinés en notre nom à nous, gens de France. »

Voilà ce qui le scandalisait, lui, l’ancien résistant : que les balles soient françaises. Que nous qui avions subi l’occupant, nous prenions le rôle du bourreau :

« Les camions militaires surgissent, semant partout la ruine. La ruine et la mort. En notre nom à nous, gens de France. Dinboka, Séguéla, Daloa, Ouaflé, des ruines, des rafles, des fusillades, des noms de villages sonnant aux Africains comme autant d’Oradours. »

C’est lui qui le dit, « comme autant d’Oradours ». Ce n’est pas Jean-Michel Aphatie.

A sa sortie, le film fut interdit, René Vautier poursuivi. Et des militants, des militants communistes, des militants chrétiens aussi, des militants se sont battus, vraiment battus, avec leurs poings, pour que le film soit vu.

Ca dit, pour moi, un éternel combat, entre deux France : la France officielle, en uniforme ou en costume, et l’autre, la nôtre, la belle et la rebelle.

Et notre enjeu, c’est de faire coïncider les deux, que la nôtre devienne l’officielle, même si ça dure peu, même si ce n’est qu’une poignée d’années, un éclair dans la nuit, mais un éclair qui marque les esprits.

Notre France, c’est un « non » qui résonne, en notre nom, à la tribune des Nations Unies, le « non » de Dominique de Villepin et de Jacques Chirac à la guerre en Irak, « non » à la domination « occidentale » du monde.

C’est le « non », encore, du 29 mai 2005, le « non » des petits contre tous les grands, contre tous les grands médias, tous les grands patrons, tous les grands partis du « oui » réunis.

Notre France, c’est le « non » des gilets jaunes sur les ronds-points, « non » à la taxe gasoil, mais au-delà, comme une communion, peuple qui se cherche et se retrouve, « non » à un grand vide politique, non à un grand vide métaphysique, « oui » à une espérance.

Notre France, elle ne se tait pas quand tombent les bombes à Gaza. Notre France, c’est un principe simple : une vie vaut une vie, les larmes d’une mère israélienne valent les larmes d’une mère palestinienne.

Notre France dénonce, condamne, sans hésiter, dès le premier instant, les crimes de guerre, les actes terroristes du Hamas dans les kibboutz, les enfants, les femmes, le millier de civils massacrés.

Et notre France dénonce, condamne, sans hésiter, à chaque instant, les crimes de guerre, les actes génocidaires à Gaza, les millions de déplacés, un peuple traumatisé, martyrisé.

Notre France reconnaît la Palestine comme Etat.

Notre France, ce n’est pas une France qui s’isole et qui s’enferme. Le climat, les pandémies, Internet, la mafia, bien sûr qu’on ne va pas régler ça en Franco-français, derrière une ligne Maginot. Mais on ne va pas attendre, non plus, qu’on se mette à vingt-sept d’accord, ou en G7, ou en G20. L’histoire n’avance pas comme ça, quand elle avance. Elle avance parce qu’un pays ose, et qu’ensuite il entraîne. Il nous faut une France qui ose, et qui entraîne.

Une France qui bouscule, qui bouscule l’ordre du monde, mais qui, à chaque instant, à chaque mouvement, cherche des alliés, des partenaires, avec qui inventer, innover, s’entraider. Une France qui imagine, une France qui porte, avec d’autres, une nouvelle internationale, non plus l’internationale du capital, du libre-échange, de la compétition, mais l’internationale du travail, du juste échange, de la coopération.

Une France qui parle à l’Europe, bien sûr, mais qui parle au sud aussi, qui sert de passerelle et de pont, qui porte cette voix, attendue, espérée, d’indépendance, de liberté, « cet air de liberté au-delà des frontières ».

Notre France, c’est celle des camionnettes jaunes de La Poste, parce que maintenant les camions de la Poste sont blancs, un blanc incolore, inodore, un blanc sans identité nationale. Il nous faut des repères, ils bousillent tous nos repères ! Notre France, ce sont donc des camionnettes jaunes pour La Poste, des camions bleus pour EDF, des timbres rouges sur les enveloppes, et pas des e-timbres sur des e-enveloppes.

Notre France, c’est une France de l’humain en face de l’humain, c’est une France du numérique, oui, d’accord, bien sûr, quand ça simplifie la vie, mais quand ça coince, notre France, ce sont des agents en face des gens, pour les impôts, pour les droits sociaux, pour les départs à la retraite, pour les dossier handicapés, et pas des plateformes, avec des mots de passe, des numéros verts, le dédale de l’informatique qui éloigne la République.

Notre France, ce n’est pas la France qui se sert. C’est la France qui sert.

Elle se serre la ceinture, mais elle sert, elle sert du matin au soir dans les hôpitaux, dans les plateformes logistiques, dans les supermarchés, elle sert sans piquer un billet chez les personnes âgées, elle sert sans passer à la télé, elle sert malgré le crédit à payer, malgré les factures prélevées, elle sert malgré le compte à zéro, malgré la banque qui prend les agios, « ça fera un mois sans restau », elle sert malgré l’inquiétude : est-ce qu’à mes enfants je vais pouvoir leur payer des études ?

« Ma fille veut arrêter ses études. Elle est en école d’architecture. »

C’est un ouvrier qui me confiait ça, à Hautvillers, dans la Somme. Son usine venait de fermer, d’un coup, d’un seul, malgré une année record, malgré le carnet de commande plein. Le fonds américain l’avait décidé : pour optimiser, c’était parti pour la Bulgarie. Auprès du monsieur, je protestais, je m’insurgeais, que sa fille ne fasse pas ça, surtout pas ça, qu’elle n’arrête pas… « On va en discuter à Noël. Ma fille aînée, la grande m’a dit : ‘On va t’aider, papa. S’il faut, on prendra en charge les frais de scolarité…’ » Et lui d’éclater : « C’est pas ça la vie ! Avec ma femme, on travaille dur, depuis toujours… C’est pas à mes enfants d’aider les parents ! » Deux semaines plus tard, j’étais sur une grève, pour une augmentation de 50 centimes de l’heure – qu’ils ont obtenue d’ailleurs. Un salarié me racontait, en aparté : « Ma fille est en terminale, et elle travaille super-bien, tous les profs le disent, mais comment on va faire pour la mettre à l’Université à Amiens ? On a tout calculé, pour payer son loyer, on n’a pas les moyens. »

Alors, notre France, c’est l’école vraiment gratuite, de la petite école aux grandes écoles, ce sont des bourses pour beaucoup, c’est miser sur l’Education comme un atout, et non comme un coût.

Comment vouloir une nation forte sans une école forte ? Il faut des travailleurs formés, qualifiés, du tourneur-fraiseur à l’ingénieur, du charpentier à l’infirmier. Mais depuis des décennies, ils traitent ça comme le reste : en épiciers. Ils ont baissé ses budgets d’un point dans le PIB. Ils ont désorganisé les lycées. Ils ont appauvri l’Université…

Alors que bon, on a un coup à jouer : aux Etats-Unis, Donald Trump fait la chasse aux universitaires, il les injurie, les licencie, il fait la guerre au savoir, la guerre à la Science… L’Europe devrait leur ouvrir les bras! Leur offrir l’accueil, l’accueil… des réfugiés scientifiques! « Bienvenue chez nous, dans la France des Lumières ! Bienvenue au pays de Pasteur et de Voltaire ! » On pourrait aspirer, attirer leur intelligence humaine… Mais non, c’est à l’intelligence artificielle qu’on fait la cour, encore et toujours. Ce sont les patrons, les patrons de Google et de ChatGPT qu’on convie à un sommet. Pas les chercheurs des facultés…

Notre France, c’est le droit au beau, au beau pour tous, au beau partout.

Qu’ont fait les Gilets jaunes sur les ronds-points ? Ils ont fait fleurir des tours Eiffel en palettes, des Pyramides du Louvre en palette, des Arcs de triomphe en palettes, avec un mélange de Facteur Cheval et de Monsieur Bricolage, de l’art bizarre. Ca aurait dû figurer à notre patrimoine, notre patrimoine social.

A la place, le pouvoir a envoyé la police. Les bulldozers ont renversé les Tours Eiffel.

Les tronçonneuses ont découpé leurs sculptures. Les pinceaux ont effacé leurs peintures. Il ne fallait pas seulement réprimer le mouvement, il fallait aussi en faire disparaître les traces. Les Gilets jaunes aspiraient au beau.

« Une Nation ne se redresse pas que par des grands travaux, des barrages hydroélectriques, du boulot. Une Nation se redresse aussi par l’âme. »

C’est Roosevelt, qui affirmait ça, durant la Grande dépression aux Etats-Unis. Et il avait embauché des comédiens, des auteurs, des musiciens, il les avait envoyés à travers le pays.

Alors, pour notre petite dépression… Notre France, c’est l’art qui sort des musées, des théâtres, des cinés. Ce sont des concerts de clavecins devant les supermarchés. Des saynètes de Molière sur les aires d’autoroute. Les faïences de Sèvres à la cantine des usines. Des fresques de couleur pour nos bâtiments gris. C’est la joie, c’est le droit à la joie. C’est la fantaisie de mettre dans nos vies un petit brin de fantaisie, youpi, youpi.

Au cœur de la nuit nazie, le poète et résistant René Char écrivait : « Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la beauté ».

Notre France, c’est celle de Mehdi et de ses copains, qui jouent au foot à Amiens. Dans sa Clio, il se faisait sans cesse arrêter. Il allait à l’entraînement, arrêté. Il en revenait, arrêté. A la mosquée, arrêté. En vélo, arrêté. Un soir, sa mère a vu ça par la fenêtre. Elle avait peur que ça finisse mal. Elle est descendue.

« Ah, vous êtes sa mère ! ils l’ont salué. Mais lui on le connaît, votre fils, y pas de souci, c’est le footballeur. »

-« Bah alors, arrêtez de lui demander ses papiers ! »

Notre France, c’est la fin des contrôles d’identité. C’est une police de proximité, libérée des statistiques, une police guérie de sa « batonnite », un petit bâton pour chaque vendeur de shit. Là aussi, ce sont des agents auprès des gens, qui retrouvent le temps, le temps d’enquêter, d’enquêter sur les gros bonnets, d’enquêter sur les viols, d’enquêter sur les délits financiers.

Notre France, c’est madame Saada, la maman de Aida. La maman de Aida qui accompagne les élèves à la piscine ou au bois, qui vérifie que les ceintures dans le bus sont bien attachées, que Maelys n’a pas oublié son goûter. Et oui, la maman de Aida porte un voile. Mais la République, ce n’est pas de lui interdire, lui interdire de le porter ou de venir. La République, c’est de la remercier, c’est de l’applaudir. De l’applaudir, elle, et les autres papas, et les autres mamans, parce qu’ils préparent ensemble la fête de l’école, parce que pour la tombola ils ont rassemblé des lots, parce qu’ils ont fait des crêpes et des gâteaux, parce que notre France tient comme ça, par en bas.

Notre France, c’est Jean Tenenbaum, dit Ferrat, fils d’Antoinette Malon, originaire du Puy-de-Dôme et de Mnaché Tenenbaum, immigré de Russie, lui qui sera arrêté, parce que Juif, interné à Drancy, déporté à Auschwitz, nuit et brouillard d’où il ne reviendra pas.

Et c’est son fils, malgré tout, malgré ce malheur, malgré cette trahison, c’est son fils, sauvé par des militants, par des communistes, c’est son fils qui va écrire ce chant d’amour à « Ma France ».

Notre France, c’est la France de l’amour, pas de la haine, c’est une France où, à la première génération, un tiers des immigrés se marient avec des Françaises, des Français, sans parent, sans grand-parent étranger. C’est deux tiers pour la seconde génération. Nous sommes, en Europe, les champions du mariage mixte !

La voilà, notre France ! Une France où l’on s’intègre par l’amour, par les bisous, par les câlins. Par les pelles qu’on se roule et les chromosomes qui se mêlent.

Voilà la France qu’on veut. Voilà la France qu’on a. Voilà la France qu’ils ne nous enlèveront pas !

C’est le moment des grands bouleversements

Bon, alors, ça vous a plus ? Ca vous a plus, notre France ?

Qu’est-ce qu’on fait ?

On se croise les bras ? On rentre chez soi ?

On pleurniche sous les draps ?

Bien sûr que le monde va mal.

Mais le monde va toujours mal. Le monde va toujours mal pour les hommes et les femmes qui, comme nous, sont soucieux de justice et de fraternité.

C’est le moment, dans le monde, en Europe, en France, c’est le moment des grands bouleversements.

Nous pouvons les subir, ou nous pouvons les saisir, comme une chance, comme une chance de changement.

Parce que le souci, ce n’est pas la situation, c’est qu’il nous manque une force. Il nous manque une force pour tenter, pour essayer, pour repousser la fatalité.

Il nous manque une force pour saisir la chance. Sans cette force, nous sommes impuissants, condamnés aux défaites.

J’entends évoquer « la magie du second tour » ! On aimerait connaître, déjà, la magie du premier tour… Et il faudrait qu’on s’en remette, donc, à un miracle.

Mais ça n’existe pas, la magie de l’élection. Pour vaincre le Rassemblement national, pour vaincre un parti installé, enkysté dans le paysage, il ne faut pas de la magie, il faut une stratégie.

Qui passe d’abord, à gauche, par l’unité. Qui passe encore, dans le pays, par l’unité, l’unité du peuple, le réunir, le rassembler, et non le séparer, le diviser, le déchirer.

Non, la présidentielle, ce n’est pas Gérard Majax, ou David Cooperfield, à faire sortir des millions d’électeurs comme des lapins d’un chapeau.

A quoi joue-t-on, ici ? On joue avec le feu de l’histoire, on joue avec le tragique, on joue avec des chemins sans retour, on joue avec les Français, on joue avec les immigrés, on joue avec les enfants d’immigrés, parce que ce sont eux, les premiers, en première ligne, ce sont eux qui paieront le prix du pire, ce sont eux qui paieront le prix de la défaite.

Je ne joue pas. Nous ne jouons pas. Nous ne sommes pas venus pour jouer.

Nous ne sommes pas là pour regarder, les mains dans les poches, les pieds dans nos souliers, nous ne sommes pas là pour regarder la machine à perdre.

Je n’aime pas perdre. Perso, dans ma circo, je n’ai jamais perdu.

Mais dans le pays, depuis des décennies, j’en ai marre de perdre.

Aux déprimés, aux résignés, je veux dire : rien n’est perdu, rien n’est fichu.

Souvenez-vous, le 9 juin dernier.

La messe était dite. Les carottes semblaient cuites.

Au soir de la dissolution, Jordan Bardella préparait déjà ses cartons pour Matignon.

Depuis des mois, nos partis, divisés, séparés, se tapaient dessus sur Twitter.

J’étais seul, nous étions seuls, à Amiens, devant la petite salle Bizet, avec mes camarades picards, avec un barbecue qui fumait derrière. C’était la déprime, la dépression.

Et puis, notre cri a résonné : « Front po-pu-laire ! »

Et puis nous avons dit aux partis : « Soyez unis, arrêtez vos conneries. »

Je dis « Nous », parce que oui, je l’ai prononcé le premier, à la télé.

Mais vous étiez des millions derrière à le penser.

Et aussitôt, par milliers, par centaines de milliers, nous avons signé des pétitions. Aussitôt, devant les sièges des partis, nous avons mené des manifestations.

Et en quatre jours, en quatre jours, nous l’avons obtenu.

Un programme en abrégé.

Un partage des circos.

De quoi se mettre en ordre de bataille.

De quoi éprouver de la force, un sentiment de force.

Cette force, ce sentiment de force, on l’a éprouvé partout, même dans les coins les plus durs.

A Noyon, je me souviens, durant les législatives, je me suis rendu à Noyon, dans l’Oise, devant la gare, à 8h du matin. C’est une terre Rassemblement national.

Il n’y avait pas de suspense. Et pourtant, ils étaient deux cents. Ils étaient deux cents, enthousiastes, volontaires, prêts à coller, à tracter, à porte à porter. Ils étaient deux cents, non pas pour gagner maintenant, ils le savaient, mais pour demain, pour se retrouver, pour se redonner de la force, de l’élan.

Ils étaient deux cents, parce que, pour eux, pour moi, pour nous, 2024, c’était un début et pas une fin, le début d’un long chemin.

Trois semaines plus tard, le 7 juillet, nous n’avons pas gagné, ni dans le pays ni à Noyon.

Nous n’avons pas gagné, non, j’ai toujours refusé cette illusion. Mais nous avons évité le pire.

Nous avons gagné un répit, un sursis.

Tout ça, nous l’avons fait en un mois.

Eh bien, cette fois, nous avons deux ans, deux ans, jusqu’en avril 2027, deux ans pour reprendre le même chemin, le même bâton de pèlerin.

Ou peut-être, plutôt que le bâton de pèlerin, le bâton de sourcier, vous savez, le sourcier qui vient, en tâtonnant, avec son bâton, chercher la source d’eau, il nous faut, nous, trouver les sources d’énergie.

Percer au bon endroit. Et en faire surgir comme un geyser, un geyser de désir, contre l’apathie, contre l’inertie, un geyser d’envie, l’envie d’avoir envie comme chantait Johnny.

Il nous faut rebâtir cette force.

Cette force des parapluies de Montreuil, cette force qui rassemble, qui rassemble communistes, socialistes, écologistes, insoumis, insoumis insoumis, une force qui rassemble surtout les sans-parti, les sympas sympathisants, une force qui rassemble les femmes et les hommes de bonne volonté, toutes celles, tous ceux, qui ne veulent plus se laisser glisser sur la pente du pire, une force qui rassemble les premières et les deuxième lignes, les soignants et les enseignants, les caristes et les camionneurs, les auxiliaires de vie et les animateurs, les informaticiens et les comptables, tous les indispensables, une force qui rassemble notre France.

Que la force soit avec nous ! « La force vivante », « la force cosmique », comme dit Luke Skywalkers dans Star Wars.

Ce n’est pas le moment, le moment viendra, mais oui : à cette force, il faudra une incarnation.

Ce n’est pas vrai que l’histoire avance sans leader, sans moteur, sans visage et sans nom.

Ce n’est pas vrai, et encore moins pour cette élection.

Le moment venu, je ne vais pas me cacher derrière mon petit doigt, avec des « on verra ».

Est-ce que je suis sur les rangs ? Evidemment. Ca fait vingt-cinq ans que j’écoute la France, vingt-cinq ans que je la parcoure en tous sens.

Ca fait trois fois que, chez moi, l’extrême droite, je la bats.

Et l’oligarchie aussi, nous l’avons vaincue. Oui : la première fortune de France, le premier flic de France, qui nous font espionner, surveiller, durant trois années. A l’arrivée, le bracelet électronique pour l’un, le ridicule pour l’autre.

Nous avons vaincu l’extrême droite, nous avons vaincu l’extrême argent.

Avec toujours le même scénario, du petit contre le gros, de David contre Goliath.

Alors, je mesure la disproportion. La disproportion entre nous, ici, ce soir, à Montreuil, la disproportion avec notre mission. Nous devons, à gauche, desserrer l’étau entre les trop mous et les trop fous.

Nous devons, en France, desserrer l’étau entre l’extrême-droite et l’extrême-argent.

Nous devons, dans le monde, desserrer l’étau entre Trump et Poutine, entre Milei et Netanyahou.

Nous devons desserrer l’étau pour qu’y apparaisse un rayon de lumière. Il n’y pas besoin d’un grand phare, d’un grand soleil, vous savez : juste une petite lumière, dans un tunnel, tout le monde se dirige vers elle.

Nous devons rallumer cette lumière.

Partons en campagne. Dès ce jeudi, je retourne à Noyon.

Je veux retrouver les deux cents, volontaires, enthousiastes, de ce petit matin.

Je veux avec eux qu’on reprenne le chemin, le chemin du terrain.

Là encore, ce sera un début, et pas une fin, le début d’un long chemin.

Lundi prochain, je serai à Bouvron, chez mon camarade Jean-Claude Raux, ici présent.

Et ensuite en Guadeloupe, en Martinique, parce que « betteraves, cannes à sucre, même combat ! »

Partons en campagne. De Béziers au Pas-de-Calais, de Saint-Denis ici à Saint- Denis à La Réunion.

Partons en campagne, tous les moyens sont bons, avec des matchs de foot et des karaokés, avec des tournois de pétanque et des lotos.

Partons en campagne. Partons en campagne dans les centres sociaux et les bistros, à la rencontre des maires et des assos. Partons en campagne avec vous, chez vous, élus locaux, élus nationaux. Partons en campagne avec une attitude au cœur : transformer la colère en espoir.

Porter de la joie, de la joie, de la joie, nous ne vaincrons que par la joie.

Comme le disait Henri Lefebvre, c’était un philosophe, il a beaucoup écrit sur La Commune – je cite : « Rien de grand dans notre histoire ne s’est fait sans joie, rien de grand ne s’est fait sans désir. On fait la révolution, d’abord parce que c’est une fête ».

Partons en campagne. Faisons la révolution et la fête.

Partons en campagne pour notre France, notre France qui protège, notre France qui partage.

Voilà notre projet, pardon, notre projeeeeeeeeeeet : nous voulons protéger et partager.

Alors, dans toutes les préfectures, les sous-préfectures, partons en campagne.

Qu’on lance des comités, des comités debout, des comités partout. Qu’on fasse des ateliers, avec toujours sous le coude notre petit cahier, pour noter les paroles, les colères, les rêves des Français.

Et je vous propose, à l’été, qu’on se retrouve, à Paris ou ailleurs, avec vos cahiers de doléances, vos cahiers d’espérance, pour des Etats-Généraux.

Ce sera, on dira, notre Parlement debout. Et plus tard, à la rentrée, nous aurons notre équipe de France, l’équipe de Notre France, ce sera notre Gouvernement debout.

Ca vous irait comme calendrier ? Ca vous irait, comme projeeeeeeeeeeet ?

Est-ce que ça va marcher ?

C’est la question qu’on posait à Jean-Paul Sartre, à la fondation de Libération.

Est-ce que ça va marcher ?

Lui répondait : « Je l’ignore. Il faut le faire d’abord. »

Alors, ce soir, à Montreuil,

Nous partons à cinq cents, et par un prompt renfort,

Nous nous verrons des millions en arrivant au port !

Chers camarades, chers amis, ce soir, ce n’est qu’une étape.

La route sera longue, la pente sera rude, on aura le vent de face, on va ramer, on va en suer, mais ce sera une aventure, une aventure, ça signifie qu’on ne sait pas ce qui va advenir, à chaque jour sa surprise, et dans cette aventure, faudra qu’on se marre, comme ce soir, avec des fanfares et de l’espoir, et alors à la fin, à la fin, à la fin…

C’est nous qu’on va gagner !

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