Animateurs : comment on réveille les âmes ?

Les animatrices et animateurs seront en grève nationale, pour la première fois de leur histoire, il me semble, ce mardi 14 décembre. Voici pourquoi je les soutiens.
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D’abord, pour ma fille, à Amiens, qui passe toutes ses soirées au centre. Elle y fait de la peinture sur les murs, du hand, du théâtre… Elle y fait des heures sups, aussi, jusque 18 h 30, palabrant avec ses copines ou ses animateurs.

« Animateur », c’est un très beau mot, je trouve, qui vient du latin « animus », « âme ».  Et c’est une question essentielle, pour les enfants, pour les adolescents, à tout âge en fait : comment on touche leur âme ? Comment on réveille un humain ? Comment, comme dirait Johnny, on lui transmet l’envie d’avoir envie ? Voilà la mission de l’ « animateur ».

Aider l’enfant à trouver sa place parmi les autres

A l’école, les gamins apprennent, ils apprennent à lire et à compter, et mille autres choses. Mais est-ce que tous s’y épanouissent ? Est-ce que tous y prennent confiance ? Non, malgré les efforts des profs, la classe reste un lieu où l’on est noté, jugé, trié. Un lieu habité, possiblement, pour certains, d’une peur, d’une inquiétude, de n’être pas à la hauteur. Et qui, à force, pose sur l’âme comme un voile de tristesse : « Je ne suis bon à rien. »

C’est un poison qui ronge, ne pas s’aimer, se dévaloriser.

Eh bien, il faut à chaque enfant, un lieu, un moment, où il se sente valorisé. C’est un pénalty mis le samedi, sur un terrain de foot, et qui resplendit sur le reste de la semaine. Ce sont des encouragements après un air de flûte. C’est un collier de perles rapporté à sa mère. Il faut ça, à toutes, à tous, hors de l’école, hors de la famille : de la fierté, des instants de fierté, sur quoi s’appuyer, quand la honte nous mine.

Le centre, le centre en soirée, ou le mercredi, ou pour les petites vacances, avec un autre rapport aux adultes, moins hiérarchique, avec plus de proximité, comme avec des grands frères et des grandes sœurs, ça sert à ça : à se construire une confiance. A trouver sa place parmi les autres. A nourrir son envie d’avoir envie. Si l’on gagne ça, dès l’enfance, que de malheurs on s’évite pour la suite ! Que de désespoirs on évite à notre France !

Voilà la fonction, essentielle, presque « spirituelle », oui, que remplissent les animateurs.

Sous-contrats et mini-paies pour les animateurs

Or, comment les considère-t-on ?

Non pas comme un métier, mais comme des bouche-trous. Avec des sous-contrats et des mini-paies (580 € en moyenne). Des formations a minima (lorsqu’il y en a). Chargés de « garder » nos enfants (et d’ailleurs, par souci d’économie, ils auront des groupes de 18, et non plus de 14).

Je laisse aux syndicats, aux collectifs, le soin d’établir les revendications, de les porter, sur leur statut, leurs revenus. Je viens seulement dire aux animatrices, aux animateurs : Soyez fiers ! Soyez fiers de votre métier ! Soyez assurés de votre utilité, elle est invisible, et pourtant immense.

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