Sécurité et précarité

« On ne comprend rien aux classes populaires de notre pays si on n’y place pas au cœur le mot peur. »

Samedi, après notre kermesse de rentrée, je vais remercier les agents de Securitas. Ils sont sept, se mettent bien en ligne, presque au garde à vous, façon militaire. Je leur demande si notre équipe les a bien traités, « oui, on nous a bien nourris, et même le meeting, ça nous a bien plu, alors que c’était notre premier événement politique, qu’on n’avait jamais assisté à ça. »

Bon, c’est bien, voilà du peuple lambda, et notre discours peut passer, ne rebute pas.

« Mais vous êtes en CDI ?, je les interroge. Excusez-moi, je ne peux pas m’empêcher…
– Non, il n’y a que moi en CDI
, répond un peu le chef, j’ai l’impression. Eux sont en CDD.
– Moi, j’ai un contrat de deux mois, qui s’arrête en septembre. Bon, j’espère qu’ils vont me reprendre…
– C’est votre premier CDD ?
– Non, ça fait deux ans comme ça.
– Moi pareil, deux ans de CDD.
– Ah mais vous voyez, je m’exclame, ça ne va pas du tout, ça…
– Eh non, eh non
, ils renchérissent.
– Comment vous voulez vous installer dans la vie avec vos CDD ? Prendre un crédit, avoir une maison ?
– On ne peut pas.
– Et pourtant, pendant le Covid, vous avez continué à travailler…
– Ah ça oui, on n’a pas arrêté.
– On a dit que vous étiez des indispensables…
– Eh oui… »

Je venais de discourir, à la tribune, sur la montée du Rassemblement national, « la peur, la peur qui s’est installée dans les cœurs, et on ne comprend rien aux classes populaires de notre pays si on n’y place pas au cœur le mot peur »… J’en avais un échantillon, là.

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