Prysmian-Draka : où est l’Etat face aux patrons voyous ?

François Ruffin interroge Bruno Le Maire sur le dossier Prysmian-Draka : où est l’Etat ?

Le 20 novembre dernier, à 12h30, les salariés de Prysmian-Draka à Calais recevaient un SMS. Et c’est ainsi qu’ils ont appris la fermeture de leur usine.

Leurs femmes se sont réunies en collectif, et leur porte-parole Sophie Agneray a adressé une longue lettre au président de la République : « L’annonce est tombée : cessation de l’établissement. Sans perte financière, sans aucune raison justifiable, sans raison valable, pour rien. Le groupe Prysmian a utilisé notre territoire, nos compétences, notre énergie, et nous impose un choc. Parce que vous n’êtes pas impuissant comme je le suis, Monsieur le Président. Nous avons besoin de vous. Nous avons besoin de votre aide. Je refuse de croire un instant que notre chef à tous, que notre protecteur, que notre Président sera désintéressé par notre sort à Calais. »

A cette lettre, aucune réponse du chef de l’Etat. Seulement un courrier type de son chef de cabinet, indiquant que le dossier vous a été transmis. Mais quelles nouvelles depuis ? Rien. Aucun ministre, ni de l’Economie, ni de l’Industrie, ni du Travail ne s’est rendu sur place. Personne du gouvernement. Et pourtant, il y aurait à dire !

Le groupe italien Prysmian a fait 1,6 milliard de bénéfices en 2023, et 5,4 millions sur le site de Calais. +400% par rapport à 2022. Et très largement avec de l’argent public : l’Etat a en effet dépensé 3,3 milliards d’euros pour installer la fibre dans le pays. Mais où ces fibres sont-elles désormais produites, très largement ? En Roumanie, et en Chine.

Le rôle de l’Etat, c’est d’être là, quand ça va mal.

Là aux côtés de ces salariés, de leurs compagnes, de leurs familles. 

Pour s’assurer que la France maintienne sa souveraineté sur cette filière stratégique. Pour réfléchir à la reconversion de leur usine, de leurs compétences. Pour chercher des repreneurs, éventuellement.

Là aux côtés des syndicats, aussi. Quand les négociations tournent au vinaigre, quand les actionnaires, qui se gavent de dividendes, ne proposent que des queues de cerises aux futurs licenciés, l’Etat doit s’interposer. Quand le patron refuse de revenir à la table, prétextant des « risques pour sa sécurité », l’Etat doit le rattraper par le col, lui dire ses quatre vérités, lui imposer de négocier.

Monsieur le ministre, depuis le 20 novembre, l’Etat n’a rien fait. L’Etat est aux abonnés absents. L’Etat brille par son silence à Calais, pendant qu’il se pavane, ministres et secrétaires d’Etat tout sourire juste à côté, à Dunkerque, pour annoncer l’ouverture de belles usines toute neuves.

Monsieur le Ministre, où êtes-vous quand les Prysmian ont besoin de vous ? Où êtes-vous face aux patrons voyous ?

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