Mercosur : le président de la République tiendra-t-il ses engagements ?

Emmanuel Macron doit se rendre au Sommet de l'Amazonie. Y tiendra-t-il ses engagements sur le Mercosur, "incompatible avec l'agenda climatique" ? Ou après les sept accords de libre-échange signés depuis 2020, se rangera-t-il derrière Ursula von der Leyen ?

« Par définition, cet accord [le Mercosur], tel qu’il a été conçu et pensé, ne peut pas être compatible avec notre agenda climatique et de biodiversité. Ça n’est pas vrai. »

C’est très clairement que le président de la République, Emmanuel Macron, s’exprimait en en septembre 2021 au Congrès Mondial de la Nature, à Marseille.

Rappelons que le Mercosur contient 15 fois le mot « concurrence », 38 fois le mot « marché », 28 fois le mot « commerce » et seulement 2 fois le mot « climat » et 0 fois le mot « écologie ». Preuve de l’absence de prise en compte des enjeux environnementaux, le traité ne prévoit pas de « conditionnalité tarifaire » liée au respect des principales normes européennes quant à l’usage des pesticides.

Cet accord représente également un grand danger de dumping social pour nos agriculteurs, nos éleveurs en particulier. La Fédération nationale bovine y voit une « catastrophe » avec un quota annuel d’importation en Europe fixé à 99 000 tonnes de viande bovine venant des pays du Mercosur, où les exploitations y sont 15 000 fois plus grandes, avec seulement 7,5 % de droit de douane.

Nous nous félicitions ainsi que le président de la République ait reconnu l’incompatibilité de cet accord avec les engagements de la France, comme l’avait déjà souligné la Fondation pour la Nature et l’Homme ou encore l’Institut Veblen.

Mais voilà que le traité du Mercosur revient sur le devant de la scène. Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, affirmait début février qu’il existait « une fenêtre d’opportunité » pour la ratification de l’accord : « Il nous faut relancer les débats en ce qui concerne l’accord du Mercosur. Parce que le commerce international est essentiel pour aider notre industrie à réduire les coûts, à créer des emplois et à développer de nouveaux produits. »

Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, opinait : « J’espère que nous pourrons finaliser l’accord avant le prochain sommet avec l’Amérique latine qui aura lieu le 17 et le 18 juillet à Bruxelles. »

Olaf Scholz, le chancelier allemand, à son tour : « Notre objectif est d’arriver enfin à une conclusion rapide

Emmanuel Macron doit se rendre prochainement au sommet de l’Amazonie : que va-t-il annoncer ? Se prépare-t-il à valider l’accord avec le Mercosur ?

Pour mémoire : en plein cœur de la crise Covid, en mars 2020, le président de la République déclarait : « Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond, à d’autres, est une folie. »

Depuis, quel changement de politique commerciale avons-nous pu observer ? De nouveaux accords de libre-échange ont vu le jour avec le Japon, Singapour, le Vietnam, le Mexique, le Canada, la Nouvelle-Zélande et dernièrement le Chili. Avec quels résultats ? A la clé, un déficit commercial de 164 milliards d’euros pour notre pays cette année : un record historique !

C’est pourtant là que devrait s’activer la grande « ambition réformatrice » du président de la République : reconstruire notre industrie, garantir notre souveraineté alimentaire, permettre aux agriculteurs de vivre de leur travail. Il est temps de mettre fin au dépeçage de de notre pays.

Alors que Madame la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, était en déplacement au Brésil la semaine dernière, la France va-t-elle tenir ses engagements ? Le Président maintiendra-t-il que « par définition, cet accord, tel qu’il a été conçu et pensé, ne peut pas être compatible avec notre agenda climatique et de biodiversité » ?

Question écrite déposée avec Damien Maudet, député LFI-Nupes de Haute-Vienne.

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