François Ruffin : Monsieur le Premier ministre, hier lundi, vous avez fait le déplacement à Rouen. Humant l’air, vous avez admis des « odeurs très dérangeantes, très pénibles » mais pas « nocives ». C’est votre parole, et à elle seule elle rassure la France. D’autant que vous avez promis, je vous cite : « la transparence absolue. »
Alors, cette transparence absolue, pouvez-vous la faire dès maintenant ? Pouvez-vous nous dire, très simplement : quels produits ont brûlé dans l’incendie de l’usine Lubrizol ?
Elisabeth Borne : Mesdames et messieurs les députés, monsieur le député Ruffin, je crois que le premier ministre vient de répondre très précisément à votre question, en indiquant que l’ensemble des produits qui étaient dans le hangar qui a brulé, seront communiqués par le préfet cet après-midi.
François Ruffin : Non, monsieur le premier ministre ne répond pas à ma question, et vous ne répondez pas à ma question.
Nous sommes cinq jours après cette catastrophe majeure. Si vous voulez lever le voile de suspicion, comment ça se fait que vous avez attendu cinq jours, pour rendre public ce qui va peut-être l’être, la liste de ces produits. Donc je maintiens ma question auprès de vous.
Vous le savez, vous avez cette liste, pourquoi vous ne l’avez pas rendu publique beaucoup plus rapidement ? Pourquoi vous ne la rendez pas publique aujourd’hui dès maintenant devant les députés, et devant les Français ?
Depuis vendredi vous savez, dans l’usine se trouvait l’hydroxyde de potassium, une substance corrosive pour la peau, les yeux, et surtout les voies respiratoires.
Oui ou non, ce produit a-t-il brûlé dans l’incendie ? Oui ou non ?
Dans l’usine se trouvait de l’acide chlorhydrique, principe actif du gaz moutarde, connu depuis la Première guerre mondiale.
Oui ou non, ce produit a-t-il brûlé dans l’incendie ?
Oui ou non ?
Dans l’usine se trouvait des chlorures de soufre, classifiés « matière toxique ayant des effets immédiats graves ». Oui ou non, ce produit a-t-il brûlé dans l’incendie ? Depuis vendredi vous savez, comment expliquez-vous que c’est seulement aujourd’hui que le préfet va rendre publique cette liste ?
Elisabeth Borne : Je pense que le premier ministre vous a expliqué que pour des raisons de sureté, notamment des risques attentat, on ne rend plus publics aujourd’hui les arrêtés des installations classées pour la protection de l’environnement de façon « brut », avec l’ensemble des quantités et des natures de produits stockés sur un site.
Il y a donc en effet, il a donc été nécessaire d’identifier spécifiquement les produits qui étaient contenus dans cet entrepôt, et les quantités des produits qui étaient stockés à cet endroit, en retirant les produits qui ont été évacués pendant l’incendie grâce au professionnalisme des services de secours auxquels je veux à nouveau rendre hommage.
Au professionnalisme également des inspecteurs des installations classées qui ont pu guider l’intervention des pompiers, alors je pense qu’on est face à une catastrophe industrielle, une crise grave qui peut inquiéter les français, qui peut inquiéter en tout cas les Rouennais, et je pense que ça mérite mieux que ces polémique que vous voulez créer, d’autant que toutes les mesures sont faites sur la qualité de l’air en continue, et c’est aussi un progrès que nous pouvons réaliser grâce au retour d’expérience d’accidents antérieurs.
Maintenant, dès le départ les services de l’État sont dotés de capacités pour réaliser des prélèvements et des mesures en continue et c’est ce que nous avons fait, et c’est ce qui nous permet de dire qu’aujourd’hui parmi tous les polluants recherchés, aucun n’est présent dans l’air que respire les Rouennais.