Les ministres de l’Éducation s’enchaînent, les ATSEM restent…

François Ruffin interroge Anne Genetet, Ministre de l’Education Nationale, sur les conditions de travail des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM).

Les ATSEM représentent 57 000 agents, dont 99% sont des femmes. Ces travailleuses du lien se chargent, dans les écoles maternelles, d’accueillir les enfants le matin, de les enregistrer pour la cantine, de les accompagner aux sanitaires, de les faire boire, de les habiller, d’animer les ateliers avec les enseignants, de les réconforter, de suppléer les AESH parce que « on a au minimum trois enfants en difficulté par classe, alors qu’il n’y a que trois AESH dans l’école ».

D’après une récente étude de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales, 62% des ATSEM interrogées estiment que leur travail a un impact négatif sur leur santé physique et /ou psychologique. Près d’une sur deux déclare commencer la journée en étant épuisée. Les risques professionnels, liés notamment au volume sonore, aux infections, aux produits chimiques, sont démontrés. Et loin d’alléger leur travail, on l’alourdit aujourd’hui.

En plus de s’occuper des enfants en classe, elles sont aussi forcées d’effectuer de nombreuses autres tâches : nettoyage de locaux, accompagnement au temps de cantine, accompagnement aux sorties scolaires. Et surtout, désormais, changer les enfants, ce qui change aussi le sens de leur métier.

Une ATSEM, la semaine dernière, à Lisons dans le Puy-de-Dôme me déclarait : « Je fais ce métier depuis neuf ans, depuis quatre ans avec les tout petits. Avant, il y avait comme une condition : ‘On prendra votre enfant à l’école s’il est propre’. Du coup, les parents faisaient un effort. Maintenant, c’est fini… Avant, il arrivait un accident ou deux par jour. Là, mardi, j’en ai changé dix. Avant la sieste, pendant la sieste, après la sieste, ça n’arrête pas. Ça m’épuise. On n’a pas d’endroit pour les changer. Donc, on les met eux debout dans les toilettes, nous à genoux par terre. Pour la première fois de ma carrière, j’ai mal au dos. Et alors qu’on est rentrés que depuis trois semaines…à la place de faire des ateliers peinture, on est dans le caca. Ça décourage, ça fait mal au moral. »

Sur les groupes Facebook d’Atsem, bien des témoignages relatent des situations similaires :

« Classe de Petite section/Moyenne section, des enfants en couches, 8 changes en 1h, des enfants handicapés sans AESH. L’enfer. Plus envie de faire ce métier. Cela devient beaucoup trop difficile. »

« Bilan des 2 premières semaines d’école : suis-je la seule à avoir l’impression d’avoir déjà fait 1 mois d’école. Je suis déjà fatiguée, moralement et physiquement. J’adore mon métier, mais il y a déjà au moins 2 enfants avec des troubles dans ma classe, alors un de plus ça me paraît insurmontable. Je déprime un peu, et franchement, je ne pense pas tenir ce rythme très longtemps. »

Quelles mesures comptez-vous prendre, Madame la Ministre, pour améliorer les conditions de travail des Atsem qui, malgré leur vocation pour ce métier, voient leur charge de travail augmenter, avec une usure de leur santé, physique et psychologique ?

Partager :
Pour me soutenir... faites un don !

Ils sont indispensables notamment pour payer des salariés et des locaux de travail, organiser des événements, acheter du matériel, imprimer des affiches, des tracts… Ils nous aident à financer mon action politique et celle de Picardie Debout !