
Monsieur le ministre,
Lors de vos achats aux Halles de Paris, avez-vous pris le temps de regarder l’impressionnante structure d’acier, que l’on appelle la Canopée ? Avez-vous déjà supporté le Stade Français à Jean Bouin ou le Montpellier Hérault Rugby au complexe Yves du Manoir ? Avez-vous visité le Mucem à Marseille ? Si oui, vous avez pu observer les charpentes métalliques, et imaginer derrière le savoir-faire nécessaire.
Ce savoir-faire, c’est le nôtre. Nous sommes des salariés de l’usine Prafer, dans la petite ville de Woippy, dans l’Est de la France. Nous exportons ce savoir-faire à Edimbourg, au Panama, à Sarrebrück…
Mais bientôt, ces charpentes métalliques ne seront plus qu’un souvenir.
L’usine va fermer.
Quand ? On ne sait pas.
Pourquoi ? On ne sait pas non plus.
Combien ? Ça on sait : ici, nous sommes 43 salariés, plus une quinzaine d’intérimaires. Au total, le groupe KMF veut fermer 11 sites en France, soit 403 salariés.
Vous nous direz : « Ah oui, c’est la crise, on fait tout ce qu’on peut… » Et notre direction a elle-même avancé l’argument du confinement, un rapport d’expertise l’a démonté : chez nous, tout va bien, le carnet de commande est plein. Nous avons d’ailleurs travaillé durant le printemps, avec deux malades du Covid à la clé, l’entreprise se faisant passer pour une quincaillerie, et donc « de première nécessité ». Surtout, l’an dernier, notre société a versé 898 000 euros de dividendes au groupe. A la place d’investir sur le site, à la place de, notamment, assurer notre sécurité…
Du coup, désormais, la direction nous parle de « compétitivité ». Comme chez les Bridgestone. Comme chez Comatelec, pour les luminaires. Comme chez Rosières, pour les fours. Nous sommes sacrifiés sur l’autel des actionnaires, aujourd’hui comme hier, mais maintenant sous couvert de Covid.
Et pendant ce temps, à la télévision, le président Emmanuel Macron déclare que déléguer notre souveraineté à l’autre bout du monde, ou du continent, c’est une « folie ».
Et pendant ce temps, vous répétez « re-lo-ca-li-ser », « re-lo-ca-li-ser », mais la vérité, c’est que la délocalisation se poursuit. Et que vous laissez faire.
Nous vous avons alerté, la Préfecture, l’Etat, Bercy, via notre député : pas de son, pas d’image. Vous n’avez pas bougé le petit doigt. Vous laissez faire les financiers qui nous broient, qui broient notre industrie. Nous sommes abandonnés.
Alors, Monsieur le ministre, pour que vous jugiez une « décision révoltante », il faut combien d’emplois ? Et combien de médias ? Allez-vous enfin intervenir ? Ou ce savoir-faire français, le laisserez-vous périr ?
3 réflexions au sujet de “J’ai écrit en direct question au gouvernement avec les salariés de Prafer”
Bravo continuez, à ne pas se soumettre continuons. Ou bien nous sommes des moutons. Ou bien non. On est pas des moutons. Nous sommes gens capables. Et, par exemple capables de construire des béliers. En avant, aux urnes citoyennes, aux urnes citoyens, les béliers en tête.
Bonjour
Je suis à la retraite mais révoltée de tout ce que j’entends sur les conditions de travail des salariés, de la façon dont on les traite. Pourquoi ne pourrait on pas en France par l intermédiaire de Monsieur RUFFIN par exemple, lancer des emprunts auprès des français pour sauver les entreprises. Avec un livret A rémunéré à 050%, ( on se fout vraiment de notre G..) voilà une action positive, et là les bénéfices seraient pour les employés
Nous prendre en main ! Faire une coopérative de l’usine avec les employés actuels – faire rentrer de actionnaires bénévoles de la France entière. Ne pas laisser partir notre savoir faire. Et chaque fois refuser que le Capital soit le plus fort – Le spolier – Occuper l’usine. Il doit bien y avoir un moyen de se révolter et de réussir à sauver notre outil de travail. Ce sont les ouvriers qui produisent : pas l’argent ni les actionnaires alors démontrons que ce qui est en France est Français et doit rester Français. Vive la révolution !