Inflation : Verallia étrangle les brasseurs indépendants

François Ruffin interroge le ministre de l’Economie sur les profits de Verallia : quand allez-vous cesser d’étrangler les brasseurs indépendants ?

« Le verre a pris 30% en 2022 et encore 27% début 2023 ! Pour nous, les bouteilles c’est 30% des matières premières et approvisionnements ! Et quelques semaines après, Verallia a annoncé ses chiffres : +40% de bénéfices ! Alors soit ils ont fait ce profit sur notre dos, soit c’est sur l’argent public, car ils ont bénéficié du bouclier tarifaire sur l’énergie. »

C’est Marie, brasseuse artisanale dans l’Ariège, qui me racontait ses déboires. Elle est obligée d’augmenter ses prix deux fois par an depuis la guerre en Ukraine : « Contrairement à Verallia, je préviens mes clients ! Mais on constate qu’il y a une forte baisse des ventes sur les bouteilles. »

C’est la même crainte pour Mathilde, brasseuse dans la Somme : « Depuis la guerre en Ukraine, tout augmente, les matières premières comme les céréales, les levures, le houblon… Et évidemment l’énergie, le gaz pour chauffer les cuves, l’eau… Mais le pire, c’est les bouteilles en verre. On a un fournisseur unique, Verallia, qui a augmenté ses prix de 20 à 30% ! Là on va être obligés de suivre, d’augmenter nos prix de 10% minimum si on veut pouvoir s’en sortir. Mais on a peur de perdre nos clients. »

Dans un communiqué reçu à ma permanence début mars, le Syndicat national des brasseries indépendantes revenait sur ces pratiques commerciales des leaders de la bouteille en verre :

« En cette période de crise énergétique, nos TPE brassicoles subissent des hausses successives non-négociables du prix des bouteilles de verre allant jusqu’à 60% depuis janvier 2022. Parallèlement à cela, des entreprises productrices de bouteilles en verre annoncent des bénéfices records de l’ordre de +40%. Sur les bouteilles en verre, qui représentent les 2/3 de notre prix de revient, nous subissons donc des hausses décorrellées du contexte énergétique pour le seul bénéfice de l’industrie verrière. »

Car Verallia, dont l’Etat est actionnaire par le biais de la BPI, se porte très bien. En témoigne l’autosatisfaction de son Directeur général Patrice Lucas, sur le site internet du groupe :

« Hausse du chiffre d’affaires à 3 352 M€ (+25,3 %). Progression du résultat net à 356 M€ (+42,7 %). Je suis très satisfait des résultats de l’année 2022 illustrant la pertinence de la stratégie du Groupe et l’agilité dont ses équipes ont su faire preuve dans un environnement particulièrement volatile. »

« Volatile », l’environnement l’est « particulièrement » pour les artisans qui subissent une inflation à deux chiffres et doivent la répercuter avec la peur de perdre des clients. Alors que, selon l’INSEE, « les marges des entreprises ont contribué pour plus d’un tiers (37 %) à l’inflation. » Le gavage par les grandes entreprises a donc généré une boucle « prix / profits ».

Mais la bonne nouvelle, Monsieur le Ministre, c’est que dans le cas de Verallia, pour une fois, vous n’avez même pas à « demander » quoi que ce soit en espérant qu’on vous écoute. En tant qu’actionnaire de l’entreprise via la BPI, vous pouvez agir. Alors, agissez. Mettez fin à cette boucle « prix / profits » dans le secteur du verre. Réinvestissez les bénéfices dans l’outil de production. Indexez les salaires des ouvriers de Verallia sur l’inflation. Et cessez d’étrangler les petits indépendants.

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