« Regardez ce poulet, nous l’avons acheté dans une grande surface, il est vendu comme français. Mais en fait, vos élevages intensifs sont très dépendants d’importation de soja, de maïs venant du Brésil, avec dedans de la déforestation importée.
Les peuples autochtones, nous sommes les grands oubliés autochtone de la politique agro-industrielle du Brésil, et notamment le Cerrado. On parle de l’Amazonie, que l’on veut protéger, mais pas de notre région… alors qu’on déforeste trois fois plus vite chez nous qu’en Amazonie. Chaque mois, chez nous, c’est la taille de Paris qui disparaît en forêts. Les pesticides empoisonnent notre sol, notre eau, et lorsqu’on proteste, il y a des assassinats.
Je veux que vous compreniez ça : Le soja qui arrive en Europe vient avec le sang des autochtones. Parce que durant les années Bolsonaro, c’est par la terreur qu’on nous a chassés. Pour avoir des exploitations gigantesques : une seule ferme de l’état de Baya produit 10% de l’importation de soja en France.
Que deviennent les fermiers traditionnels ? Ils sont expulsés du territoire, ou alors on les embauche pour épandre les pesticides.
Or, le Mercosur ne protège pas les droits humains. Il n’y aucun dialogue avec la société civile. Avec notre vulnérabilité, nous mettons beaucoup de pression pour qu’il ne soit pas signé en l’état.
Nous avons besoin d’une position claire des parlementaires et du gouvernement français. C’est indispensable. Pour que, a minima, le Cerado soit inclus dans la révision du règlement européen. Pour que le Mercosur prenne en compte la déforestation, mais aussi le quasi-esclavage, l’oppression des autochtones. »
Ce texte rassemble les témoignages de Dinaman, Lourdes, Guilherme, Isabel, Eliane, Kamikia, Karina et Mariana, venus du Cerrado.
Merci à Boris Patentreger de l’association Mighty Earth, et à Emma pour la prise de notes.