« L’anguille est classée comme « en danger critique d’extinction ». Elle est encore plus menacée que l’ours polaire ou le tigre du Bengale. » C’est un cri d’alarme que lance, à ma permanence, Michel Blondin, représentant des pêcheurs à la ligne du Ponthieu. Et que confirme l’Inventaire Nationale du Patrimoine Naturel (INPN) : l’Anguilla anguilla est sur la « liste rouge mondiale des espèces menacées », « liste rouge européenne des espèces menacées », « liste rouge des poissons d’eau douce de France métropolitaine »…
La cause principale de cette quasi-disparition est connue : la pêche à la civelle. Ces bébés anguilles, pêchés dans les estuaires des fleuves, sont vendus entre 1000 et 2000 euros le kilo sur le marché asiatique. Mais à force de pêcher ces alevins, ils sont de moins en moins nombreux à remonter les fleuves et à devenir des anguilles adultes. Dans la Somme, on constate une disparition de l’anguille. Et avec elle, c’est une partie de notre culture locale, une tradition culinaire qui disparaissent.
Pour y remédier, selon le Conseil international pour l’exploration de la mer, indique : « les captures d’anguilles devraient être nulles dans tous les habitats. Cela s’applique à la fois aux captures récréatives et commerciales et inclut les captures de civelles pour le repeuplement et à l’élevage. »
Pourtant, c’est uniquement aux pêcheurs à la ligne amateurs que l’on s’attaque : « restriction des périodes de pêche, suppression de la pêche de nuit, suivis des populations et des biotopes ».
Les collectivités ont beau investir des millions depuis des années pour améliorer la qualité de l’eau (stations d’épuration, interdiction de rejets de produits toxiques, multiplication des contrôles…) et faciliter la circulation de l’anguille (passes à poissons, nouveaux types de barrages…), rien n’y fait.
Madame la Ministre, qu’allez-vous faire pour faire revenir l’anguille dans nos rivières et nos étangs ? Allez-vous continuer à restreindre la pêche de loisir, qui, en réalité, n’existe déjà quasiment plus du fait de la quasi-disparition de l’anguille ? Ou allez-vous prendre des décisions qui s’imposent pour traiter le problème à la racine, par un moratoire sur la pêche à la civelle et la lutte contre le braconnage ?