Pour une fête des maires !

Les maires, c'est la République du quotidien. La commune, c'est la République qui tient. Quand la France craque d'en haut, quand vous faites craquer la France, les maires la recousent, la retissent d'en bas.

La cantine, le repas servi le midi aux petits, c’est la commune. La salle de classe, l’Atsem qui s’occupe des enfants, c’est la commune. Le comité des fêtes, les clubs de sport, le repas des aînés, c’est la commune. Les bus, les rues, les trottoirs, de la crèche jusqu’au cimetière, c’est la commune.

La commune, c’est-à-dire le maire, ou la maire, son secrétaire, ses adjoints. Le maire qui, après le 14 juillet, rempile les chaises, ramasse les papiers, avec un employé. Le maire qui, un samedi soir arrosé, intervient entre deux voisins pour rétablir la paix. Le maire qui se débat dans les dossiers, les courriers, pour une famille en difficulté, pour sa piscine, son marais, pour un projet.

Le maire qui cherche quoi, au fond, dans mille endroits ? A animer sa ville ou son village, mot merveilleux « animer », donner de la vie, réveiller les âmes, pour éviter que sa commune ne se mue en mouroir, ou en cité-dortoir.

La commune, c’est la République du quotidien.
La commune, c’est la République qui tient.

Oui, quand la France va mal, quand la France se déchire, les maires sont là. Pour réparer, à proximité. Quand les Gilets jaunes prennent les ronds-points, qui les écoute ? Pas le président, qui soliloque depuis l’Elysée. Non, les maires, qui ouvrent leurs mairies et des cahiers de doléances.

Quand le Covid survient, quand l’Etat ferme tout, qui maintient le lien ? Qui apporte des paniers aux plus âgés, qui se soucie de leur santé ? Les maires, encore. Et les centres de vaccination, qui les met sur pied ? Les maires, toujours, leurs équipes, les communes.

Quand les banlieues brûlent, quand trop de frustrations, trop d’humiliations s’accumulent, quand l’injustice prend un nom, Naël, qui appelle-t-on à la rescousse ? Les maires, les maires comme pompiers de la paix, les maires encore respectés, et un calme, oh un calme précaire, un calme incertain, mais un calme revient.

Oui, quand la France craque d’en haut, quand vous faites craquer la France d’en haut, les maires la recousent, la retissent d’en bas. Dans l’ombre, en silence. Mais pour cela, quelle récompense ?

L’Etat se retire, comme on le dit de la mer, l’Etat ferme ses maternités, ses hôpitaux, ses écoles… Et quand l’Etat se retire, que reste-t-il ? La commune.

La commune qui tente de palier, d’inventer. Contre les déserts médicaux, ce seront, ici, des locaux offerts pour un gynéco, ce sera là-bas un centre communal de santé, avec des médecins salariés. Contre la pauvreté, qui s’installe, qui monte, la commune offre le matin des petits déjeuners, les fournitures scolaires à la rentrée.

Il faut faire plus, puisque l’Etat fait moins. Mais il faut faire plus avec moins ! Parce que l’Etat se retire, mais il retire aussi ses finances. 

L’Etat prive les communes de leurs ressources, les place sous dépendance. C’était, le quinquennat dernier, la Taxe d’Habitation supprimée, 23 milliards d’euros. C’est, désormais, la Contribution sur la Valeur Ajoutée qui diminue, qui disparaît, 11 milliards d’euros. Avec la promesse, bien sûr, que tout sera compensé, « à l’euro près ».

Mais à l’arrivée, quoi ? A l’arrivée, tout est raboté, les budgets sont rétrécis, racornis. A l’arrivée, c’est le « grand hold-up », comme le dénonce l’Association des maires de France. A l’arrivée, c’est l’inflation qui bondit, et avec, les factures d’énergie des mairies, et avec, le point d’indice des fonctionnaires, et la Dotation Globale ne suit pas, loin de là. A l’arrivée, ce sont des investissements, pour la transition écologique, pour la rénovation des bâtiments, ce sont des investissements qui ne se feront pas. A l’arrivée, c’est l’Etat qui réduit ses crédits ici.

Mais jamais ça ne suffit. L’Etat se retire, l’Etat retire des finances. Mais il faut en plus que l’Etat méprise, il faut que le chef de l’Etat humilie.

C’est l’appel de Grigny, avec des maires de droite, de gauche, tous unis, qui lancent un cri, un « au secours », et rien. Rien, le plan Borloo pour les banlieues abandonné, flingué en direct depuis l’Elysée. Et les émeutes de l’été dernier n’ont rien changé. Les mêmes maires, de droite, de gauche, tous unis, lancent un nouvel appel, solennel, depuis Lyon, mais toujours dans le désert. Macron ne répond plus.

Il répond, en revanche, à la télévision : « Les hausses d’impôt, ce sont vos élus locaux ! accuse-t-il. La taxe foncière, c’est votre maire ! » Alors que c’est votre majorité, ici, dans cette Assemblée qui l’a votée. Alors que le président de la République, lui, pour son palais de l’Elysée, a relevé son budget de 8 millions, + 7%, au-delà l’inflation. Alors que le chef de l’Etat, lui, ne sort de ses dorures que protégé, protégé des Français par mille policiers.

Le maire n’a rien de tout ça. Le maire se présente seul, nu, sans armure, sans armée.

Alors, pour eux, pour elles, ici, nous réclamons moins de formulaires, moins d’appels à projets, mais l’indexation des dotations, mais l’autonomie fiscale, mais le rétablissement de la CVAE…

Et aussi, pour ces premières lignes de la République, nous proposons une fête des maires. Que, une fois par an, ces élus à portée de main des citoyens soient aussi à portée de câlins, de soutiens de leurs concitoyens !

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