Maires : vers une crise des vocations ?

François Ruffin interpelle Madame la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales sur l’explosion des coûts liés à l’énergie pour les communes. Et sur la crise des vocations qui pourrait s’ensuivre.

« Cette année, on doit renouveler nos contrats sur l’énergie. C’est vraiment pas de chance que ça tombe là : le prix de l’électricité va être multiplié par trois, le gaz par cinq. Pour une petite commune comme la mienne, c’est + 350.000 € par an. C’est la somme qu’on alloue d’habitude à l’investissement, à nos projets sympas. On va devoir se priver, pas seulement sur la voirie, mais surtout sur ce qu’on aime : le projet de terrain de basket 3v3, l’extension de la mairie pour accueillir France Services. Pendant des nuits, je n’en ai pas dormi. »
Julien Kerguillec, maire de Pleybert-Christ (29), 3000 habitants.

« On vient de lancer un appel d’offres et EDF, le moins cher, nous annonce 1 860 000€, c’est 600% d’augmentation ! Comment on va tenir si l’Etat ne met pas la main à la poche ? »
Laurent Jacques, maire du Tréport (76), 4900 habitants.

Pour les élus locaux, c’est la double peine : après avoir participé, avec leurs services, à tenir le pays debout pendant la crise du Covid-19, les voici confrontés d’un côté de nouveau à du stress, des nuits blanches, des dilemmes. « Depuis 2 ans, on ne fait que du fonctionnement, on ne peut quasiment plus porter de projets. Bref, on ne gère plus que les emmerdes. »

Au-delà du matériel, des cantines, des routes, etc. j’alerte sur un désarroi « spirituel » : la crise des vocations. Une crise des vocations que connaît déjà l’hôpital. Une crise des vocations que connaît l’école. Bientôt au tour des mairies ? Va-t-on dégoûter les élus de leur mandat ? C’est un bon bout de la France d’en bas qui tient par là, par ce mystère, ces hommes et ces femmes qui choisissent de s’engager pour leur village, leur bourg, d’y consacrer leurs soirées, leurs week-ends, soufflant rarement. Dans le Morbihan, par exemple, ce sont 15% des élus municipaux qui ont démissionné depuis 2020 ! « Si ça continue, si on ne peut plus mener de nouveaux projets, inventer, innover, ça va être la déprime. Là on a réduit tout au maximum : je ne vais quand même pas couper le chauffage dans les écoles et les EHPAD. Mais quand je croise la sous-préfète, elle me dit : « Croyez bien que si j’avais du nouveau, je vous aurais appelé » », rapporte le maire de Pleybert-Christ.

L’Etat a proposé un bouclier tarifaire appliqué à une double condition : que les communes aient moins de dix salariés et un budget inférieur à deux millions d’euros. Pour les autres, la très vaste majorité, l’Etat est aux abonnés absents, les laisse se débrouiller seuls.

Aussi, sur le plan financier, nous réclamons un minimum : étendre ce bouclier tarifaire, pour limiter la casse. Et indexer la dotation générale aux collectivités sur l’inflation. De quoi remettre du baume aux cœurs.

Monsieur Ruffin souhaite savoir ce que Madame la ministre compte faire sur le sujet.

Partager :
Pour me soutenir... faites un don !

Ils sont indispensables notamment pour payer des salariés et des locaux de travail, organiser des événements, acheter du matériel, imprimer des affiches, des tracts… Ils nous aident à financer mon action politique et celle de Picardie Debout !