La France prend-elle des cours au Tchad ?

L'État français prend-il des cours de gestion musclée de l'opposition au Tchad ?

M. François Ruffin interroge M. le Premier ministre sur l’intervention militaire au Tchad.

Nous avons reçu, via le président de l’assemblée nationale, un courrier du gouvernement nous informant de l’intervention des forces armées au Tchad, à la demande de Idriss Deby. Sollicité par diverses ONG, nous voulons en savoir plus. Selon nos informations, cette intervention consiste à bombarder une colonne du groupe rebelle de l’Union des Forces de la Résistance (UFR) au nord du Tchad. L’opposition politique et de nombreuses organisations de la société dénoncent une nouvelle ingérence de la France dans les affaires politiques internes du pays. A priori, l’opération Barkhane vise à combattre des groupes armés terroristes, pas à soutenir les régimes politiques en place.

Si la lettre du Premier Ministre aux présidents de l’Assemblée et du Sénat et la demande d’intervention de l’Etat tchadien donnent l’apparence d’une légalité à l’opération, la réalité, c’est surtout le grand flou autour des accords militaires qui lient la France aux pays africains, et en particulier au Tchad. Seul un accord de coopération militaire de 1976 est accessible et il n’encadre ni ce type d’intervention, ni le stationnement de forces armées françaises au Tchad. Alors que le président de la République s’affiche comme le héraut du multilatéralisme et du respect du droit international à la tribune des Nations unies, en vertu de quels accords la France intervient militairement sur le territoire ?

Nous ne soutenons pas plus l’UFR que de M. Deby, mais force est de constater que M. Deby bénéfice d’un soutien complaisant et incohérent avec les valeurs affichées par le Président de la République. Arrivé au pouvoir par les armes, le Président Idriss Deby musèle toutes les voix contestataires dans son pays depuis 28 ans. 70% des Tchadiens n’ont connu qu’Idriss Deby au pouvoir, c’est comme si nous étions encore sous Mitterrand… Si seulement, c’était pour son génie politique, mais plus de 60% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Depuis mars 2018, les réseaux sociaux y sont interdits d’accès, et la société civile réprimée. L’Etat a-t-il envoyé nos troupes dans un souci démocratique ? Auquel cas, nous voulons connaitre le cadre et la légitimité de cette action. Ou a l’inverse, l’État français prend-il là-bas des cours de gestion musclée de l’opposition et de la société civile?

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