Jasmine, auxiliaire de vie : « Pour payer l’essence, j’ai pris sur mon livret A »

« Le barème kilométrique n’a pas bougé depuis plus de quinze ans, il est resté bloqué à 35 centimes. Alors que le prix du gasoil a bien grimpé. Alors que nous avons entre 200 et 800 kilomètres à faire, chaque mois, entre les domiciles. Et sur des routes de montagne, en plus, ça use les pneus… »

François Ruffin interpelle le ministre des Solidarités sur le barème kilométrique des auxiliaires de vie.

« Quand l’essence était à 2,13 €, j’ai piqué 150 € sur mon livret A, pourtant pas trop gros, pour aller travailler… »

Jasmine exerce comme auxiliaire de vie sociale au Vigan, dans le Gard, à l’association Présence 30. Et avec ses collègues, toutes portent une demande commune : « Le barème kilométrique n’a pas bougé depuis plus de quinze ans, il est resté bloqué à 35 centimes. Alors que le prix du gasoil a bien grimpé. Alors que nous avons entre 200 et 800 kilomètres à faire, chaque mois, entre les domiciles. Et sur des routes de montagne, en plus, ça use les pneus… »

Comme partout, le recrutement d’aides à domicile est devenu un souci : « Une personne âgée m’appelle, raconte Jessica, et elle me dit : ‘Je ne veux pas aller en structure, je veux mourir chez moi.’ Mais moi, je suis obligée de lui répondre quoi ? ‘Je n’ai pas de place dans mon planning.’ Parce que nous manquons de personnel. C’est devenu un souci de santé publique : les hôpitaux poussent les personnes âgées dehors, mais ici, sur la commune, les trois associations sont pleines, ne peuvent pas prendre de nouveaux dossiers…
– Qu’est-ce qu’il faudrait faire, alors ?
– Rendre le métier plus attirant. Mais là, tout de suite, pour qu’on ne perde pas en plus des auxiliaires, l’urgence, ce sont les frais kilométriques… »

Le rapport que nous avions rendu avec Bruno Bonnell sur « Les Métiers du lien » soulignait déjà ce souci : « La convention collective nationale de la branche de l’aide, de l’accompagnement, des soins et des services à domicile prévoit, pour l’utilisation d’un véhicule automobile, une indemnisation de 0,35 €/ km ; la convention collective nationale des entreprises de services à la personne prévoit une indemnisation de 0,22€/ km ; le barème kilométrique publié chaque année par l’administration fiscale une indemnisation, pour les trajets jusqu’à 5 000 km, ne pouvant pas être inférieure à 0,45 €/ km. »

Monsieur le ministre, les Françaises et les Français doivent vivre de leur travail, de leur salaire. Et d’autant plus les professions les plus essentielles, les plus indispensables. Mais qu’au moins elles ne mettent pas de leur poche, quasiment, pour les déplacements. Que comptez-vous faire pour que leur indemnisation s’aligne, au minimum, sur le barème de l’administration fiscale ?

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