François Ruffin interroge monsieur Edouard Philippe, Premier ministre, sur la rencontre entre le Président de la République et les dirigeants de l’industrie pharmaceutique.
Cette rencontre ne figurait pas dans l’agenda officiel de l’Elysée : le lundi 9 juillet, juste après le Congrès, le président de la République recevait les membres du Dolder, c’est-à-dire les vingt-cinq patrons des plus importantes entreprises pharmaceutiques mondiales. Et au premier rang, le directeur général de Sanofi, Olivier Brandicourt, qui accueillait ses collègues à Paris.
Le lendemain, aucun compte-rendu de ces discussions n’apparaissait sur le site officiel de la présidence de la République.
Le député souhaiterait donc être éclairé : quelles questions furent abordées entre les géants du médicament et M. Emmanuel Macron ?
Le scandale Dépakine ?
Le 22 juin dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament a publié, pour la toute première fois, les chiffres officiels du nombre de victimes de la Dépakine. Son rapport situe ainsi entre 16 600 et 30 400 le nombre d’enfants atteints de troubles mentaux et du comportement après avoir été exposés au valproate de sodium (molécule de base de la Dépakine) dans le ventre de leur mère ces cinquante dernières années.
Nous souhaitons savoir si ce point a bien été abordé lors du dîner du lundi 9 juillet. Nous n’en avons en effet trouvé aucun écho dans la presse.
Jusqu’ici, le groupe Sanofi refuse d’abonder au fonds d’indemnisation des victimes de la Dépakine, dont les besoins sont estimés à six milliards d’euros.
Nous souhaitons savoir si ce point a bien été abordé lors du dîner du lundi 9 juillet. Nous n’en avons en effet trouvé aucun écho dans la presse.
2000 postes de chercheur supprimés
Ces huit dernières années, quelque 2000 postes de chercheurs ont été supprimés par le groupe Sanofi dans notre pays, malgré 130 millions d’euros perçus annuellement en Crédit impôt recherche. Au niveau mondial, ce chiffre s’élève à 4000 postes supprimés.
Nous souhaitons savoir si ce point a bien été abordé lors du dîner du lundi 9 juillet. Nous n’en avons en effet trouvé aucun écho dans la presse.
L’usine Mourenx
Ce même lundi 9 juillet, l’Association France Nature Environnement portait plainte contre le site Sanofi du bassin de Lacq à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques) qui fabrique la Dépakine. L’usine aurait rejeté, en avril, jusqu’à 190 000 fois la norme autorisée de bromopropane, substance classée comme cancérigène mutagène et avec des effets susceptibles d’altérer la fécondité. Le site rejetterait aussi du valproate de sodium à hauteur de plusieurs tonnes par an. Les services de l’Etat avaient de fait, en avril 2018, mis en demeure le groupe Sanofi de respecter les valeurs limites d’émission de différents composés organiques volatils (COV) sous trois mois sous peine de fermeture administrative. Le groupe Sanofi a finalement décidé le lundi 9 juillet au soir de fermer sine die l’usine de Mourenx.
Nous souhaitons savoir si ce point a bien été abordé lors du dîner du lundi 9 juillet. Nous n’en avons en effet trouvé aucun écho dans la presse.
Dolder bis
Le lendemain, mardi 10 juillet, c’était re-belote.
Les membres du Dolder se retrouvaient à nouveau, mais sous votre égide cette fois, au Conseil stratégique des industries de santé, instance de dialogue entre l’Etat et les entreprises du secteur.
Vous y avez annoncé des mesures en faveur de l’industrie pharmaceutique : délais raccourcis de mise sur le marché, diminution des contraintes de commercialisation, ou encore garantie d’un taux de croissance minimal de 0,5 % par an minimum sur les trois prochaines années pour le chiffre d’affaires des médicaments remboursables. Des décisions largement saluées par le Leem, le lobby français des entreprises pharmaceutiques.
Mais n’avez-vous pas oublié les autres sujets ? Ou avez-vous fait silence sur ce sujet, considérant – comme dans l’hémicycle le 17 octobre dernier – qu’on ne doit pas » dénigrer une entreprise française qui fonctionne bien » ?