« Nous n’augmenterons pas les lits car s’il y a plus de lits, il y aura plus de malades. »D’abord le déni, ensuite la panique, l’entêtement, puis les effets d’aubaines. Barbara Stiegler décrypte les premiers mois de la gestion sanitaire par le pouvoir…
Les cinq stades du Macronisme
Ce que je décris n’est absolument pas le sujet d’un grand complot, c’est au contraire un pouvoir qui d’abord est dans le déni. Qui ne veut pas de ce virus. Ca ne l’arrange absolument pas. Ce virus vient l’embêter au plus haut point puisqu’il impliquerait de fermer les frontières. Enfin, le cauchemar de n’importe quel néolibéral comme Macron. C’est le déni absolu. Rien n’a été prévu de cette sorte.
Ensuite, quand il commence à entrevoir quelque chose, c’est la panique et comme c’est la panique c’est des décisions extrêmement brutales qui sont prises d’une heure à l’autre. Très probablement, il a changé d’avis en deux jours ou en quatre heures, puisqu’il va au théâtre ostensiblement en disant : « Nous ne changerons rien. » Tout ça s’est joué en peut-être quelques nuits d’insomnie, on n’en sait rien, mais c’est allé extrêmement vite. C’est tout sauf une stratégie. S’ensuit une grande panique, une grande peur.
Et puis ensuite, c’est un entêtement, un entêtement dans les mêmes schémas, c’est-à dire : bon, maintenant, j’ai un virus, une pandémie, quelque chose de très grave. Je vais garder les mêmes manières de penser et essayer de les transposer. Et c’est ça qu’il n’a pas cessé de faire.
Exemple : il faut supprimer des lits. On continue à supprimer des lits. Si quelqu’un le dit comme le directeur de l’ARS du Grand Est, on le limoge. Mais le but c’est évidemment de continuer cette politique de restriction.
Et comme le dit Jean Castex, je trouve ça tellement drôle : « Non, nous n’augmenterons pas les lits, car si nous augmentons les lits, il y aura plus de malades. » Je trouve ça très drôle. Depuis, je n’arrête pas de faire des blagues du genre : « Je ne vais pas faire des courses pour mes enfants, sinon ils auront faim. » C’est tellement incroyable. Ça dit à quel point leur vision du monde est la même avant et après. On s’entête, on s’entête.
Et effectivement, j’en viens à l’occasion qui fait le larron. Dans cet entêtement, par moment, on trouve des effets d’aubaine. On ne sait pas vers quoi ça nous mène, mais on les prend.
Par exemple, la transition numérique, c’est leur obsession parmi d’autres depuis qu’ils sont arrivés au pouvoir, l’idée c’est d’imposer la transition numérique partout. Ca s’appelle le virage d’une certaine vision, d’un virage numérique complètement préformaté et conduit de telle sorte qu’il standardise les pratiques, qu’il réduise énormément les coûts, qu’il atomise les individus, etc. C’est un certain usage du numérique qui, à mes yeux, est totalement délétère et qui est imposé partout dans les administrations, dans l’éducation, etc.
Et là évidemment, le virus a été l’occasion de déployer cela. Mais ça n’a rien à voir avec un complot. Ça n’a rien à voir avec un complot parce qu’il n’y a pas de sujet omniscient qui mènerait, qui nous mènerait telles des marionnettes d’en haut. Ça, c’est un fantasme infantile.