Je veux dire que j’éprouve, comme j’imagine une bonne partie des Français, un sentiment d’usure entre le confinement, le déconfinement, le reconfinement, le redéconfinement, le couvre-feu à 20h, puis à 18h, comme une fatigue générale qui s’installe et qui pèse sur les âmes. Les choses doivent être discutées beaucoup plus collectivement et non pas en attendant toujours ce qui va tomber des lèvres du président de la République à 20h pour savoir à quelle on va être déconfiné ou pas. J’avais déjà demandé à l’automne une Convention citoyenne sur le coronavirus, c’est-à-dire, avoir un lieu de débat sur l’ouverture ou non des amphis, par exemple, que ça ne soit pas décilé seul. Un débat sur l’université, avec les étudiants, sur les cinémas avec les salles de distributions.
Covid et démocratie
Car ça fait un an qu’on nous dit qu’il y a des décisions urgentes à prendre, un an qu’on est toujours dans l’urgence et du coup on se refuse à penser ensemble. Et c’est un choix qu’on a à faire pour l’avenir parce qu’il y a de nombreux variants, il y a la grippe aviaire, tout c’est pas un phénomène lié au hasard. Malheureusement, je crains, compte tenu du réchauffement climatique, de la catastrophe environnementale en cours, qu’on ait à vivre avec des crises régulières. La question est, du coup : est-ce que par souci d’efficacité, il faut se débarrasser de la démocratie ? Ou est-ce qu’on pense qu’au contraire la démocratie sera un outil efficace pour sortir de la crise ? Il y a des décisions d’urgence à prendre, mais on ne peut pas seulement vivre en se demandant ce qu’on va faire la semaine prochaine. Il faut aussi qu’on sache comment on va vivre avec ça, ensemble, peut-être encore pour ce printemps, cet été, cet automne ?
Stratégie et Macronie : ça rime, c’est tout
Vous connaissez le point commun entre stratégie et Macronie ? Ca rime. C’est le seul point commun, sinon pour le reste, c’est un oxymore. Iln’y avait pas de pensée stratégique pour les tests. Il n’y en avait pas pour les masques. Il n’y en a pas pour les vaccines. Il n’y en a pas pour la crise, dans la durée. On est dans une espèce d’urgence permanente et il faut tout adapter en permanence du jour au lendemain. Quand vous pensez qu’à la mi-décembre on off, on dit aux salles de cinéma, aux théâtres et à tout le monde de la culture, c’est bon, vous allez rouvrir, et que deux jours plus tard, le président de la République, annule : comment on peut comprendre ça ? Et tout est géré de cette manière. Il faut se dire que malheureusement, cette crise est sans doute, je le crains, ce n’est pas que je le souhaite, mais ces crises pour des raisons environnementales et climatiques, on va avoir à vivre avec. Donc, il faut organiser la société.
Aucun expert en santé mentale
Je regrette une absence au sein du Conseil scientifique : il n’y aucun expert en santé mentale. Il n’y a pas un seul épidémiologiste de la santé mentale, pas un psychologue, pas un psychiatre. Or, aujourd’hui, quand on voit les statistiques : un tiers des jeunes se disent en dépression, la moitié sont inquiets pour leur santé mentale, 20% des Français sont en dépression. Je pense que la santé mentale doit être prise en compte en plus du reste.
Vaccin : le scandale Sanofi
Je souhaite un vaccin français, avec une technologie française. Pourquoi on ne l’a pas ? Parce qu’on a un outil en France pour le faire qui est Sanofi. Qu’a fait Sanofi depuis une décennie ? Sanofi a cassé son outil industriel. On avait 11 centres de recherche en France, à la fin de l’année il en restera 3. Sanofi a divisé par deux le nombre de ses chercheurs. C’est le premier scandale. On a cassé un outil industriel, on a cassé un outil sanitaire. Mais ça s’est fait avec la complaisance, avec la complicité du gouvernement depuis trois ans. Avec d’abord des fonds, on verse du Crédit impôt recherche à Sanofi qui détruit la recherche. On verse du Crédit d’impôt compétitivité emploi à Sanofi, qui détruit l’emploi. Mais avec aussi des mesures symboliques. Sanofi, qui est invité à occuper les salons de l’Elysée. Le président de Sanofi qui est fait Haut commandeur de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron.
On a laissé casser Sanofi. Pourquoi ? Parce que la Macronie etet Sanofi sont liés. Parce que Serge Weinberg, le président de Sanofi, est celui qui a fait rentrer Emmanuel Macron chez Rothschild en lui disant « Enrichissez-vous ». Cette complicité au sommet de l’Etat fait qu’il n’y a pas eu de regard sur la politique de Sanofi ces dernières années. Je vais demander une commission d’enquête à l’Assemblée nationale. Je vais demander qu’on sache pourquoi on n’a pas de vaccin français et pourquoi on a laissé casser le principal outil sanitaire de l’industrie pharmaceutique depuis une décennie dans ce pays.
Ouvrir le RSA aux 18-25 ans
C’est l’idéal pour personne de vivre avec les minima sociaux, le RSA c’est 580 euros. Maintenant, il faut voir quelle est la situation de la jeunesse. C’est un taux de pauvreté qui est quatre fois supérieur aux personnes âgées dans la durée, qui a encore augmenté avec la crise du Covid, qui a fait perdre des petits boulots aux jeunes, aux étudiants et ainsi de suite. J’ai déposé des amendements dans l’hémicycle à l’automne pour demander le RSA pour les jeunes.
Et je pense que c’est une question de principe. Comment ça se fait que la majorité politique est à 18 ans ? On peut voter. Comment ça se fait que la majorité pénale est à 18 ans ? On peut aller en prison. Mais que la majorité sociale n’est pas à 18 ans ? Et là, on ne peut pas toucher le minimum. Il y a une question de principe. C’est dans les temps de crise que la France peut se grandir. C’est après la guerre 39-45 qu’ont été mises en place les retraites qui ont permis de passer de la solidarité familiale à la solidarité sociale. Parce que quand on était vieux, on mourait dans la pauvreté ou aux crochets de ses enfants, dans les classes populaires. Qu’est-ce qui s’est passé en vingt ans grâce à cette mesure les retraites ? On a fait passer le taux de pauvreté, jusqu’alors supérieur chez les personnes âgées, en dessous du seuil de pauvreté, dans les années 1970. Et je pense qu’il faut avoir le même mouvement aujourd’hui. Il faut avoir le même mouvement : de passer d’une solidarité familiale, parce que dans nos familles, on peut avoir les moyens d’aider ses enfants et tout le monde le fait, passer de cette solidarité familiale à une solidarité sociale, à une solidarité nationale.
Trump banni d’internet
Twitter est une entreprise privée, mais il faut voir comme responsable politique, et je le regrette, si vous n’êtes pas sur Facebookn si vous n’êtes pas sur Twitter, vous n’existez pas. Donc les Gafa nous avons une dépendance à l’égard des Gafe, une dépendance démocratique. C’est ainsi que se passe la vie politique et je le regrette, je le déplore. Et même lorsqu’on n’est une entreprise privée, on ne fait pas ce qu’on veut, il y a des règles qui se posent, sur les 35 heures, sur les règles d’hygiène et ainsi de suite. On n’est pas non plus dans la situation d’un média, mais d’un réseau. Même si l’eau est délégué à Véolia, Veolia ne peut pas décider d’un seul coup de venir vous couper l’eau, de venir vous couper le gaz, de vous venir vous couper l’électricité. Et c’est ce qui se passe avec Twitter et compagnie. Ce ne sont pas simplement des médias. Ce sont des réseaux et d’un seul coup, ils décident de couper. Je n’ai aucune sympathie pour Donald Trump. Je ne me suis jamais prétendu son ami, contrairement à Emmanuel Macron, à ses relations avec Trump qui ont dépassé le cadre simplement de l’allié, de l’alliance avec les États-Unis à une relation personnelle d’amitié, puisque c’est ainsi qu’il l’a présenté. Je ne me suis jamais senti l’ami de Donald Trump. Je ne soutiens pas du tout sa tentative de coup d’État, mais en revanche, je pense que il faut faire attention pour l’avenir parce que si on laisse les coudées franches, ce sont les Gafa qui doivent réguler.
C’est le peuple, à travers sa justice, ses représentants de décider de fermer les comptes, de dire que Trump est devenu dangereux pour l’Amérique. Ça doit être une décision des représentants du peuple, mais ça ne peut pas être le privé qui décide de la mort numérique d’individus. Et je le pose comme principe, parce qu’on ne défend pas les libertés que nos amis qui en souffrent. On défend les libertés aussi quand ce sont nos adversaires, parce que un jour, ça finira par tous nous retomber dessus. Et sur les Gafa, ça a déjà commencé.