Au Rouvray, “misère de la psychiatrie et psychiatrie de la misère”

J’alerte Mme Buzyn, ministre de la santé sur la situation des hôpitaux psychiatriques en France, et en particulier celui de Rouvray à Rouen.

Depuis une semaine, six soignants de Rouvray sont en grève de la faim. Nous avons joint le délégué CFDT, Jean-Yves Herment, par téléphone :

“Nous sommes obligés de faire dormir des patients dans des lits de camp, de les installer dans les couloirs, dans des bureaux. Des jeunes ados, de douze ans, se retrouvent dans des services adultes, faute de place. Mais ça n’est pas le pire. Le pire, c’est que j’en ai marre d’enfermer des gens parce qu’on manque de personnel. On met des malades en chambre d’isolement, pas pour des raisons médicales, pas pour leur apporter un soin, mais juste pour des raisons administratives, par manque de temps. On ne soigne plus, on enferme, et je n’ai pas choisi ce métier pour ça.

Depuis le 22 mars, on a tout essayé, mais ni la direction, ni l’Agence Régionale de Santé, n’ont répondu à nos demandes. C’est le mépris. Alors, ça a suscité une telle colère, on s’est dit: ‘Il ne nous reste plus que ça, la grève de la faim, nous mettre en danger.”

À Amiens, à l’hôpital Philippe Pinel, la situation, pourtant déjà critique, s’est encore dégradée : deux psychiatres viennent de démissionner, laissant les services médicalement exsangues. Près de quarante postes sont aujourd’hui vacants. Et les mêmes causes produisent (à peu près) les mêmes effets : « Par manque de places, des patients doivent parfois dormir en chambre d’isolement, en contradiction avec tous les protocoles.».

Pourtant, cette pratique est censée être interdite par l’article L.3222-5-1 du code de santé : « L’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours. Il ne peut y être procédé que pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision d’un psychiatre, prise pour une durée limitée. »

 

« Misère de la psychiatrie, psychiatrie de la misère », dit-on. Ce chiasme est plus valable que jamais, après une décennies de budgets, pas seulement gelés, mais diminués. Alors, après tant d’alarmes, quand Madame la ministre décidera-t-elle d’un plan de financement dans la psychiatrie ?

Pour me soutenir... faites un don !

C’est pas pour moi, personnellement : vous le savez, je ne garde que le SMIC, mais pour continuer d’organiser des événements, de publier tracts et affiches et et d’organiser toutes les bonnes volontés !