« Je veux que l’État montre l’exemple et que désormais, dans l’État, les personnels d’entretien de l’administration qui le souhaitent puissent travailler aux mêmes horaires que tout le monde, aux horaires de bureau. » Vous avez fait cette belle déclaration, ce mardi 30 janvier, lors de votre discours de politique générale.
Mais est-ce par ignorance ou par cynisme ? Votre bonne intention rate le coche.
Les personnels d’entretien dans l’administration publique, employés par l’administration publique, n’existent quasiment plus. Et vous ne prononcez pas le mot qu’il faudrait, que l’on voudrait entendre : sous-traitance.
Aujourd’hui, à l’Assemblée, mais comme les hôpitaux, les commissariats, les musées, les gares, vos ministères sans doute, le ménage est sous-traité. Il est délégué à des sociétés extérieures, dont les salariés sont sous-payés, avec des temps partiels contraints et des horaires, comme vous le signalez, « hors journée ».
Au cœur de la crise Covid, le président de la République avait déclaré : « Il faudra se rappeler que le pays tout entier repose aujourd’hui sur ces femmes et ces hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. » J’avais profité de cette épiphanie : dès mai 2020, je rendais un rapport, j’émettais une proposition de loi : « Femmes de ménage : encadrer la sous-traitance, faire cesser la maltraitance ». Avec deux mesures clés : majorer de 50 % les heures effectuées entre 18 heures le soir et 9 heures du matin, afin d’inciter à passer en journée. Et « garantir l’égalité salariale et l’égalité de traitement » entre les salariés du sous-traitant et ceux du donneur d’ordre (même salaire minimum, même treizième mois, etc.) Tout fut refusé par votre majorité, ma proposition vidée.
Depuis sept ans, votre majorité n’a rien fait. Ni sur les horaires, ni sur les salaires, ni sur la sous-traitance. Quand des femmes de ménage, à la centrale nucléaire de Civaux, à l’hôpital de Valenciennes ou de Montpellier, se sont relevées, mises en grève, vous, le président, les ministres du travail successifs, n’avez apporté aucun soutien.
Alors, Monsieur le Premier ministre, est-ce encore une annonce bidon ?
Ou allez-vous donner l’ordre à vos administrations de réintégrer les agents d’entretien ?
Ou leur demanderez-vous de revoir tous les cahiers des charges, pour revoir salaires et horaires ?
Sans cela, en l’état, vos petites phrases ne sont que du vent.
Et du vent sur des salariées qui vont mal.