Métiers du lien : temps plus que complet… et salaire partiel !

Martine, auxiliaire de vie sociale à côté D’Abbeville, dès 8h est chez une personne âgée pour la lever, la toiletter en 30 minutes, et enchaîner ça 4 fois ce matin, puis 4 fois ce soir : un temps très complet... pour un salaire très partiel !

Pourquoi une mission d’information sur les « métiers du lien » ?

Je sais pourquoi je suis là, je suis là parce qu’en ce moment Martine, à Abbeville est en train d’ouvrir les volets de chez Madame Galand, elle est en train de lui faire à manger rapidement, elle est en train de la lever, de se presser pour faire ça voilà. Une personne âgée. En tant qu’auxiliaire de vie sociale, elle va en faire quatre dans la matinée. Elle va avoir une grande coupure, elle va faire des petits repas le midi, elle va ravoir une grande coupure, elle va y retourner le soir. Donc elle travaille de 8h à 21h comme amplitude horaire. Donc à la fin c’est pas un temps partiel mais c’est un salaire partiel puisqu’elle ne va toucher que 800 euros.

Auxiliaires de vie sociale, un métier pénible ?

Le taux d’accidents est deux fois supérieur dans ces métiers-là que dans les métiers du bâtiment. Parce qu’on se brise le dos à lever les patients notamment, par exemple. On termine avec les épaules en miettes, avec les reins en miettes tout ça. Maintenant, il s’agit pas de chercher quel est le métier le plus pénible. C’est de se dire que là on a des métiers dont l’utilité est évidente du berceau jusqu’à la mort. Puisque les quatre métiers qu’on a choisis c’est : assistante maternelle, animatrice périscolaire, accompagnante d’enfants en situation de handicap et auxiliaire de vie sociale notamment pour les personnes âgées. Donc ça va vraiment du bébé à la personne âgée. Ces métiers-là sont aujourd’hui sans statut et sans revenu dans la société. Alors que ce sont des métiers essentiels au fonctionnement. La crise du Covid l’a prouvé mais même en dehors de la crise du Covid c’est quelque chose qu’on sent. Donc pour moi, c’est vrai que c’est le reflet d’un mépris pour les liens dans la société. C’est à dire, aujourd’hui on a les biens qui sont hyper valorisés, juste avant à l’antenne on avait une publicité pour l’automobile, en revanche la valorisation des liens, elle n’existe pas. Et ça se traduit par les métiers qui sont centrés là-dessus et qui sont dévalorisés, qui ont des contraintes horaires de dingue.

Des métiers à 80% féminin

A partir du moment où il y a plus de 80% on peut quand même les mettre au féminin. Et je pense que c’est l’une des explications de leur dévalorisation. C’est-à-dire qu’au fond, le raisonnement, l’inconscient de la société c’est que pendant des siècles elles ont fait ça gratuitement à la maison : s’occuper des enfants, des malades, des personnes âgées… Bon maintenant on va les payer un peu pour le faire , elles ne vont pas nous embêter. Voilà ce qui traîne dans la société. C’est de ça dont il s’agit de sortir.

Toucheront-elles la prime Covid ?

Pour les auxiliaires de vie sociale ça va dépendre des départements, pour les assistantes maternelles, pour l’instant elles ne sont pas incluses dans ça. Donc en fait ça traduit quelque chose. C’est que pour les AVS qui dépendent des départements, il va y avoir cent politiques différentes pour cent départements. Ca veut dire une rémunération différente, une organisation du travail et tout ça qui va être complètement disparate sur tout le territoire. Je suis pour un service public national de ces métiers. Je ne suis pas en train de vous dire qu’il faut fonctionnariser tout le monde. On n’a pas mis ça sur la mission, en proposition de loi non plus. Je ne dis pas ça. Je dis qu’il faut qu’il y ait une homogénéisation de ces métiers au niveau national. Il faut qu’il y ait une organisation : les horaires, les salaires, les statuts, les qualifications , les formations… On ne peut pas avoir cent politiques différentes pour cent départements, et encore pour les animatrices périscolaires c’est encore pire puisque c’est une politique différente par commune.

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