France Bleu Picardie ne doit pas parler depuis Paris !

François Ruffin interroge la Ministre de la Culture : France Bleu Picardie, et d’ailleurs, va-t-il parler depuis Paris ?

« France Bleu Picardie va devenir ICI Picardie. La décision est prise, on ne va pas se battre là-dessus. En revanche, ce qui nous inquiète, c’est ce que ça va changer dans le contenu. » 

Au-delà du changement de nom, les craintes des salariés et de tous les amis, auditeurs, de France Bleu Picardie sont fortes.

En effet : François Hollande a rayé, vous le savez, la Picardie de la carte en une nuit, pour fusionner avec le Nord-Pas-de-Calais, et nous sommes devenus « le versant sud des Hauts-de-France » ! C’est une atteinte, depuis Paris, à une identité qui existe depuis le Moyen-Âge, et même avant. Mais dans la foulée, les Picards ont perdu les sièges du Conseil régional, de l’ARS, de la Drac, de l’INSEE, de France Travail, les directions de la SNCF et de La Poste… C’est la République qui  s’est éloignée vers Lille.

D’où notre attachement, puissant, à ce qu’il reste de Picardie : France 3 Picardie, le rectorat qui demeure ici, le ficelle qui demeure picarde (et n’est pas devenue la ficelle versant sud des Hauts-de-France), les cathédrales, la Baie de Somme, les hortillonnages, qui, ouf, ne seront pas délocalisés… et France Bleu Picardie.

Cette radio appartient un peu à notre patrimoine.

Or, voici qu’en conservant l’étiquette, on nous concocterait des flash infos enregistrés à Paris pour remplacer l’info locale : « Les matinales vont être remodelées entièrement, avec l’info locale uniquement aux heures rondes, la suppression des journaux de 6h30, 7h30, 8h30, remplacés par des flash de 2 minutes montés à Paris. C’est un gros coup porté à l’info locale. »

Enfin, toutes les études en témoignent : pourquoi, en France, les salariés vont-ils mal ? Parce que, dans les firmes comme dans les services publics, on transforme leur métier sans eux. On ne les écoute pas sur leur travail, on ne les informe qu’au compte-gouttes, et les changements s’opèrent sans eux, voire contre eux. C’est également le ressenti ici, à France Bleu Piacardie : « C’est un énième retour en arrière sans qu’on soit consultés. Ce sera à nous de nous organiser pour trouver comment occuper les cases laissées vides. Et sans moyen supplémentaire. Avec seulement deux reporters pour toute la semaine, c’est insuffisant. » Avec pour conséquences, dans bien des entreprises, une perte de sens, une augmentation des cadences, plus de mal-être au travail, plus de burn-out, plus de défiance.

Madame la Ministre, vous l’avez dit : « Chacun sait que j’aime me battre. » C’est fort bien. Aussi, allez-vous vous battre pour que « Ici Picardie » ne devienne pas « Là-bas Paris » ?

Partager :
Pour me soutenir... faites un don !

C’est pas pour moi, personnellement : vous le savez, je ne garde que le SMIC de mes indemnités parlementaires, mais pour continuer d’organiser des événements, de publier tracts et affiches, de mener la bataille des retraites et les suivantes !