Il y a toute une zone de la société qui est invisibilisée : ce sont les assistantes maternelles, ce sont les aides aux enfants handicapés dans les écoles, ce sont les auxiliaires de vie sociale qui s’occupent des personnes âges, ce sont les femmes de ménages. Et comme par hasard ce sont des métiers qui sont à plus de 80% féminins.
Pendant des siècles ont s’est habitué à ce que les femmes travaillent gratuitement à la maison. Maintenant on s’habitue à ce qu’elles fassent un travail peu payé et précaire à l’extérieur de la maison. Ce sont pourtant les emplois les plus précieux. C’est précieux : c’est du lien. Le lien entre les gens : qu’est-ce qu’il y a de plus précieux que ça pour tenir ensemble une société ? Voilà des métiers qui sont méprisés, avec les conditions dans lesquelles on les fait travailler. Des femmes qui ne vont même pas vivre au-dessus du seuil de pauvreté ? Alors qu’elles ont des amplitudes horaires énormes. Qui vont ouvrir les volets le matin à 8h et en allant les fermer à 8h du soir ?
Ce que je peux faire ? L’un de mes apports c’est que j’ai été enquêteur. Ces femmes, ces dames, je les connais, je les ai rencontrées. Je sais où elles travaillent. Je sais comment elles travaillent. On les a suivies. J’en ai fait des papiers dans mon journal.
La deuxième chose que je dois faire : c’est mûrir un projet. Aujourd’hui on n’a pas le pouvoir. Mais peut-être que demain ce seront des gens de notre bord qui auront le pouvoir. Je dois venir en disant que non seulement ce n’est pas normal la façon dont ces femmes travaillent mais nous allons mûrir une proposition. C’est celle d’un service public national de la dépendance. Un grand service public où ça ne soient pas des petits contrats mais où on construit un statut pour les personnes qui s’occupent des handicapés, pour les personnes qui s’occupent des enfants en bas âge et pour celles qui s’occupent des personnes âgées.