Office Depot : les fonds vautours pillent toujours

Mais que fait Bercy ? Les dirigeants d'Office Depot ont annoncé aux salariés qu'ils ne passeraient pas l'été. Ceux-là qui se sont payés 2362565 euros en 2017. 41 années de Smic. Les fonds vautour pillent toujours...

M. François Ruffin alerte M. Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, sur le pillage de Office Depot France.

Des salariés de Office Depot et leur avocate viennent de m’alerter : ce groupe, de 61 boutiques et 1871 salariés en France, est depuis deux ans entre les mains du fonds d’investissement allemand Aurelius. Mais en l’occurrence, d’investissements, ce fonds n’en a réalisé aucun. Au contraire même. Aurelius a désinvesti, a fait remonter 100 millions d’euros des caisses de Office Depot vers la maison mère, via des sociétés écrans, aux Pays-Bas notamment.

Les dirigeants de Office Depot France ont annoncé aux salariés que l’entreprise ne passerait pas l’été. Ces mêmes dirigeants qui, à eux quatre, se sont payés 2 362 565 € en 2017. Soit 41 années de Smic pour chacun d’entre eux. Les actionnaires de Aurelius ne se sont pas serrés la ceinture, eux non plus. Entre 2016 et 2018, leurs dividendes ont bondi de 85% !

La faillite de Office Depot France relève d’une stratégie délibérée de Aurelius. Ce fonds est passé maître dans l’art de la liquidation d’entreprise : 60% des sociétés qui ont été entre ses mains ont coulé. A chaque fois, la recette est la même : Aurelius siphonne la trésorerie en faisant exploser les « managements fees », puis revend à la découpe les actifs.

Trois entreprises françaises figurent déjà au tableau de chasse de Aurelius :

  • Prisme Imprimerie, liquidée en 2018. 70 salariés.
  • Isochem, dans la chimie pharmaceutique, liquidée en 2017. 300 salariés.
  • Quelle La Source, dans la vente de vêtements, liquidée en 2010. 508 salariés. 

« Aurelius n’a pas joué normalement son rôle d’actionnaire quasi unique de la société Quelle La Source mais, au contraire, a privilégié uniquement son intérêt propre, […] a appréhendé la trésorerie du groupe pour se l’approprier en abandonnant totalement la société, ses filiales, ses salariés ». Il ne s’agit pas là d’un tract distribué par la CGT. Ce sont les mots du jugement n°2010-11170 rendu par le Tribunal de Commerce d’Orléans, qui tranchent avec le vocabulaire d’habitude si ouaté des juges.

Les salariés de Office Depot ont déposé une plainte pour abus de bien social. En avril, ils sont allés à Francfort pour manifester devant la bourse, où Aurelius est coté. Enfin, ils sont évidemment allés chez vous, à Bercy, pour alerter Jean-Pierre Floris, votre délégué interministériel aux restructurations d’entreprise. Et qu’a-t-il fait, et vous avec ? Rien. Pour le moment, l’Etat n’a pas bougé d’un pouce. Attendez-vous que le désastre soit consommé pour enfin réagir ?

Après New Look, Conforama, Ascoval, General Electric… Et désormais Office Depot ? L’Etat doit empêcher le business macabre de Aurelius, doit intervenir pour que les fonds vautours ne pillent pas toujours.

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