Mine d’or de Salsigne : allez-vous enfin jouer le jeu de la transparence ?

Francois Ruffin interpelle M. le Ministre de la Transition écologique et solidaire, à propos de l’ancienne mine d’or de Salsigne : face aux terres pourries et aux eaux polluées, comptez-vous faire payer les actionnaires australiens ? En tirez-vous des leçons pour la "Montagne d'or" de Guyane ?

Lors d’un déplacement dans l’Aude, j’ai rencontré Max Brail : maire de la commune de Lastours, ancien de la mine lui-même, et surtout, c’est un lanceur d’alerte.

« A partir du moment où les actionnaires australiens ont pris le contrôle de l’entreprise, en 1989, nous avons utilisé un nouveau procédé, par cyanuration, pour extraire l’or des minerais. J’ai dénoncé les pollutions à un journaliste local. Le lendemain, j’étais licencié. »

Durant plus d’un siècle d’exploitation, jusqu’en 2004, la mine de Salsigne aura produit environ deux cents tonnes d’or : l’équivalent, en volume, d’une cuisine, pas plus. En revanche, elle aura créé douze millions de tonnes de déchets, 60 000 fois plus, des montagnes entières !

« Cette colline devant nous, ce sont des matières issues de la mine, elle est chargée en arsenic. Quand il pleut, l’eau ruisselle vers la rivière, je ne vous conseille pas de la boire. C’est une pollution perfide: on doit savoir, connaître les différents polluants, où ils partent, avoir une véritable transparence. Ca n’est toujours pas le cas.»

Il aura fallu un grand combat des associations locales pour obtenir les rapports classés du BRGM, le bureau de l’État en charge des sols. Ceux-ci expliquent clairement le lien entre pollutions des rivières et le stockage des polluants de la mine.

Des analyses commanditées par les associations le montrent, un peu partout : la « terre est inapte pour un jardin familial ». Vingt-cinq ans après les premières alertes, il n’y a toujours pas de clarté de la part de l’État.

« Cette terre ne nous appartient pas, nous la transmettrons à nos enfants, mais il faut leur dire ce qu’il y a en dessous ».

Dernier épisode en date, Max Brail a découvert que le sol de la cour d’école de Lastours était contaminé aux métaux lourds suite aux inondations d’octobre 2018 : vos services n’ont pas mené les travaux nécessaires pour le dire, et à l’alarme du maire, ils lui suggèrent les sites en mesure d’accueillir les déchets. Mais c’est à la commune de financer les travaux d’enlèvements.

Dans un reportage d’Envoyé Spécial, en 2013, François Barthélémy, alors en charge du dossier au ministère, déclarait face caméra : « Le souci majeur de l’Etat était de maintenir l’emploi jusqu’au dernier moment ». Max Brail résume la situation : « Ici, ce n’est pas le principe ‘‘pollueur-payeur’’, c’est le principe ‘‘pollueur-décoré, contribuable-payeur’’ ».

D’où nos trois questions, Monsieur le ministre :
1 – Comptez-vous procéder à toutes les analyses, et les rendre publiques, que les habitants de la Région disposent au moins d’un état des lieux : les rivières à l’eau imbuvable, les coin à la terre incultivable ?
2 – Allez-vous vous retourner contre l’actionnaire australien, et lui faire payer la note de ces dégâts environnementaux, plutôt que le citoyen ?
3 – Tirez des leçons de cette méga-pollution pour la “Montagne d’or” en Guyane, ou allons-nous reproduire les mêmes erreurs en pire, pour le profit de quelques-uns ?

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