Impôts : vers le « zéro humain » ?

Aujourd'hui les centres d'accueil au public d'Engie sont fermés, les lignes téléphoniques délocalisées au Maroc ou à Madagascar. Au nom du numérique et de la modernité les services publics des impôts suivront-ils la même voie ?

François Ruffin interpelle le Ministre Gérald Darmanin sur le chemin du « zéro humain » en cours aux impôts et la désertion des zones rurales

Rue, Crécy-en-Ponthieu, Saint-Valery-sur-Somme, Ault, Gamaches, Flixecourt, Hallencourt, Oisemont, Moreuil, Péronne, Ham, Roye, Rosières-en-Santerre, Corbie, Acheux-en-Amiénois…

Voilà des bourgs où les habitants venaient régler leurs impôts, leurs factures (d’eau, de cantine scolaire, de centre de loisirs, de crèche, de salle des fêtes, d’hôpital ou tout simplement leurs impôts), demander des étalements pour échapper aux frais bancaires, signaler des problèmes…

Dans chacune de ces communes, la trésorerie doit fermer. Mais comment traduisez-vous cette politique ? Par un « fort renforcement de la présence des services publics dans les territoires où le sentiment d’abandon de l’État se développe ». Chapeau ! Vous êtes le champion des sophismes.

Dans ce numéro de prestidigitateur, vous poursuivez : ces trésoreries seront remplacées par des maisons d’accueil. Qu’importe si aucun agent des finances publiques ne sera présent et si, semble-t-il, les citoyens pourraient être accueillis par des stagiaires, services civiques ou employés de la Poste. Qu’importe si ces personnels sont ignorants des questions fiscales ou du code général des impôts.

D’après les cadres de la DGFiP, les contribuables pourraient avoir à prendre rendez-vous, et n’auront droit qu’à une vidéoconférence avec un agent compétent. C’est en fait une désertion qui se dessine et je redoute que les impôts suivent la même pente, inhumaine au sens propre du terme, « sans humain », que par exemple a suivi le gaz. Il y a trente ans encore, les abonnés à GDF qui rencontraient des difficultés avec leurs factures pouvaient être accueillis à Amiens, Abbeville, Albert… Aujourd’hui, il n’existe plus aucun interlocuteur en chair et en os, les services téléphoniques d’Engie eux-mêmes sont délocalisés, et c’est en passant par le Maroc ou Madagascar, en passant par des étoiles et des dièses sur leur clavier que les usagers s’enfoncent dans la désespérance, tel le Daniel Blake de Ken Loach.

Au nom du numérique et de la modernisation, entraînez-vous tous les services publics vers la même inhumanité ?

Question écrite rédigée par mon collab’ Angelo, relue et validée par moi.

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